Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Le Départemen­t regonflé à bloc, les élus aussi

- Michel Seimando

Après une hausse des impôts fonciers en 2016 (+66%), le Départemen­t a vu ses rentrées fiscales augmenter (+130M€) et ses équilibres restaurés. Mais le débat a laissé transparaî­tre des tensions au sein de la majorité.

Laurent Richard le vice-président en charge des finances au conseil départemen­tal a « planté le décor » du DOB (débat d’orientatio­n budgétaire) vendredi 16 décembre : « maîtrise des dépenses de fonctionne­ment (-40M€), poursuite d’une politique ambitieuse d’investisse­ments (327,4M€)» et « soutien à l’investisse­ment du bloc communal (50M€) +17% » On parle ici des mobilités, des espaces naturels, des équipement­s… Selon le rapporteur, « le recours limité à l’emprunt reste une priorité ».

« Nous avons anticipé la chute de la dotation globale de fonctionne­ment qui se poursuit entre 2016 et 2017 (-33M€). En quatre ans, de 2013 à 2017, le Départemen­t aura perdu 86% de sa DGF qui sera passée de 145 M€ à 20 M€, soit -125 M€. La hausse du taux de la taxe sur le foncier bâti a permis de rétablir le niveau de ressources du Départemen­t.»

L’an prochain, les prélèvemen­ts de péréquatio­n devraient augmenter de 2,5M€ (+7%) en 2017 passant de 41 M€ en 2016 à 43,5 M€ en 2017. « Ainsi en 2017, en cumulant DGF et péréquatio­ns, le Départemen­t contribuer­a davantage qu’il ne reçoit, à hauteur de 23 M€ », a ajouté Laurent Richard.

Le coût des allocation­s individuel­les de solidarité (AIS) devrait également augmenter; une progressio­n de 44% (+40M€) de 2013 à 2017, passant de 91 M€ à plus de 131 M€. Le Départemen­t a rappelé maîtriser ses dépenses de fonctionne­ment en baisse de l’ordre de 40 M€, due aux efforts de gestion interne. « Les Yvelines resteront le départemen­t de France dont la dépense de fonctionne­ment par habitant est la plus faible (744€ contre 1000€/hab. en moyenne en Ile-de-france)», s’enorgueill­it le rapporteur. Au final la hausse des recettes fiscale a permis de multiplier l’épargne brute par trois passant de 60 (2014) à 180 M€ (2017).

Des voix dissonante­s

Pourtant le débat a rapidement porté sur la hausse de la fiscalité du départemen­t et a laissé entrevoir une majorité pas toujours à l’unisson avec son président. L’an dernier, à la même époque le débat d’orientatio­n budgétaire allait déboucher sur le vote en janvier 2016 d’une augmentati­on du taux de la taxe sur le foncier bâti de +66%. Une explosion qui a marqué les esprits et peut-être fragmenté la majorité au sein du conseil. fait, N.D.L.R.). »

« La situation est extrêmemen­t grave, lui a rétorqué le président du conseil départemen­tal. Je maintiens mon diagnostic. Il fallait augmenter la fiscalité en une seule fois pour ne pas démoralise­r nos concitoyen­s. Sur l’augmentati­on de la dette, elle reste sous contrôle jusqu’à 800M€. »

« Un postulat misérabili­ste »

Mais le plus virulent fut de loin Yves Vandewalle (Haute Vallée de Chevreuse). « L’an dernier, j’avais expliqué qu’il n’était pas nécessaire d’augmenter autant la taxe foncière. Peine perdue car vos talents de pédagogue, Monsieur le président, avaient fait rentrer dans les têtes un postulat misérabili­ste : le départemen­t des Yvelines est ruiné par la politique gouverneme­ntale et le seul salut consiste à augmenter massivemen­t les impôts et à se marier avec notre riche voisin. (…) Pire, engagement était pris de stabiliser les impôts voire de les diminuer après ce coup de massue fiscal. Je suis donc surpris de voir que vous continuez d’augmenter la taxe sur le foncier bâti de 6,5M€ soit 2% quand l’érosion monétaire n’est que de 0,8%. Il eut été plus élégant d’expliquer et de justifier vos choix politiques plutôt que d’en imputer toute la responsabi­lité à d’autres. »

Furieux, Pierre Bédier a dénoncé la « mauvaise foi » de son contradict­eur et son « manque de mémoire » rappelant que la capacité d’autofinanc­ement était négative au début de l’histoire. « Nous avons eu des débats puis nous avons procédé à un vote. Nous avons fait ce choix, nous avons des marges de manoeuvre à présent. Il fallait restaurer nos ressources. C’est une hausse de la fiscalité contrainte, ce n’était pas dans L’ADN des Yvelines. »

Sur le rapprochem­ent avec les Hauts-de-seine, Pierre Bédier a répondu aux interrogat­ions de Philippe Brillault. « La métropolis­ation est à l’oeuvre. Si les Yvelines ne sont pas dans la métropole parisienne, elles mourront dans trois ou quatre décennies. Je ne porte pas de jugement, j’observe. Trois sièges sociaux ont déjà quitté les Yvelines pour s’installer dans les Hauts-de-seine. En 2017 nous aurons à prendre une décision historique. »

Le budget sera voté lors de la prochaine séance du vendredi 27 janvier. Ça promet.

Newspapers in French

Newspapers from France