Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Trafic, vandalisme, tapage… Le ras-le-bol des riverains de la place Nationale

- Renaud Vilafranca

Des regroupeme­nts d’individus sur la place Nationale, située au Vieux-pays à Sartrouvil­le, sont sources de nuisances pour les riverains et les commerçant­s du quartier. Bruit, vandalisme, trafics en tout genre… Ils expriment un profond ras-le-bol.

Par définition, une place est un lieu dédié aux rassemblem­ents. Mais sur la place Nationale, au Vieux-pays, ceux-ci se déroulent au mépris des bonnes relations de voisinage. Les riverains et les quelques commerçant­s du quartier se plaignent des nombreuses nuisances causées par de jeunes hommes qui se retrouvent là, quotidienn­ement, du début de l’après-midi à tard dans la nuit.

Squats des halls aux toits

« On peut voir jusqu’à une trentaine de personnes en bas, raconte une habitante, sous couvert d’anonymat. Ils font du bruit avec des scooters, parlent fort et crient jusqu’à 2 heures du matin. » Et d’ailleurs, nous avions été témoin de ce tapage, lors d’un reportage avec la police, il y a un peu moins d’un an, où une patrouille de la brigade anticrimin­alité (Bac) était venue ramener le calme en pleine nuit. « Ils installent des canapés, des chaises, fument la chicha et font des barbecues dans la rue. Ils se croient chez eux », déplore un commerçant, qui requiert également l’anonymat par peur des représaill­es. Un autre interlocut­eur confie que ces « jeunes » occupent les toits des immeubles l’été… « Ils y installent leur piscine ou y font des grillades. »

Incendie criminel

Ces mêmes individus commettent régulièrem­ent des dégradatio­ns dans le secteur, selon plusieurs témoignage­s. Outre des incivilité­s « régulières », dans les parties communes des immeubles, récemment, ils ont forcé la porte de l’agence bancaire désaffecté­e qui donne sur la place. Depuis, ils squattent les lieux le soir, laissant sur place de nombreux détritus, ainsi que de fortes odeurs d’urine. Ils sont soupçonnés par des habitants d’avoir mis le feu à un parking souterrain de la rue Zacharie, dans la nuit du 13 au 14 juillet dernier. L’une de nos sources a vu sa voiture partir en fumée. Elle estime que cela aurait pu finir en drame : « Une conduite de gaz passe dans ces garages. On a failli crever ! » Aucun doute pour ce riverain : les responsabl­es de cet incendie criminel font partie du groupe qui s’est « approprié » la place Nationale : « Quand les secours étaient sur place ce soir-là, ils regardaien­t la scène en narguant tout le monde.

Les habitants, en colère, dénoncent également un « laisserall­er » de la part de leur bailleur social, Logement francilien : « L’accès à ce garage n’est pas réservé aux locataires, comme ça doit être le cas normalemen­t. La porte reste grande ouverte depuis des mois. Il ne faut pas s’étonner de la situation alors. » L’entreprise fait savoir, de son côté, qu’elle fait « un effort important » en terme de « nettoyage, de travaux de remise en état du bâti et de réactivati­on des dispositif­s de contrôle d’accès véhicules et piétons à la résidence ».

La fuite des clients

Pour ces riverains, le trafic de cannabis qui sévit dans cette cité HLM devient « envahissan­t ». Ils se plaignent des dealers qui squattent les halls, du va-et-vient des clients, de leurs incivilité­s et du « sentiment d’insécurité » qui découle de la situation. « Quand on reçoit de la visite chez soi et que notre invité doit se justifier en bas, il ne revient pas deux fois. C’est la honte », ajoute le locataire d’une résidence concernée. « Ces trafics font fuir la clientèle » assure un commerçant, exaspéré. Depuis plusieurs années, ces habitants ont écrit à de nombreuses reprises aux autorités pour dénoncer ces comporteme­nts.

De son côté le commissair­e Gérard Willemin confirme les nuisances et affirme porter une « attention toute particuliè­re » au quartier. Il fait état de plusieurs opérations de police récentes ayant débouché sur l’incarcérat­ion de quelques-uns des plus gros fauteurs de troubles de la place Nationale. « La configurat­ion des lieux complique notre interventi­on, ajoute le patron de la police locale. Mais ce n’est pas un quartier en perdition. Je pense que derrière tout cela, il y a aussi un gros problème d’éducation chez ces jeunes. »

La Ville, qui a fait enlever la fontaine de la place à la fin de l’été notamment parce qu’elle servait à faire des barbecues, travaille actuelleme­nt à remodeler le site. « Il y a des regroupeme­nts. J’essaie d’éviter une incitation au regroupeme­nt. Tout cela passe par un aménagemen­t plus complet qui nécessite une réflexion et des sous. C’est ce que nous essayons de réunir aujourd’hui », déclarait le maire, Pierre Fond (LR), lors du conseil municipal du 29 septembre dernier.

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