Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

L’inventeur Christian Menard a mis au point un frein entièremen­t écologique

- Fabien Dézé

Avec une quarantain­e d’inventions à son actif, Christian Menard est une figure bien connue du paysage industriel. Sa dernière invention, un frein entièremen­t écologique, est enviée dans le monde entier.

Il aurait pu profiter tranquille­ment de sa retraite. Le cap des 70 ans passé depuis quelques années, Christian Menard est toujours sur le pont et ses inventions continuent de faire du bruit, lui qui en a déjà une quarantain­e à son actif dans des domaines variés. « Celle qui a le mieux marché, c’est sans doute l’allumage électroniq­ue dans les années 80 », confie le Villennois qui a débuté dans l’industrie en 1963.

Réduire les émissions de particules fines

Son dernier joujou, le FICAPE (Frein intégral collecteur anti-poussières et écologique), réalisé en collaborat­ion avec Alain Constans, un ingénieur arts et métiers à Montréal, est un frein qui permet à des véhicules de s’arrêter sans polluer l’environnem­ent. Forcément une bonne nouvelle pour la qualité de l’air quand on sait que les freins sont responsabl­es de 20 % de la pollution par particules fines qui est la cause de nombreux décès chaque année. « J’avais envie d’apporter ma contributi­on à l’écologie, explique-t-il modestemen­t. Le FEBS (full ecology breaking system) m’a demandé un an et demi d’études. Grâce à ce système, les poussières ne s’en vont plus dans la nature mais sont propulsées dans un réceptacle filtreur disposé à la partie inférieure du confinemen­t du frein. Dans sa version actuelle, le frein est activé par un actionneur hydrauliqu­e. C’est applicable à toutes les voitures, les camions, les métros… » Deux brevets déposés en mai et octobre 2016 protègent l’invention.

Christian Menard, qui a créé en 2015 la société Fiape Brake and Security, espère désormais commercial­iser son invention dans le monde entier. « 80 millions de voitures sont produites dans le monde par an soit 320 millions de freins, détaille-t-il. Je vise 0,01 % du marché en 2020 soit 32 000 freins, 0,1 % en 2021 soit 320 000 freins… » Christian Menard et la société québécoise Astéria-performanc­e dont il est l’un des trois associés ont noué des partenaria­ts avec des compagnies chinoises qui avaient besoin d’un frein surpuissan­t pour les poids lourds (ndlr : il peut arrêter des camions de une aubaine pour moi d’ici deux ou trois ans. Mais je ne fais pas ça pour l’argent. Si je gagne des millions, je ne saurai pas quoi en faire. Je ne vais pas acheter une Ferrari à mon âge. Par contre si ça marche avec les Chinois, cela peut créer de nombreux emplois comme l’allumage électroniq­ue à l’époque. »

« Je prends du plaisir »

Discret, cet ancien ingénieur pendant 30 ans chez Thomson, qui a aussi bossé pour l’écurie Ligier en Formule 1, ne tient pas à faire trop de bruit. « Pour vivre heureux, vivons cachés. Ce que j’aime, c’est la créativité. Bien sûr, il y a des hauts et des bas mais tant que je prends du plaisir, je continue. » Désireux de transmettr­e son savoirfair­e, il donne également des cours à des jeunes ingénieurs de l’estaca, une école basée à Montigny-le-bretonneux. « Ils ont pris mon frein comme sujet d’étude. Ils veulent l’adapter sur une Zoé. Peut-être qu’un jour je leur passerai le relais », conclut-il plein d’espoir.

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