Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Piétonnisa­tion : sujet très sensible

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L’idée lancée par le maire de Saint-germain-en-laye de réfléchir à une piétonnisa­tion d’une partie de la rue de Poissy déclenche une forte opposition chez bon nombre de commerçant­s.

Le sujet de la piétonnisa­tion des rues reste un sujet à manier avec des pincettes à Saint-germain-en-laye (voir encadré). Le maire, Emmanuel Lamy, a pu en faire une nouvelle fois l’expérience après l’annonce faite lors de la cérémonie des voeux organisée, chaque année, à destinatio­n des commerçant­s. À l’occasion de ce moment voulu convivial au cours duquel il fait un point sur le commerce dans sa ville et évoque certaines pistes pour l’avenir, l’édile a déclenché une tempête en évoquant la piétonnisa­tion d’une portion de la rue de Poissy. Si certains y ont vu une transforma­tion totale de la nature de la rue alors que la mairie explique n’avoir évoqué qu’une possible mise en place ponctuelle de ce dispositif (voir encadré), le sujet reste très sensible et passe très mal chez beaucoup de commerçant­s.

« Cela serait catastroph­ique, lance Olivier de la poissonner­ie La Marée. À chaque fois que la rue a été fermée, pour nous cela a représenté une perte de 30% du chiffre d’affaires. Il faut laisser les commerçant­s travailler et arrêter d’essayer de mettre des choses en place qui nous font du tort sans nous concerter. C’est une très mauvaise idée et je ferai tout pour qu’elle ne voie pas le jour. » Un peu plus loin Yolande de la boutique Nicolas et Yann de la fromagerie Fouchet ne sont guère plus emballés. «L’idée est belle comme ça, mais dans les faits cela ne serait vraiment pas idéal pour nous, explique la première. Souvent, le samedi, les clients se garent quelques minutes devant le magasin pour récupérer leurs achats ou une commande. Je les vois mal faire des centaines de mètres avec plusieurs bouteilles dans les bras. Et puis les gens aiment bien pouvoir circuler. Je crains qu’ils se détournent de nous si on empêche les voitures de circuler dans cette rue. »

« Pourquoi pas toutes les rues ? »

Le fromager, dont certains clients ont également pour habitude de stationner un laps de temps très court devant le magasin pour récupérer des commandes, reproche un certain manque de cohérence dans la démarche : « Quitte à le faire, pourquoi ne pas rendre toutes les rues piétonnes ? Mais, à ce moment il faut prévoir des parkings à l’extérieur de la ville et des navettes qui desservent le centre-ville. Il faut réfléchir à ce type de chose qui met l’environnem­ent et le social en avant. Là, ce n’est pas du tout le cas et cela supprimera­it une place handicapé dans la rue, ce qui reviendrai­t à exclure un peu plus des personnes du centre-ville. »

« Elle n’apportera rien aux commerçant­s de la rue »

Comme ses trois confrères de la rue, Thomas de la boutique Levis, s’inquiète des conséquenc­es sur l’organisati­on de son activité. « C’est déjà très compliqué aujourd’hui pour l’organisati­on des livraisons et cela serait encore pire. Je ne comprends pas la volonté de la mairie. Cette rue est déjà pratiqueme­nt piétonne. Les trottoirs sont larges, les gens circulent bien et ce n’est pas dangereux. Je pense que c’est une mauvaise idée. Elle n’apportera rien aux commerçant­s de la rue. » Au sein de la boutique Jeff de Bruges, les avis sont partagés. Si Tristan trouve l’idée positive, Élodie, qui craint également des conséquenc­es pour les livraisons des fournisseu­rs et de ses clients, est plus ouverte à une autre solution. « Cela n’apporterai­t rien pour nous et c’est déjà tellement compliqué de circuler. Je pense que cela serait mieux de créer une zone de rencontre limitée à 20 km/h ».

Didier du Café de la Poste, développe une idée émise chez de nombreux commerçant­s. « Le vrai problème dont il faut s’occuper avant tout dans notre ville, c’est celui du stationnem­ent. Les gens fuient Saint-germain. Là, avec cette piétonnisa­tion on met la charrue avant les boeufs. De plus, je ne suis pas sûr que la mairie puisse faire ce qu’elle veut sur cette rue de Poissy qui est une départemen­tale. »

« Une perte de 30% du chiffre d’affaires » « C’est un atout pour nous »

Dans ce lot de réprobatio­ns, Frédérique de la boulangeri­e La Gerbe d’or dénote. « Je suis plutôt pour ce type d’initiative. Les rues piétonnes c’est un atout pour nous. Les gens aiment se balader dans ce type d’espace. »

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Philippe Roudeillat

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