Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Faire revivre la Plage de Villennes
L’association Mainstenant de Paris se mobilise pour redonner une vie à l’île du Platais, zone privée et à l’abandon située sur la Seine, à la fois sur les communes de Villennes, Médan et Triel-sur-seine.
Le rendez-vous était donné à la frontière de Villennes-surseine et de Médan, sur les quais de Seine, au niveau d’un embarcadère. À bord d’une barque à moteur, trois membres de l’association Mainstenant sont venus me chercher pour me faire visiter leur île… Enfin leur est un bien grand mot, du moins celle dont ils sont tombés amoureux il y a de ça quelques mois grâce à Urbex, un site qui recense de nombreux lieux abandonnés.
La piscine à l’abandon depuis 15 ans
L’île du Platais n’est pas la plus connue des îles de la Seine dans les Yvelines. Longue d’1,7 kilomètre pour une superficie de 42 hectares, elle est à la recherche de sa splendeur passée. L’époque où la Plage de Villennes, un établissement balnéaire inauguré en 1935, attirait jusqu’à 10 000 personnes par jour. Si certaines personnes résident secrètement à Physiopolis, la piscine située à l’autre extrémité de l’île, en face de la maison d’émile Zola de Médan, elle est à l’abandon depuis bientôt quinze ans. Les feuilles ont trouvé refuge dans les 270 cabines et plus personne ne glisse sur l’immense toboggan. Les risques d’inondations, la pollution de la Seine et le succès d’aquaboulevard ont eu raison de ce petit coin de paradis où les Parisiens apprenaient à nager.
Les propriétaires actuels, lassés de lancer des projets qui n’aboutissent pas (le dernier en date, un spa balnéaire), n’excluent pas de vendre. C’est là qu’intervient l’association Mainstenant, fondée en septembre 2016 et dont le siège est à Paris. Elle est prête à s’investir. Parmi sa centaine de membres actifs, une dizaine vient régulièrement sur l’île. « Nous avons un projet ambitieux, explique Nicolas Voisin, le président de l’association Mainstenant. Nous sommes là pour travailler avec les gens et non pas pour conquérir. On peut créer un chantier d’insertion, développer la permaculture, faire venir les enfants des écoles… Chaque cabine pourrait être confiée à un artiste. Il y a un potentiel extraordinaire. »
« Rendre possible »
Pour réaliser ces projets, Nicolas Voisin, en contact avec les propriétaires des lieux, espère obtenir un bail d’occupation précaire. « On envisage également de faire une proposition pour racheter l’établissement, poursuit-il. Mais avec l’objectif de restituer les lieux dans 10 ou 20 ans maximum. » Car Mainstenant n’a pas pour ambition de s’installer, juste redonner vie et « habiter le chantier ».
Pour Mathieu Lavergne, l’un des neuf cofondateurs de Mainstenant, le but est de « trouver un équilibre entre le potentiel du lieu et le fait de rester en intelligence avec la nature. En gros, la question que l’on se pose est la suivante : tu es un lieu abandonné, qu’est-ce qu’on va faire de toi ? »
Contre la marchandisation, l’association veut porter un projet émancipateur et collectif. « On ne va rien inventer, juste rendre possible, poursuit Mathieu Lavergne. On veut pérenniser des lieux qu’on improvise. On arrive avec plein d’idées, d’envie mais on ne vient pas pour coloniser. » Reste désormais à convaincre les élus de l’utilité d’un tel projet. « On est plutôt optimistes car notre façon de voir les choses plaît », insiste Mathieu Lavergne.
Pour Michel Pons, le maire de Villennes, il n’y a aucune raison de s’opposer à un tel projet si le but recherché est bien « la conservation du site et la protection de l’environnement. C’est une île privée, destinée aux loisirs et pas aux résidences principales. Je ne suis pas contre le fait de travailler avec eux mais je n’ai eu aucun contact pour le moment », conclut-il.