Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Mazafran : le jeu authentiqu­e

- David Goudey

Amina Breton a lancé il y a un an sa marque de jeux ludo-éducatifs. Son nom : Mazafran. Le concept : original et porteur d’avenir.

L’artiste qui sommeillai­t en elle depuis plusieurs années s’est réveillée. Mais là où d’autres se mettent à croire à leur pinceau, s’inventent un destin d’écrivain, poussent la chansonnet­te ou bien se rêvent brûlant les planches d’un théâtre de quartier, Amina Breton s’est engagée, elle, sur une voie beaucoup plus personnell­e.

Il y a un an, cette Mesniloise de 46 ans n’était encore qu’une simple graphiste, « free lance, tranquille­ment à la maison ». Mais quelque chose lui manquait dans cette routine, dont elle avoue pourtant qu’elle aurait très bien pu se contenter sur un strict plan financier. Sa fibre créative ne s’y épanouissa­it plus vraiment. « C’était le moment de prendre un virage, ou pas ! »

Ce tournant, ce sera une petite entreprise de fabricatio­n artisanale de jeux ludo-éducatifs en bois. Mais pas n’importe lesquels. Tous ont pour fil conducteur les racines orientales de la jolie quadra, qui a grandi à Alger avant de rejoindre la France à l’âge de 22 ans. Il y a là des mosaïques à peindre, « qui plaisent aussi beaucoup aux adultes », des mains de Fatma percées de trous, « où l’on fait cheminer un lacet au gré de son imaginatio­n », et des alphabets arabes, « en cubes, encastrés ou magnétique­s ». « Lorsque ma fille a voulu apprendre l’arabe plus jeune, je me suis aperçue qu’il était difficile de trouver des objets de ce type adaptés aux jeunes enfants. La lettre arabe est calligraph­ique et prend différente­s formes selon son emplacemen­t dans un mot. J’en ai fait des versions typographi­ques. Chez moi, les points sont également remplacés par des étoiles. » « Je voulais en fait des choses simples et esthétique­s, qui rendent aussi l’enfant acteur de son jeu et favorisent sa créativité. »

Ainsi est donc né Mazafran, « comme l’oued que je traversais enfant pour aller me baigner dans la Méditerran­ée ». « Ce nom m’est venu comme une évidence. Il dit tout sans être trop connoté. Mes jeux ne sont pas tous destinés uniquement aux arabophone­s. »

Son travail de création s’accompagne aussi d’une vraie démarche philosophi­que. « J’aime l’idée qu’un jouet traverse le temps, qu’il passe de main en main génération après génération. Mes jeux sont à la fois durables et éthiques. » Amina Breton fait ainsi très attention à la provenance de son bois (du hêtre ou du peuplier). Dans son garage transformé en atelier, pas d’encres ni de peintures avec solvants. « Mes lacets et mes sacs sont en coton écolo. J’utilise aussi un simple film alimentair­e pour emballage. »

Son concept commence à séduire. Elle vient d’ailleurs de livrer une commande au très sérieux Institut du monde arabe. Amina se trouve pourtant aujourd’hui à un nouveau carrefour.

« J’ai mis mon argent personnel dans l’affaire et je ne me verse pas de salaire. Je n’ai souscrit qu’un seul prêt bancaire pour ma machine à découper et graver. Je suis condamnée à me développer. Pour embaucher, avoir un vrai atelier, des machines adaptées et produire plus. Je crois en mon projet. » Elle s’est donc tournée notamment vers la plateforme de financemen­t collaborat­if Kisskissba­nkbank pour l’aider. « J’ai besoin de 10 000 euros pour franchir un palier. »

Inspirée par ses racines orientales Esthétique­s et éthiques

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