Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Un Andrésien fait revivre quatre grandes figures apaches
Médecin généraliste, installé à Andrésy, Giovanni Del Franco est passionné par les Indiens d’amérique. Après avoir signé trois ouvrages sur des grandes figures apaches, il en publie un quatrième : Combats apaches : les Chiricahua de 1800 à 1934.
Dans quelles circonstances avez-vous découvert l’existence de ce quatrième Apache Chiricahua : Mangus ?
Je connaissais déjà son existence et il est notamment cité dans mes ouvrages précédents. Il fait partie de ces chefs négligés car assez peu influents, et surtout occultés par des personnages plus prééminents. Comme Naïche, il est le fils d’un important dirigeant apache : Mangas-coloradas, et est resté dans l’ombre de son père. Il ne guidait qu’un petit groupe de personnes. Cela explique son peu de notoriété.
Pourquoi ne pas lui avoir dédié un ouvrage comme pour les trois autres ?
J’ai voulu éviter de répéter des choses déjà dites sur les guerres apaches. Mangus a participé à l’ensemble des événements de 1863 (mort de son père) à la toute fin de la lutte chiricahua. Il m’aurait fallu reprendre les éléments historiques de mes livres précédents, cela aurait entraîné trop de répétitions. Dans son récit, je me suis d’ailleurs plus attaché à développer les éléments personnels de sa vie pour le distinguer des autres.
Quel est le lien entre Mangus et les trois autres : Chef Nana, Chato et Naïche ? En quoi se distingue-t-il par son caractère ou ses actions ?
Mangus était du même peuple que Chef Nana (les Chihenne, une branche des Apaches chiricahua). À la mort de Mangascoloradas, il était trop jeune pour lui succéder, et deux chefs, Victorio et Loco, en sont devenus les guides. Il est resté, au fil des années, proche de Chef Nana. À ce titre, il a combattu à ses côtés, puis, comme lui, avec Chato et Naïche. Il n’a jamais eu l’influence d’un Geronimo ou Naïche, mais les témoignages s’accordent à souligner son courage. Moins belliciste que les précédents, ce fut le dernier chef apache à se rendre, un mois et demi après Geronimo, dont il s’était écarté.
Vous avez compilé vos trois livres précédents pour composer ce dernier. Quelles ont été les principales difficultés rencontrées ?
J’ai choisi une division en chapitres chronologiques, dans lesquels interviennent successivement les points de vue de Chef Nana, Naïche, Chato et Mangus sur les événements. C’était un exercice littéraire qui m’a paru intéressant. À ma connaissance, peu d’ouvrages existent composés de cette façon. Il a fallu à la fois harmoniser les récits et leur garder leur caractère propre, à la fois éviter les redites tout en conservant des repères pour que le lecteur ne s’y perde pas.
Ce livre n’interfère-t-il pas avec les trois précédents ? Ne perdent-ils pas leur raison d’être ?
J’avoue que c’était ma crainte principale en l’écrivant. J’ai tenté d’éviter cet écueil en modifiant les récits précédents pour leur assurer une unité, je les ai allégés, parfois complétés. J’en ai, bien sûr, changé les chapitres, et les ai agrémentés de notes supplémentaires. Si bien que les quatre volumes peuvent se lire séparément. Et puis tous les lecteurs n’ont pas forcément envie de se plonger dans un livre de 469 pages ! Ils pourront ainsi choisir soit des récits plus brefs, concentrés sur un personnage, ou bien un ouvrage plus fourni.
Est-ce cette fois votre dernier volet sur les Apaches ? Quel sera le sujet de votre prochain ouvrage ?
Le dernier ? J’avais déjà dit cela pour mon livre sur Naïche… Puis, j’ai croisé un ami des Apaches, ayant vécu parmi eux. Il m’a convaincu d’écrire un quatrième volume car quatre est leur chiffre sacré. Il reste d’autres Chiricahua méconnus, dont Juh, un chef particulièrement puissant. Mais il existe déjà une biographie de lui, contrairement à ceux dont je parle. Je pense donc que ce sera le dernier de ce type. Si j’écris à nouveau sur les Apaches, ce sera sur un mode complètement différent. J’évoque dans ce livre le mystère des Apaches de la Sierra Madre, au Mexique, qui ont effectué des raids jusque dans les années 1930. C’est une histoire assez mystérieuse sur laquelle j’effectue encore des recherches. Je travaille d’autre part sur un sujet totalement différent puisqu’il s’agit de l’histoire de France : une étude du roi Charles VI (qui a été l’objet de ma thèse).