Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

De Milou à Elvïa, le drôle d’univers musical d’une Conflanais­e

Arrivée dans la capitale de la Batellerie il y a cinq ans, la chanteuse Milou Leïz prépare actuelleme­nt la sortie de son deuxième EP qui sortira au printemps. Différent du premier, il marquera la naissance d’elvïa et de son univers fantastiqu­e.

- Fabien Dézé

Elle se prénomme Emilie, mais on l’appelle plus souvent Milou, son surnom, et bientôt Elvïa, sa nouvelle création artistique. Une seule entité qui se partage plusieurs figures. « Je m’appelle Émilie car mon père a eu un coup de coeur pour Émilie Jolie et ma mère aimait Emily Brontë, raconte-t-elle. Elvïa, c’est venu comme ça, c’est le nom de mon âme. C’est la meilleure version de moimême. Milou a tracé la ligne entre les deux. Aujourd’hui Elvïa s’immisce dans Milou pour exprimer sa créativité. »

Des hauts et des bas

Surtout connue sous le nom de Milou Leïz, la chanteuse conflanais­e a déjà vécu de nombreuses vies. Avant de se poser à Conflans fin 2011, elle avait déménagé 35 fois. Et si elle chante depuis toute petite, la vie n’a pas toujours été un long fleuve tranquille pour celle qui a parfois été comparée à Edith Piaf. « Lors de mon adolescenc­e, j’étais en échec scolaire. J’ai arrêté l’école à 16 ans. J’ai travaillé pendant trois ans dans la haute couture pour Jeanpaul Gaultier mais j’ai stoppé du jour au lendemain car c’était trop strict pour moi, pas assez créatif. » S’ensuivent alors des moments difficiles, elle vadrouille pendant plusieurs années, vit dans la rue du côté de Rouen. « Mais je me suis toujours dit que j’allais m’en sortir. Je ne suis pas une victime. » Elle découvre le monde du handicap (ndlr : elle a obtenu un BEATEP en 2006) et devient directrice d’un centre de séjour pour handicapés mentaux. « C’est ce qui m’a redonné le goût de faire quelque chose dans ce monde », confie-t-elle.

En 2010, ses rencontres avec le compositeu­r Giovanni Natale ainsi qu’avec l’auteur Henrypaul Steimen, qui a collaboré notamment avec Alain Bashung et Michel Delpech, font décoller sa carrière musicale. Inspirée par Kate Bush, Amy Winehouse ou encore David Bowie, elle sort quelques années plus tard son premier EP, un mélange de blues, rock, électro, après un passage par le télé-crochet Rising Star. « Mon style est compliqué à définir. Mon univers se situe entre la réalité et l’imaginaire, une musique épique, visuelle, il y a un côté tim burtonien. Dans ma voix, il y a des cris qu’on retrouve dans la musique orientale. Mais je viens aussi de la culture noire américaine, les Fitzgerald, Buckley, Franklin, Houston… »

La naissance d’elvïa

Le printemps verra la sortie de son deuxième EP et la naissance d’elvïa, son nouveau nom de scène. « Elvïa vit dans le pays de l’az, un pays où il y a ni début, ni fin, tout se passe maintenant, explique Milou. Elle est polymorphe, ne juge pas et peut faire preuve d’empathie avec tout le monde. C’est un miroir instantané des êtres humains. Elle est aussi très rock’n roll. » Outre les chansons, l’aspect visuel est tout aussi important dans l’univers d’elvïa. « Je vais fabriquer moimême certains costumes, des bijoux… Il y aura des vraies créations, des dessins, des coiffures hallucinan­tes. »

Loin des galères et très bien entourée, même si elle garde un côté solitaire, Elvïa pose aujourd’hui un regard tendre sur la jeune fille qu’elle était autrefois. « Il y a une part de fierté, il fallait du courage pour faire ce que j’ai fait. Il ne faut pas avoir honte, mais assumer. » Une expérience personnell­e qu’elle n’hésite pas à raconter dans sa chanson « Le petit Poucet », l’histoire d’une ado tourmentée : « Mais comment faire pour faire avec des coups de griffes, des coups de becs, dans cette forêt de pur métal, où rodent les ombres du mal, tu voudrais bien laisser des traces, lancer des cochons dans l’espace, sauter par la fenêtre en flamme, quand l’ogre dort avec sa femme… Il tremble de peur, pour qui ? Pourquoi la bêtise est là et son masque de gras. »

De Milou à Elvïa, E mi lie… grâce à la musique, « un vecteur de lien absolument fantastiqu­e qui relie les dimensions, les mondes, les opinions, les histoires. » Petit bout de femme au coeur d’or et au style indéfiniss­able qui ne laisse pas insensible, Milou signe des textes poignants, sincères où elle se met à nu et permet à son public de découvrir son univers aussi réaliste que magique… « J’aime parler de ce qui est moche et le rendre beau. » Où l’art de résumer toute une philosophi­e en quelques mots.

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Le deuxième EP de Milou Leïz, alias Elvïa, est prévu pour le printemps. (© Kate)
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Milou Leïz photograph­iée à Poissy lors des voeux au agents de la Ville.

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