Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Le Medef veut faire passer son message dans la campagne des présidentielles
Des voeux dans un esprit résolument optimiste, tourné vers l’avenir, c’est ce que Bertrand Decré a annoncé en préambule de son discours, mardi 17 janvier, lors de la cérémonie des voeux du Medef. Réunis à Versailles, dans la grande salle de l’hôtel de France, une soixantaine de patrons ont écouté leur président, qui n’a pas manqué d’aborder la question des élections présidentielles.
Quatre axes pour aider les entreprises
« Nous aurons un rôle fondamental à jouer dans les semaines et les mois qui viennent. Il est crucial de voir les entreprises se faire entendre, pour mettre en avant nos idées en matière de développement économique », annonce Bertrand Decré. « Nous ne faisons pas de politique, nous ne sommes ni de droite ni de gauche », tient à préciser le patron des patrons.
Des patrons qui se sentent mal-aimés par les Français, qui se placent au centre d’une dynamique qu’ils voudraient forte autour de la nouvelle économie. « Les entreprises ont un rôle majeur à jouer dans la création de valeur ajoutée, d’intégration, d’emploi. Nous sommes là pour réinventer une nouvelle structure économique qui, malgré cette période de rupture, peut être une formidable opportunité de développement. »
Le Medef a défini quatre axes pour interpeller les candidats à la présidentielle. En premier lieu, il s’agit de rétablir la compétitivité, des marges suffisantes, de baisser les taxes, les impôts et les charges. « Nous voulons ensuite réformer le marché du travail, assouplir la réglementation sociale pour lever les peurs à l’embauche et les risques juridiques trop importants pour embaucher chez beaucoup de nos adhérents », ajoute Bertrand Decré.
Simplifier la réglementation fiscale, environnementale, rendre plus rapides les délais administratifs d’instruction des dossiers, sera le troisième volet discuté avec les candidats. « Nous terminerons avec la question de l’éducation, de la formation professionnelle, pour améliorer l’employabilité », confie le patron.
Valoriser et accepter la prise de risque est l’un des leitmotive du patron des patrons yvelinois. Une posture que connaît bien le patron de Sandorgel (Relais d’or-miko), Serge-yves Handschuh.
Distributeur de produits alimentaires destinés aux collectivités et restaurateurs, celui-ci a installé son entreprise à Sartrouville. « Nous avions tout juste terminé les travaux que tombait l’interdiction aux camions d’emprunter le tunnel de La Défense. Pour nous, ça a été une catastrophe, mais l’entreprise a fait face », confie le chef d’entreprise. « A contrario, une élection présidentielle ne va pas changer la donne pour nous, c’est moins déterminant qu’une restriction de circulation pour mes camions. Le vrai problème pour moi actuellement, c’est la peur après les attentats, le manque de confiance des Français, qui consomment moins et réduisent leurs dépenses dans les restaurants, ce qui impacte directement », ajoute-t-il.
Serge-yves Handschuh avoue avoir une entreprise moins fragilisée par la législation que par un sentiment et un environnement faits d’inquiétude. « Je ne hurle pas contre l’état, il construit des écoles qui sont mes clients, il construit des routes où circulent mes véhicules. J’aspire à un environnement plus apaisé, où le mot entrepreneur ne soit plus un gros mot. Fondamentalement, je crois que Valls et Fillon prendraient à peu de choses près les mêmes décisions, ils ont sur le monde de l’entreprise des visions qui ne sont pas si différentes », déclare ce patron atypique, qui a une sensibilité sociale, s’occupant en particulier du volet prud’hommes pour le Medef.