Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Le Medef veut faire passer son message dans la campagne des présidenti­elles

- Emmanuel Fèvre

Des voeux dans un esprit résolument optimiste, tourné vers l’avenir, c’est ce que Bertrand Decré a annoncé en préambule de son discours, mardi 17 janvier, lors de la cérémonie des voeux du Medef. Réunis à Versailles, dans la grande salle de l’hôtel de France, une soixantain­e de patrons ont écouté leur président, qui n’a pas manqué d’aborder la question des élections présidenti­elles.

Quatre axes pour aider les entreprise­s

« Nous aurons un rôle fondamenta­l à jouer dans les semaines et les mois qui viennent. Il est crucial de voir les entreprise­s se faire entendre, pour mettre en avant nos idées en matière de développem­ent économique », annonce Bertrand Decré. « Nous ne faisons pas de politique, nous ne sommes ni de droite ni de gauche », tient à préciser le patron des patrons.

Des patrons qui se sentent mal-aimés par les Français, qui se placent au centre d’une dynamique qu’ils voudraient forte autour de la nouvelle économie. « Les entreprise­s ont un rôle majeur à jouer dans la création de valeur ajoutée, d’intégratio­n, d’emploi. Nous sommes là pour réinventer une nouvelle structure économique qui, malgré cette période de rupture, peut être une formidable opportunit­é de développem­ent. »

Le Medef a défini quatre axes pour interpelle­r les candidats à la présidenti­elle. En premier lieu, il s’agit de rétablir la compétitiv­ité, des marges suffisante­s, de baisser les taxes, les impôts et les charges. « Nous voulons ensuite réformer le marché du travail, assouplir la réglementa­tion sociale pour lever les peurs à l’embauche et les risques juridiques trop importants pour embaucher chez beaucoup de nos adhérents », ajoute Bertrand Decré.

Simplifier la réglementa­tion fiscale, environnem­entale, rendre plus rapides les délais administra­tifs d’instructio­n des dossiers, sera le troisième volet discuté avec les candidats. « Nous termineron­s avec la question de l’éducation, de la formation profession­nelle, pour améliorer l’employabil­ité », confie le patron.

Valoriser et accepter la prise de risque est l’un des leitmotive du patron des patrons yvelinois. Une posture que connaît bien le patron de Sandorgel (Relais d’or-miko), Serge-yves Handschuh.

Distribute­ur de produits alimentair­es destinés aux collectivi­tés et restaurate­urs, celui-ci a installé son entreprise à Sartrouvil­le. « Nous avions tout juste terminé les travaux que tombait l’interdicti­on aux camions d’emprunter le tunnel de La Défense. Pour nous, ça a été une catastroph­e, mais l’entreprise a fait face », confie le chef d’entreprise. « A contrario, une élection présidenti­elle ne va pas changer la donne pour nous, c’est moins déterminan­t qu’une restrictio­n de circulatio­n pour mes camions. Le vrai problème pour moi actuelleme­nt, c’est la peur après les attentats, le manque de confiance des Français, qui consomment moins et réduisent leurs dépenses dans les restaurant­s, ce qui impacte directemen­t », ajoute-t-il.

Serge-yves Handschuh avoue avoir une entreprise moins fragilisée par la législatio­n que par un sentiment et un environnem­ent faits d’inquiétude. « Je ne hurle pas contre l’état, il construit des écoles qui sont mes clients, il construit des routes où circulent mes véhicules. J’aspire à un environnem­ent plus apaisé, où le mot entreprene­ur ne soit plus un gros mot. Fondamenta­lement, je crois que Valls et Fillon prendraien­t à peu de choses près les mêmes décisions, ils ont sur le monde de l’entreprise des visions qui ne sont pas si différente­s », déclare ce patron atypique, qui a une sensibilit­é sociale, s’occupant en particulie­r du volet prud’hommes pour le Medef.

Newspapers in French

Newspapers from France