Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

L’éleveuse bat le pavé pour sauver ses chevaux

- F. D. Cédric Simon-lorière

ils venaient sensibilis­er à cette thématique très particuliè­re. Leur porte-parole, Victor Pinheiro, a largement utilisé son histoire personnell­e pour clamer ce qu’il estime être une injustice ou plutôt une mauvaise justice.

Une question d’équilibre

Séparé depuis dix ans de sa compagne, il ne possède plus aucun droit sur ses enfants aujourd’hui âgés de 16 et 10 ans. « Je ne peux même pas les voir mais je prends tout de même ce droit, toutes les semaines, pour les emmener à l’école ». Pour en arriver à ce stade, l’homme de 46 ans évoque une rupture complexe rendue difficile par une rupture complète de points de vue avec la mère de ses enfants. Elle aboutira à cette décision judiciaire. Elle conduira Victor à mener des actions. « La dernière m’a valu un bracelet électroniq­ue. Je m’étais installé devant son domicile avec une tente et des banderoles. Il est vrai que j’ai été condamné plusieurs fois suite à des plaintes de mon ex. Mais le premier tort revient à la justice qui m’a privé de mes enfants, touchant ainsi à leur équilibre et à leur développem­ent ». Et de poursuivre : « Il faudrait que les magistrats fassent preuve de plus de clémence, plus d’écoute. Au lieu de condamner, il faut trouver des solutions équilibrée­s pour la mère et le père ».

En se montrant au grand jour, Victor voulait ainsi exprimer, avec d’autres pères, son malêtre, dénoncer les procédures longues, ruineuses et répétitive­s.

Estelle Trahard ne compte pas se laisser emmener à l’abattoir sans se battre. A Davron, son Élevage de Chantepie est sous le coup d’une expulsion. « J’ai demandé une prolongati­on jusqu’à la fin du mois de janvier mais la propriétai­re a refusé », précise l’éleveuse équestre. « Je vais devoir payer une astreinte journalièr­e soit 4 500 euros d’ici la fin du mois de janvier », ajoute-t-elle. Les nouveaux propriétai­res qui ont hérité des lieux sont déterminés à récupérer la parcelle qui leur appartient. « Je dois trouver une solution pérenne pour mon élevage, 35 chevaux risquent de se retrouver à la rue du jour au lendemain. C’est inenvisage­able », poursuit la vice-championne régionale d’endurance (2016).

« Je veux juste travailler »

Les Sociétés d’aménagemen­t foncier et d’établissem­ent rural (Safer) lui ont pourtant proposé un nouveau terrain mais celuici étant trop cher et trop grand elle a été contrainte de décliner l’offre. Et pour celui qui aurait pu convenir, son dossier a été écarté au profit d’un autre exploitant. Pour couronner le tout, l’établissem­ent semble privilégie­r les céréaliers ou encore les maraîchers au détriment des éleveurs. « Combien de dossiers d’installati­ons équestres ont été traités ces cinq dernières années ?», s’interroge l’éleveuse. « Je pensais que les dossiers d’expulsion étaient prioritair­es mais ce n’est pas le cas », déplore-t-elle. « Je veux juste avoir la possibilit­é de travailler. Et si je me bats, c’est pour mes chevaux, qu’ils puissent avoir la vie que je leur avais promise. »

Pétition

Pawnee qui est à ses côtés ne semble pas réaliser que ses jours sont peut-être comptés. Avec sa ponette, samedi dernier devant la station RER de St-germain-enlaye, Estelle Trahard sensibilis­e les passants à cette « situation dramatique. Je veux aussi interpelle­r les pouvoirs publics sur les difficulté­s d’accéder au foncier. » Sa pétition qui est également en ligne a déjà recueilli 1 500 signatures. « Son histoire m’a beaucoup touchée. Elle a un lien avec ses chevaux », constate Cathie qui vient de signer la pétition. « Je vais lui rendre visite prochainem­ent et je la soutiens dans son combat. Les chevaux c’est aussi ma vie. Je suis allée jusqu’en Mongolie pour en monter », précise la récente Saint-germanoise. Faute de solution, Estelle va devoir « vendre une partie des animaux. Quatre sont déjà en vente et un autre le sera le mois prochain. Je vais être obligée de brader des poulains sevrés et donner une jument pour qui j’envisageai­s une retraite paisible », s’attriste-t-elle. Elle fera tout ce qu’elle peut pour choisir les acheteurs et éviter « les gens pas sérieux. J’espère pouvoir leur offrir une fin de vie digne. Si l’expulsion devait avoir lieu, ils risquent d’être emmenés en camion pour je ne sais où, je ne peux pas l’imaginer », confie-t-elle la gorge serrée. Quelques hectares de terrain dans la plaine de Versailles lui éviteraien­t un tel supplice.

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