Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Retour aux sources pour la chanteuse pisciacaise Rémila
Vendredi 10 février, 20 h 30, à la Source, à Poissy, la chanteuse pisciacaise, Rémila, se produira en concert avec son guitariste Hugo Barbet. L’occasion de (re)découvrir ses chansons à texte au parfum rageusement hip-hop.
Rap américain, rap français, reggae, pop anglaise, chanson française… Ses influences sont à son image : hétéroclites et infinies. Rémila (alias Rémila De Fleury) revient chanter à Poissy, la commune où elle a vécu avec sa maman jusqu’à l’âge de 6 ans. Le public présent au concert de Coeur de Pirate au théâtre en décembre dernier n’a pas oublié sa première partie très remarquée.
« Addict aux gens »
Cette fois, elle se produira sur la scène de l’espace jeunesse, La Source. Ce sera ce vendredi 10 février à 20 h 30. « Avec Hugo Barbet, mon guitariste, on propose un spectacle hyperdynamique ! » Une quinzaine de chansons interprétées en guitare-voix. « C’est comme si on était à poil devant les gens. Mon but à chaque fois, c’est de capter leur attention, de les garder avec soi. Cela passe par les regards. Je ne prépare jamais ce que je vais dire aux gens. Je suis addict aux gens, c’est aussi pour ça que je joue sur scène. »
À la fois ténébreuse avec ses cheveux de jais et généreuse à l’image du pays qui l’a vue naître (l’algérie), Rémila se définit avant tout comme une femme et une artiste indépendantes. C’est ainsi qu’elle se décrit dans les chansons de son spectacle Duo de Banc. « C’est notamment le thème de la chanson d’ouverture, Comme une grande. Je parle de ma fierté à pouvoir me débrouiller comme une grande. Aujourd’hui, grâce à mon expérience, je pourrais monter ma propre maison de disque, si je le voulais. » Elle dit qu’elle ne le fera pas.
Rappeuse
Ce qui la fait kiffer, c’est de jouer sur scène en duo ou à quatre. Une vie d’itinérante pas toujours simple à gérer quand on est maman célibataire de deux enfants de 11 et 7 ans. « Je chante que je suis une maman imparfaite et j’ai envie de dire heureusement. Mes enfants m’accompagnent en tournée. »
Sur scène, elle chante les galères dans lesquelles on peut se retrouver lorsqu’on est sans cesse sur la route, de la difficulté de surmonter une rupture amoureuse « mais dont on ressort finalement plus fort » ; ou bien de son regard critique sur le mariage : « C’est quelque chose qui m’a toujours fait flipper ».
Rémila chante depuis qu’elle est ado. Bercée par les chansons d’aznavour, Serge Lama ou Brel qu’écoutait sa maman, elle découvre le rap à l’âge de 15 ans. L’année suivante, de choriste, elle accède au rang de chanteuse principale au sein du groupe de rap, NSA, à Mantesla-jolie où elle vit alors. « J’ai embrassé la culture hip-hop avec Kerry James, NTM, Ideal J… » Elle se fait remarquer par une célèbre maison de disque qui « montait une première compilation de rappeuses féminines en 1995 ».
À 17 ans, elle signe son premier album avec Sony LTC Tristar ! « À l’époque j’étais à Nanterre en fac de philo. J’ai commencé mais j’ai dû arrêter car je suis partie en tournée. » Rebelote lorsqu’elle entreprend des études d’anglais. « Là aussi j’ai commencé et j’ai arrêté pour partir en tournée. »
Street chanson
En 2000, elle signe le livret du spectacle chorégraphie tzigane Magic Dancing de la chorégraphe Karine Saporta, spectacle dans lequel elle tient l’un des rôles principaux. L’aventure durera environ cinq ans. Puis, elle devient maman et fait une pause de cinq ans. En 2010, elle quitte Paris et s’installe dans le Val d’oise, soutenue par Le Cri et le Combo 95. « C’est là que j’ai découvert Les Ogres de Barback, Les Têtes raides, les Hurlements de Léo… » Son style se mue : tout en conservant l’influence hip-hop dans son phrasé, elle se lance dans la chanson française. « J’appelle ça de la Street chanson ».
Son premier EP 8 titres Comme une grande, paraît en 2012. La même année, elle enchaîne les résidences et les prix dans les concours, dont celui des Chercheurs d’aure, à Bayeux. « Entre 2012 et aujourd’hui, je n’ai fait que tourner », confiet-elle tout sourire. Elle chante régulièrement dans les prisons.
En 2014, elle rencontre Hugo Barbet, guitariste du groupe Volo et ensemble, ils montent un spectacle : Duo du banc. « On a un petit banc sur scène, on l’a intégré dans le spectacle. » Le duo prévoit d’enregistrer enfin leur spectacle à partir du mois de mars, « avec une sortie de l’album en janvier 2018 ». Les fans seront ravis de l’apprendre.
En attendant, ils pourront se précipiter sur L’EP 6 titres, paru depuis le 1er avril dernier : Octopus. « C’est un projet à part basé sur la musique que j’écoute : électro pop avec une influence trap. » Quant au pourquoi de la pieuvre (Octopus en anglais), elle répond en toute simplicité : « Je me sens comme une pieuvre, avec mes tentacules qui me permettent de tout gérer. Je suis ma propre patronne, je suis une indépendante. »