Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Maxime d’aboville dans la peau de Chaplin

- Propos recueillis par T.R.

Installé à Saint-germain-en-laye, le comédien Maxime d’aboville, 36 ans, sera sur la scène du théâtre Alexandre-dumas, ce vendredi 24 février à 20 h 45. Il incarnera Charlie Chaplin, l’homme complexe derrière l’icône de cinéma.

Depuis quand vivez-vous à Saint-germain-en-laye ?

Depuis trois ans et demi. Avant j’étais à Paris, mais je suis originaire de Dax, dans les Landes.

Pourquoi avoir choisi de vivre à Saint-germain ?

À l’époque j’avais deux enfants (aujourd’hui j’en ai trois) et avec ma compagne, nous cherchions un endroit plus grand et plus adapté pour les enfants. Nous souhaition­s aussi nous rapprocher du travail de ma femme à Villennes-sur-seine. Je voulais être sur une ligne de RER pour pouvoir me déplacer facilement à Paris. Il y a parfois des problèmes, mais vu que je voyage le plus souvent en dehors des horaires de pointe, je me retrouve rapidement à Paris.

Vous sentez-vous Saintgerma­nois aujourd’hui ?

Je ne sais pas. Je suis né à Dax, je suis aussi Breton par ma famille paternelle. Je vais beaucoup à Paris et je pars en tournée. Finalement, je suis beaucoup absent… Saint-germain est une belle ville, avec un parc du château extraordin­aire, cette forêt. C’est comme un petit village avec tout ce qu’il faut en termes de commerces. C’est une ville d’accueil, il y a beaucoup d’étrangers. Tous les gens que je rencontre viennent d’ailleurs et ils repartiron­t sans doute un jour.

Dans la pièce de Daniel Colas, faut-il oublier l’icône de cinéma pour mieux incarner l’homme Chaplin ?

Oui, la pièce parle du personnage de Charlot du point de vue de Chaplin mais aussi et surtout de l’homme Chaplin, comment il est devenu la première et la plus grande star du monde grâce aux États-unis et comment il a été attaqué et pourchassé au nom de la morale puritaine incarnée par Hoover. L’avantage pour moi, c’est que le grand public connaît très mal l’homme, tout le monde connaît son personnage. C’est une icône cachée. Et cela me laisse une grande liberté dans l’interpréta­tion. J’ai essayé de comprendre ses rêves, sa misère aussi. La pièce parle de ce paradoxe du génie : l’obligation d’aller très haut car on vient de très bas.

Les faits relatés dans la pièce sont-ils fidèles à la réalité ou bien romancés ?

C’est très proche de la vérité. Ce n’est pas un biopic où il s’agit d’embrasser toute sa vie. On se concentre sur son arrivée aux États-unis, un pays qui lui permet de devenir la plus grande star du monde mais qui aussi, se retourne contre lui. Hoover s’est intéressé à Chaplin dès la guerre de 14. Chaplin avait été jugé inapte car jugé trop léger (il pesait moins de 60 kg) et avait été réformé. Devenu riche, il avait levé des fonds pour soutenir l’effort de guerre notamment de l’angleterre. Hoover lui reprochait de ne pas avoir pris la nationalit­é américaine. Très vite ses histoires avec les femmes il a aimé des femmes bien plus jeunes que lui - lui ont valu d’être attaqué de façon brutale. Qu’avez-vous découvert sur Chaplin grâce à cette pièce ?

Je ne connaissai­s rien de lui, sauf quelques grands films. Je savais qu’il avait été assez pauvre mais à pas à ce point-là ! Il était proche du clochard, avec une mère folle envoyée à l’hospice.

Avez-vous revu toute sa filmograph­ie avant de jouer la pièce ?

J’ai revu beaucoup de ses films, notamment car je suis amené à faire Charlot. C’est intéressan­t de voir comment ce personnage évolue. Au départ, c’était un personnage assez ordurier et avec le temps, il le fait mûrir et lui donne de plus en plus d’humanité.il a compris que le burlesque devait être accompagné d’une part d’humanité. Quand il fait Les Temps modernes au milieu des années trente, plus personne ne fait du muet. Mais il comprend que s’il fait parler son personnage, tout l’intérêt de son personnage disparaît. La pièce a aussi pour sujet l’amérique des années 1910 jusqu’en 1977, année de la mort de Chaplin. On voit la grandeur mais aussi le nationalis­me puritain. Cela fait écho avec ce qui se passe aujourd’hui. Néanmoins, ce n’est pas une pièce antiaméric­aine.

Ce rôle vous donne-t-il l’occasion de danser, chanter ?

Je chante un peu la chanson des Temps modernes. J’ai une scène de pantomime (la danse des Petits Pains). Ce qui est intéressan­t, c’est que je joue un personnage de ses 20 ans jusqu’à sa mort. Au départ, l’auteur de la pièce voulait deux comédiens et a finalement changé d’avis. Sur scène j’ai dix secondes pour enfiler un costume par-dessus un autre et prendre 20 ans d’âge. C’est au comédien de se projeter et alors le corps s’alourdit, la démarche est ralentie, le timbre de voix se modifie…

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©J. Stey Maxime d’aboville incarne Chaplin et Charlot dans la pièce de Daniel Colas, à découvrir vendredi 24 février à Saint-germain-enlaye.
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Maxime d’aboville a remporté le Molière du meilleur comédien en 2015.

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