Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Ils avaient lynché le détenu dans la cour de promenade
Deux détenus identifiés sur les sept se sont rué sur un autre prisonnier de la maison d’arrêt de Bois-d’arcy lui infligeant une rouste. Ils ont pris cher.
Ils ont bien failli occire l’auxiliaire ! Le 11 décembre, une scène impressionnante se déroule à la maison d’arrêt de Boisd’arcy. Il est 15 heures quand des détenus se retrouvent dans la cour de promenade. Soudain, un premier prisonnier décoche un coup-de-poing au visage d’un autre homme, pourtant gaillard. Ce dernier tombe à terre puis c’est un déchaînement de violence qui s’ensuit. Sept hommes vont littéralement se jeter sur lui à coups de pied. Pendant une minute, les coups pleuvent : la tête, le corps, les jambes. L’homme va perdre connaissance. Personne au sein de la prison ne va voir le lynchage en direct. Il faudra visionner les films des caméras de vidéosurveillance pour comprendre ce qui s’est passé. Seul un homme sera reconnu sur le film en plus de l’agresseur qui a reconnu avoir assené un coup-de-poing. La victime est immédiatement transportée à l’hôpital. Le bilan de santé est énorme : fractures de la mâchoire, de la pommette, un hématome au crâne… C’est trente jours d’interruption de travail que le médecin va lui faire observer.
Alors que s’est-il passé et comment expliquer cette avalanche de coups ? Jugés mercredi 8 février devant la 6e chambre correctionnelle de Versailles, les deux agresseurs n’ont pas eu les mêmes déclarations. L’un d’eux a nié avoir agressé le détenu. L’autre a reconnu l’avoir frappé mais c’était pour se défendre. Il a cru en effet que l’autre voulait le frapper pendant la promenade. D’autres rumeurs vont envahir cette prison dont le taux d’occupation des cellules culmine à 199 %. « Il a été établi qu’une fouille de votre cellule avait permis de trouver un téléphone portable, explique la présidente à celui qui avait décoché la frappe. Il semblerait que le détenu agressé était qualifié de balance par plusieurs détenus. » « Je n’ai jamais dénoncé personne. Je ne me rappelle plus de rien », répond la victime du lynchage.
Une autre version circulait entre les barreaux de la prison : la victime auxiliaire à la cantine aurait favorisé tel ou tel prisonnier. « Il faisait des trafics avec des téléphones, de l’alcool, explique l’autre détenu. Dans une prison, l’auxi (pour l’axillaire), c’est le roi ! »
Ce n’est pas la jungle !
Une pétition signée par une dizaine de prisonniers aurait reproché à la victime de ce guetapens de se conduire en tyran au sein de la prison. Une hypothèse que les rapports de l’administration pénitentiaire ne semblaient pas confirmer. « Il faut préciser le contexte dans cette affaire, a plaidé l’excellent avocat d’un des agresseurs, Me Yves Leberquier. Le bruit court que celui-ci aurait un comportement tyrannique. De nombreux détenus évoquent le caractère violent de cet homme qui pèse 130 kg et mesure 1,90. Ils n’en veulent plus à l’étage. J’ai fait une demande auprès de la direction pour diligenter une enquête, on se cache derrière la justice. »
« Bois-d’arcy, ce n’est pas la jungle ! Il s’est fait casser la figure, a défendu l’avocat de la partie civile. Mon client distribue les repas depuis 27 mois. Pas un seul accident. Il n’y a aucun accident avant les faits. »
Dans le box, l’un des agresseurs qui a frappé son « ami » s’excuse et explique : « On a eu des mots. Je lui ai expliqué que les détenus se plaignaient. Quand il a levé le bras, je l’ai frappé. »
« L’omertà règne dans la prison. Pourquoi avoir fait cela ? interroge la procureure de la République. J’ai visionné le film et pu voir la violence du lynchage. Rarement on peut voir autant de violence : sept détenus qui en tabassent un autre à terre. »
Les magistrats vont taper fort eux aussi. 18 mois de prison pour celui qui niait avoir participé à l’agression en groupe. 30 mois de prison ferme pour le boxeur qui a mis à terre le colosse. Et dire que ce tout petit monde va se retrouver à Bois-d’arcy !