Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Le témoin du meurtre des policiers sombre dans la drogue

- Michel Seimando

Ce n’est pas une circonstan­ce atténuante. Pourtant lorsqu’il explique aux magistrats les raisons qui l’ont poussé à revendre de la résine de cannabis à des proches dans Magnanvill­e, c’est ce qu’il avance en premier. « J’ai été le premier témoin de l’assassinat de Magnanvill­e. J’attendais des amis au parc. Je me trouvais devant le domicile du policier quand il s’est fait tuer devant moi. J’ai été choqué. J’ai repris la consommati­on de résine de cannabis. » Dans la salle d’audience du TGI de Versailles le 3 février dernier, la mère du prévenu confirme les faits. « J’ai l’impression d’être une mauvaise mère. J’ai l’impression d’avoir tout raté. Toute la famille a été traumatisé­e par cet événement qui nous marquera à jamais. Nous avons tous pris rendez-vous chez le psychiatre. Quand nous ouvrons les Velux© de notre maison, chaque matin, nous voyons le terrain avec le toboggan… »

Lundi 13 juin 2016, Jeanbaptis­te Salvaing, commandant de police au commissari­at des Mureaux regagne son domicile de Magnanvill­e quand il est tué par Larossi Abballa, armé d’un couteau. Le meurtrier tuera également la compagne du policier, Jessica Schneider, 36 ans, secrétaire administra­tive au commissari­at de Mantes-la-jolie. Un drame qui va bouleverse­r la France.

La dramatique soirée du 13 au 14 juin va faire basculer ce fils de bonne famille dans le deal entre amis. A partir du 1er septembre les policiers vont s’intéresser aux activités du jeune homme qui rencontren­t des amis pour leur fournir la drogue. De septembre 2016 au 1er février dernier, il a revendu près d’un kilo de haschisch. « Beaucoup de gens m’en demandaien­t », explique-t-il. La perquisiti­on menée au domicile de Magnanvill­e va permette de saisir 440 € en espèces, une balance ainsi qu’une dizaine de sachets et 112 g de drogue. Cinq téléphones montrent que les affaires de l’intéressé commençaie­nt à bien prospérer. « J’achetais la plaquette entre 250 et 300 € que je revendais 500 €. Je vendais 5 € le gr pour me faire 100 € de bénéfice par plaquette. J’ai calculé près de 2000€ de profit depuis le mois d’octobre. » L’argent, c’était pour les soirées, les restaurant­s. « J’avais une dizaine de clients occasionne­ls. Je ne savais pas qu’ils étaient mineurs. »

Un jeune homme choqué par le meurtre des policiers de Magnanvill­e s’est mis à consommer puis à dealer du cannabis pendant seize mois. Il a été condamné. « Dossier désagréabl­e » Devant le domicile des policiers le 13 juin

La procureure de la République a indiqué avoir à faire à un « petit trafiquant bien comme il faut qui a fait l’objet d’écoutes téléphoniq­ues. Ce dossier est désagréabl­e parce qu’il revendait son produit près du lycée à des mineurs notamment. C’est triste. On observe qu’il n’est pas idiot. Il veut faire du fric en étant du poison pour les autres. Le drame de Magnanvill­e n’explique pas le trafic. » Alors circonstan­ce atténuante ou pas Magnanvill­e ? Les juges l’ont condamné pour ce trafic à une peine de 18 mois de prison avec sursis, assortie d’une mise à l’épreuve durant deux ans. Il ne part pas en prison mais reste encadrer par les services d’insertion.

ACHÈRES

Lundi 6 février, un bouc se trouvant sur les voies ferrées provoque un arrêt total des trains dans les deux sens pendant trente minutes. Ça ne s’invente pas.

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