Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Le témoin du meurtre des policiers sombre dans la drogue
Ce n’est pas une circonstance atténuante. Pourtant lorsqu’il explique aux magistrats les raisons qui l’ont poussé à revendre de la résine de cannabis à des proches dans Magnanville, c’est ce qu’il avance en premier. « J’ai été le premier témoin de l’assassinat de Magnanville. J’attendais des amis au parc. Je me trouvais devant le domicile du policier quand il s’est fait tuer devant moi. J’ai été choqué. J’ai repris la consommation de résine de cannabis. » Dans la salle d’audience du TGI de Versailles le 3 février dernier, la mère du prévenu confirme les faits. « J’ai l’impression d’être une mauvaise mère. J’ai l’impression d’avoir tout raté. Toute la famille a été traumatisée par cet événement qui nous marquera à jamais. Nous avons tous pris rendez-vous chez le psychiatre. Quand nous ouvrons les Velux© de notre maison, chaque matin, nous voyons le terrain avec le toboggan… »
Lundi 13 juin 2016, Jeanbaptiste Salvaing, commandant de police au commissariat des Mureaux regagne son domicile de Magnanville quand il est tué par Larossi Abballa, armé d’un couteau. Le meurtrier tuera également la compagne du policier, Jessica Schneider, 36 ans, secrétaire administrative au commissariat de Mantes-la-jolie. Un drame qui va bouleverser la France.
La dramatique soirée du 13 au 14 juin va faire basculer ce fils de bonne famille dans le deal entre amis. A partir du 1er septembre les policiers vont s’intéresser aux activités du jeune homme qui rencontrent des amis pour leur fournir la drogue. De septembre 2016 au 1er février dernier, il a revendu près d’un kilo de haschisch. « Beaucoup de gens m’en demandaient », explique-t-il. La perquisition menée au domicile de Magnanville va permette de saisir 440 € en espèces, une balance ainsi qu’une dizaine de sachets et 112 g de drogue. Cinq téléphones montrent que les affaires de l’intéressé commençaient à bien prospérer. « J’achetais la plaquette entre 250 et 300 € que je revendais 500 €. Je vendais 5 € le gr pour me faire 100 € de bénéfice par plaquette. J’ai calculé près de 2000€ de profit depuis le mois d’octobre. » L’argent, c’était pour les soirées, les restaurants. « J’avais une dizaine de clients occasionnels. Je ne savais pas qu’ils étaient mineurs. »
Un jeune homme choqué par le meurtre des policiers de Magnanville s’est mis à consommer puis à dealer du cannabis pendant seize mois. Il a été condamné. « Dossier désagréable » Devant le domicile des policiers le 13 juin
La procureure de la République a indiqué avoir à faire à un « petit trafiquant bien comme il faut qui a fait l’objet d’écoutes téléphoniques. Ce dossier est désagréable parce qu’il revendait son produit près du lycée à des mineurs notamment. C’est triste. On observe qu’il n’est pas idiot. Il veut faire du fric en étant du poison pour les autres. Le drame de Magnanville n’explique pas le trafic. » Alors circonstance atténuante ou pas Magnanville ? Les juges l’ont condamné pour ce trafic à une peine de 18 mois de prison avec sursis, assortie d’une mise à l’épreuve durant deux ans. Il ne part pas en prison mais reste encadrer par les services d’insertion.
ACHÈRES
Lundi 6 février, un bouc se trouvant sur les voies ferrées provoque un arrêt total des trains dans les deux sens pendant trente minutes. Ça ne s’invente pas.