Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Arborn signe un premier album

-

À 36 ans, Sébastien Leborgne, alias Arborn, de Saint-germain-en-laye, signe Le Banquet des moutons, un premier album de chansons françaises aux accents folk-rock, témoignage de ses rencontres humaines à travers le monde.

Quel est le sens de votre pseudo Arborn ?

Cela veut dire Leborgne en breton. Je trouvais ça moins nombrilist­e et plus adapté pour l’internatio­nal.

Quelles sont vos origines bretonnes précisémen­t ?

Des Côtes-d’armor, un petit village appelé Erquy. Mais je suis né à Saint-germain-en-laye.

Votre premier album Le Banquet des moutons voit le jour grâce au financemen­t participat­if…

Oui, j’ai fait appel à la générosité des gens qui me l’ont bien rendu, puisque j’ai atteint l’objectif de 3 500 euros qui représenta­it un tiers du coût total. Pour le reste, il a fallu trouver les moyens de financer. C’est un projet vieux de trois, voire quatre ans. Et durant cette période, on évolue forcément sur le plan personnel et musical. On peut dire que la gestation de l’album a été longue jusqu’à ce qu’il voie le jour en octobre dernier.

Où l’avez-vous enregistré ?

Cela s’est passé en plusieurs temps : les morceaux à la cornemuse avec les musiciens bretons ont été enregistré­s à la Clef, les morceaux à la guitare électrique dans un studio à Houilles et tout le reste, c’est-à-dire la plus grosse partie, au studio Gaijin dans le 18e à Paris.

Votre premier concert à la Clef le 4 février dernier a été un succès, je crois.

Nous avons beaucoup travaillé pour ce concert. Nous avons commencé à trois pour terminer à vingt-cinq sur scène. J’ai des copains marocains qui jouent de la musique gnawa. Ils ont enregistré avec moi et sont venus sur scène. Il y avait aussi beaucoup de copains bretons issus de bagads. Tous ensemble on joue un morceau qui s’appelle Bagad Zone. Au concert, il y avait aussi une quinzaine de percussion­nistes qui eux ne figurent pas sur l’album.

Votre style musical ne se limite pas à la musique celtique…

Non, c’est de la chanson française folk-rock avec différente­s couleurs dont de la musique celtique. Mais cela ne se réduit pas à ça. Je suis un passionné de musique traditionn­elle. La musique joue un rôle fédérateur et permet de réunir des gens de cultures différente­s.

Les dix morceaux de l’album reflètent différente­s cultures. Est-ce le fruit de voyages personnels ?

Oui, j’ai beaucoup bougé. J’ai eu la chance de vivre chez des Cubains, des Nicaraguay­ens, en Afrique également. Cette fièvre est apparue en 2002, à l’occasion d’un « road trip » avec deux copains en Côte-d’ivoire, au Burkina Faso et au Mali. J’étais étudiant à l’époque. Je jouais de la cornemuse dans la savane avec des griots. Deux ans après, j’ai découvert le Nicaragua et je suis tombé amoureux de ce pays. L’année suivante, j’ai rencontré Alex, un garçon qui devait avoir 9 ans à l’époque. C’était le seul qui ne demandait rien, et voulait savoir d’où je venais. Il m’a raconté que sa mère était morte six mois plus tôt et que son père avait abandonné la famille. Il vivait dans la rue.

L’avez-vous adopté ?

Avec mon amie de l’époque, on a essayé, mais il n’avait pas été déclaré à la naissance et cela a constitué une barrière infranchis­sable pour nous. J’ai monté un projet Musique au secours des enfants des rues et je suis retourné au Nicaragua pour le retrouver. J’ai créé une associatio­n Chavalos de Managua, Chavalos veut dire « gosses ». Pendant huit ans, nous avons monté des actions, nous lui avons tendu la main et nous l’avons peut-être même sauvé ! On ne s’est pas revus depuis deux ans, mais nous sommes toujours en contact par Facebook. Dans l’album, il y a un morceau qui s’appelle Chanson pour un Chavalo en hommage à Alex et aux autres gamins que j’ai rencontrés, dont Abraham qui est mort assassiné dans un ancien parc d’attraction­s devenu une décharge dans lequel squattent des toxicos, des prostituée­s et toute sorte de gens dans la misère.

Vous écrivez des textes engagés.

Je n’aime pas cette expression. Je parle tout simplement de sujets qui me touchent, voire me révoltent. Par exemple, À notre ami est un hommage aux victimes des attentats de Paris. J’avais commencé à l’écrire au lendemain des attentats de Charlie Hebdo puis je l’ai remanié après les attentats du Bataclan. J’ai deux amis qui travaillai­ent comme intermitte­nts au Bataclan et un peu à la Clef; avec eux, je suis allé au concert de réouvertur­e avec Sting. C’était très poignant.

Quels sont vos liens avec la Clef ?

J’enseigne la guitare quelques heures par semaine, le mercredi après-midi. Je m’occupe aussi de donner des cours de percussion­s et de chant à un groupe d’enfants qui suivent un parcours musique, avec deux autres profs.

Depuis quand jouez-vous de la musique ?

J’ai commencé avec ma voisine, une personne d’un certain âge qui habitait au cinquième étage de mon immeuble. Une belle personne. J’ai commencé le piano avec elle. Elle nous a quittés il y a quelque temps. Je lui ai dédié un morceau Madame D., c’est un titre épuré en piano voix. Par la suite, j’ai étudié au conservato­ire et j’ai appris la cornemuse dans des associatio­ns bretonnes et écossaises à Poissy, Paris et à Clichy. À 14 ans, j’ai découvert la guitare après avoir assisté à un concert de Nirvana au Zénith de Paris. J’ai appris en autodidact­e et c’est devenu mon instrument de prédilecti­on. J’ai également étudié à l’école de musiques actuelles ATLA, à Pigalle.

 ??  ??
 ??  ?? Sébastien Leborgne alias Arborn s’est inspiré de ses rencontres à l’étranger pour écrire son premier album.
Sébastien Leborgne alias Arborn s’est inspiré de ses rencontres à l’étranger pour écrire son premier album.
 ??  ?? Le Banquet des moutons.
Le Banquet des moutons.

Newspapers in French

Newspapers from France