Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
D’où viennent les noms de nos villes ?
On prononce leurs noms tous les jours, sans y penser. C’est une indication de lieu. Mais si on y prête attention, l’étymologie de nos villes peut nous en révéler beaucoup sur le lieu où nous vivons.
Versailles: du vieux français terres labourées?
La première mention de Versailles est citée dans une charte, datée de l’an 1038, de l’abbaye de Saint-père de Chartres dans laquelle est cité le nom d’un seigneur local, un certain Hugues de Versailles (Hugo de Versalliis). Plusieurs hypothèses existent quant à l’origine de ce nom.
Dans l’un de ses ouvrages, l’historien local du XIXE siècle Adrien Maquet, a proposé plusieurs hypothèses. L’une étant d’expliquer le nom par l’accolement de deux mots germaniques Warge (petite élévation) et Allein (isolé) ce qui désignerait la petite hauteur isolée, sur la pente où se trouvait la paroisse Saint-julien.
Etymologie jugée fantaisiste par beaucoup car rien ne laisse à croire que Versailles ait existé à l’époque franque. Autre explication avancée par Maquet, on disait que les vents violents faisaient verser les blés, d’où Versailles. Là encore, cette explication ne convient pas à tout le monde car ces conditions météo sont trop répandues pour qu’on ait pu l’attibuer à une localité bien précise.
Sur le site de la Ville, une hypothèse paraissant la plus vraisemblable est avancée, celle expliquée par Henri Lemoine dans son livre Versailles, cité royale, paru en 1955 : « Nous pensons que ce nom signifie terres défrichées, labourées ou versées. Ce terme décrit en effet l’action de la charrue qui, après avoir rendu la terre, la déverse sur le côté : c’est le sens primitif de
(retourner). Les seraient donc des terres nouvellement labourées, évoquant l’idée de défrichement et s’opposant à la croyance, si répandue, que notre territoire n’était que marais, bois et étangs. Ce terme se rattacherait à la même forme que « semailles». Cette étymologie agricole et bien française n’est pas pour nous déplaire et nous nous y arrêterons. » En vieux français, versail signifiait un endroit dénudé, sans herbe, bien labouré. A noter qu’il existe à Paris depuis le XIIIE siècle au moins, une rue de Versailles.
Rambouillet : un cours d’eau ou des lapins ?
Jean-baptiste Souchet (1589-1654), dans son Histoire du diocèse et de la ville de Chartres, affirmait au XVIIE siècle qu’un ruisseau nommé Rambe ou Rambo était l’ancien nom de la rivière qui, traversant Groussay rejoignait Gazeran puis Épernon avant de se jeter dans la Drouette.
En 1850, Auguste Moutié dans Notice sur le domaine et le château de Rambouillet allait dans le même sens en écrivant que le « ruisseau qui coule dans la prairie de Groussay » se nommait le Rambe ou Rambo et qu’il était alimenté par une fontaine dite de Rambeuil. Ces deux dénominations auraient formé celle de Rambouillet, « de la même manière que Nanteuil, Verneuil et Auteuil ont fait Nantouillet, Vernouillet et Autouillet.»
Sur le site de la Ville, diverses hypothèses sont mentionnées : « Rambouillet devrait son nom à l’eau et à la forêt. «Raimbon», extrémité de rameaux ; «Fontaine de Rambeuil» ; ou Ru rumbo villae, «village situé entre deux rus», sont quelques-unes des explications proposées. Au centre d’un vaste plateau calcaire, l’ancien bourg de Rambouillet s’est en effet niché au creux d’une cuvette, entre les deux vallées du ru du Moulinet et du ru Rambo. »
La Shary (Société historique et archéologique de Rambouillet et de l’yveline) quant à elle, à l’aide de documents, nous fournit une autre explication que celle du ru (Rambe, Rambo ou Rambeuil) qui descend de l’étang du Moulinet jusqu’à la grille de Guéville. « Certains y voient là une même étymologie dialectale que dans rabouillère (terrier à lapins) ou rabbit (lapin en anglais) ce qui désignerait un lieu où les lapins abondent (la rue Raymondpatenôtre s’appelait naguère rue de la Garenne). L’hypothèse est vraisemblable, n’étant pas exclu le fait que le mot Rambeuil aurait la même origine. »