Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Étranglée en pleine nuit, son ex condamné à la Saint-valentin

- F. D.

Agnès* n’a toujours pas réussi à relever la tête. Ce mardi 14 février, jour de la Saint-valentin, c’est un amour déchiré qui s’est présenté face aux juges de Versailles. Plus que cela même. La jeune femme a failli mourir des mains de son ex. Il a tenté de l’étrangler en pleine nuit. Et même si l’eau a coulé sous les ponts, le temps n’a en rien effacé le traumatism­e vécu par cette mère de famille. Tête baissée, en pleurs, tremblante et soutenu par une psychologu­e assise à ses côtés, elle a repassé en détail le film des événements de cette nuit du 8 au 9 mai 2015.

Ce soir-là, l’été pousse des amis à organiser un barbecue. Agnès est de la partie. Son ex, David, également. Le couple est séparé depuis quatre ans après onze années de vie commune et plusieurs enfants.

Il montre aux enfants là où leur mère sera enterrée

L’ambiance est à la fête. Agnès boit un peu. David aussi. Elle ne se sent pas de prendre le volant. David lui propose de la raccompagn­er chez elle, à Bazemont. Il est plus de 22 heures. La mère de David les suit en voiture. Elle regagnera leur domicile de Mézières-sur-seine avec lui. C’est son côté ange. La version démon va apparaître.

Agnès se couche et s’endort rapidement. À deux heures, elle se réveille. Elle n’arrive plus à respirer. Un homme est assis sur elle, le visage caché. Ses mains gantées serrent son cou. Il se met à lui parler. Agnès reconnaît la voix de David. « Je suis la mère de tes enfants ! », hurle-t-elle. L’étau se relâche. Elle parvient à s’échapper. David la talonne. Dans le salon, elle argumente pour le chasser. Cela lui prendra une trentaine de minutes.

Libérée, Agnès appelle les gendarmes. En même temps, David lui envoie des messages inquiétant­s. « Retourne-toi ! Je suis toujours derrière toi ! » On se croirait dans un film d’horreur. Agnès est hospitalis­ée, plus que choquée. Le lendemain matin, en rentrant, elle découvrira un couteau de cuisine dans son lit. David est arrêté.

Face aux militaires, David niera en bloc. Puis il expliquera ne plus avoir aucun souvenir de la soirée, ayant bu plus que de raison. Enfin, face au juge d’instructio­n, il affirmera être victime d’un complot.

Dans le même temps, l’enquête mettra à jour son profil inquiétant. D’abord cette tentative d’assassinat. Car il semble que David avait tout préparé. Après avoir ramené Agnès, il avait ouvert la fenêtre du garage. À l’aide d’une échelle, c’est par là qu’il était rentré dans la maison. Il avait également caché sa voiture dans un bois tout proche pour prendre la fuite.

Les gendarmes découvriro­nt aussi que David n’était pas un tendre. Il avait emmené les enfants dans un cimetière pour leur montrer où leur mère serait enterrée. Il leur avait aussi montré un couteau rouge de sang, affirmant qu’il s’agissait de celui d’agnès. Il avait aussi suggéré qu’il pourrait se servir d’armes qu’il possédait.

Face aux juges, cet ancien routier a campé sur ses positions. « Ce n’est pas moi qui ai tenté de l’étrangler. Elle a peut-être payé quelqu’un pour me piéger. Elle a pu se serrer le cou elle-même. Ses larmes, c’est du cinéma. Moi je suis honnête et sincère. »

Agnès ne parvient même pas à répondre. Le juge abat une dernière carte. « Monsieur, vous dites que vous êtes resté chez vous cette nuit-là, après avoir raccompagn­é Agnès. Mais alors, pourquoi vos enfants ont-ils raconté qu’ils vous ont cherché partout alors que l’un était malade ? Ils sont même allés dehors. Ils vous ont envoyé des messages. Votre fille a raconté qu’elle vous a entendu rentrer en pleine nuit. Et pourquoi votre téléphone est-il identifié à Bazemont alors que vous affirmez être resté à Mézières-sur-seine ? » La réponse tient en trois mots : « complot et piratage ».

« Complot et piratage »

Les débats passés, le procureur de la République a demandé six ans de prison. « La théorie du complot ne repose sur rien. Je suis certain qu’il a préparé son retour après l’avoir raccompagn­ée du barbecue. Ses réponses ne traduisent aucune charité. Cette affaire aurait mérité l’intensité d’un procès d’assises. Tout cela me pousse à demander cette durée si importante. » Après en avoir délibéré, les juges ont prononcé la peine demandée. David a regagné la cellule qu’il occupe depuis le 18 mai 2015. * Le prénom a été modifié.

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