Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Une table qui ne laisse pas de marbre !

Le château de Maisons présente au fil de son parcours une riche collection, réunissant des oeuvres du XVIIE au XXE siècles. Aujourd’hui, coup de projecteur sur une table en marbre blanc et incrustati­on de porphyre rouge.

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Dans la salle des jeux, dessinée pour le comte d’artois par François-joseph Belanger (1744-1818) aux décors réalisés en stuc par le sculpteur Louisalexa­ndre Régnier (1751-1802), est exposée au centre une table en marbre blanc et incrustati­ons de porphyre rouge.

Son piètement repose sur une base tripode moulurée et ornée de godrons. Il se compose ensuite de trois sphinges ailées couronnées de corbeilles de fleurs et de fruits soutenant le lourd plateau. Son pourtour est sculpté d’un motif de grecques. Au centre de la table, un grand médaillon de porphyre est incrusté duquel rayonnent six motifs formant réserve en quartier de cercles, également en porphyre, séparés par des bandes de marbre blanc à décor d’entrelacs, chacune terminée par un disque de porphyre en bordure du plateau. Un motif réticulé complète alors le corps de marbre blanc de l’extrémité du plateau entre chaque disque.

C’est la première pièce mentionnée dans l’inventaire de 1912 du château de Maisons. Elle est entrée dans les collection­s grâce à un don de Jacques Doucet. Grand couturier français, c’est aussi une personnali­té de la vie artistique et littéraire parisienne des années 18801920. Il formera par exemple Madeleine Vionnet et Paul Poiret et aura notamment dans sa clientèle Sarah Bernhardt.

Un couturier mécène

Jacques Doucet est aussi un incroyable collection­neur et mécène. Il réunit d’abord des objets d’art du XVIIIE siècle : tableaux, dessins sculptures, dont il se sépare en 1912, pour se concentrer sur des pièces d’art moderne et contempora­in (il achètera par exemple Les demoiselle­s d’avignon à Pablo Picasso en 1924). Son mécénat se traduit aussi par le financemen­t de recherches en histoire de l’art et il constitue une bibliothèq­ue hors du commun qui deviendra la bibliothèq­ue d’art et d’archéologi­e fondation Jacques-doucet (rue Michelet, à Paris), puis la bibliothèq­ue de l’institut national d’histoire de l’art, collection Jacques-doucet.

Cette table, entrée dans les collection­s du château au moment où Jacques Doucet se concentre sur l’art moderne et contempora­in avait été commandée vers 1900 par le couturier lui-même au sculpteur René Rozet (1858-1939), à qui l’on doit aussi un bas-relief en bronze La Gloire (musée d’orsay), ou Bonsoir Maman (Musée des beaux-arts de Lyon). Elle trouvait initialeme­nt place dans une salle à manger, décorée par Clodion (1738 -1814), de l’hôtel particulie­r de Jacques Doucet, rue Spontini, à Paris. Aujourd’hui la table rappelle le souvenir des collection­s d’antiques du comte d’artois et voisine avec une sculpture de Clodion dans la salle à manger du comte d’artois.

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Ce chef-d’oeuvre de pastiche néoclassiq­ue est la première pièce mentionnée dans l’inventaire de 1912 du château de Maisons.

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