Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Le poseur de la fausse bombe voulait juste voir le Raid

- F. Desserre

Des poches sous les yeux, vêtu d’un pull en V gris et d’une grosse doudoune noire, Pascal D. est apparu fatigué dans le box du tribunal correction­nel de Versailles. Nous sommes le vendredi 24 février. La garde à vue débutée ce mercredi 22 février semble avoir pesé sur lui. Peutêtre réalise-t-il enfin que l’alerte à la bombe dont il est à l’origine a semé un véritable désordre à Vélizy-villacoubl­ay et dans le plus grand centre commercial d’europe.

Fausse carte de police

On en sait désormais un peu plus sur ce qui s’est déroulé et surtout sur les motivation­s de Pascal. Vers 14 h 30, il se présente à une hôtesse d’accueil. Il affirme avoir vu deux hommes déposer une cocotte-minute scotchée près de l’hôtel Ibis, en bordure du parking de Vélizy 2. Ils auraient pris la fuite à moto.

Immédiatem­ent, l’alerte est donnée. Dans le même temps, un vigile se rend sur place. Il découvre l’objet. Un bip régulier provenant de l’intérieur se fait entendre. Une évacuation partielle est ordonnée dans un rayon de 200 mètres. Près de 250 pompiers, policiers, CRS et démineurs sont appelés en renfort. En milieu de journée, le Raid arrive. Pascal est arrêté dans le centre. Les images de la vidéo montrent que c’est lui qui a tout installé. La cocotte-minute puis son Renault Kangoo blanc sont neutralisé­s. Le bip entendu provenait d’un minuteur. À 20 h 45, le dispositif est levé.

Placé en garde à vue à la Sûreté départemen­tale des Yvelines, Pascal va d’abord expliquer avoir fait « une mauvaise blague ». Au fil des interrogat­oires, il va se raviser. « Il a avoué qu’il aimait la police et qu’il voulait voir le Raid en action, voir comment les hommes d’élite travaillai­ent », rapporte une source proche du dossier. Son admiration semble être sans bornes. Dans ses affaires, les enquêteurs ont ainsi retrouvé une fausse carte de police sur laquelle se trouvait sa photo.

Un préjudice colossal

À l’audience, la vie de Pascal est apparue comme tout à fait normale. Banale. L’homme vit à Guyancourt avec sa conjointe et sa belle-fille. Il est marié depuis septembre 2013. Il gagne 1 300 euros par mois comme gardien d’immeuble. Il est en CDI. Son casier judiciaire est vierge.

« - Allez-vous recommence­r ? s’inquiète le juge. - Non Monsieur. - L’expert est perplexe. Il craint que vous ne recommenci­ez.

- J’ai demandé un suivi psychiatri­que. Et je vais assumer ce que je dois assumer. »

Nul n’en saura plus sur l’affaire. Pascal a demandé un renvoi pour préparer sa défense. Non pas qu’il veuille particuliè­rement faire valoir son innocence. En fait, les dommages et intérêts qui pourraient lui être demandés sont colossaux. Selon nos informatio­ns, le centre commercial pourrait exiger près de 260 000 euros liés à la perte de clientèle, la fermeture temporaire de boutiques et le préjudice pour son image. A cela pourrait s’ajouter deux voitures détruites lors du déminage. Sans compter le déplacemen­t des pompiers, des policiers et du Raid si l’état demandait un dédommagem­ent. En attendant le procès prévu le 31 mars prochain, les juges ont décidé de placer Pascal en détention provisoire. Ils ont répondu à la demande du procureur de la République.

Procès fin mars

« Il serait dangereux de prendre le risque d’une nouvelle action de ce type. Nous ne pouvons le permettre. Ce qu’il a fait a eu un retentisse­ment grave, a généré un sentiment d’insécurité. Et tout cela répondait à un désir particuliè­rement malsain de voir ce qu’une alerte à la bombe donnait ».

D’ici le procès, Pascal devra aussi se soumettre à une nouvelle expertise psychiatri­que.

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