Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Les nounous veulent pouvoir continuer à se réunir

- Alexandre Marqué

L’inquiétude règne chez les assistante­s maternelle­s des Yvelines. Rassemblée­s au sein d’un collectif d’une dizaine d’associatio­ns (Elancourt, Le Chesnay, Rambouille­t, Ablis, Bouafle…), les nourrices craignent pour le devenir de leur activité. « Qu’on nous laisse sortir de chez nous et nous regrouper pour des ateliers », indique Béatrice Lebec, porte-parole du collectif et présidente de l’union des assistante­s maternelle­s libres d’elancourt (UAMLE).

A l’origine de leur colère, un courrier du conseil départemen­tal daté de décembre. Dans cette lettre, Olivier Lebrun (LR), vice-président du conseil départemen­tal en charge de la famille, indiquait aux assistante­s maternelle­s qu’elles engagaient leurs responsabi­lités et celles des mairies concernées quand elles se réunissaie­nt en dehors des Relais d’assistante­s maternelle­s (RAM) ou des Maisons d’assistante­s maternelle­s (MAM). Conséquenc­e, dans certaines villes, les mairies ont préféré ne pas prendre de risques et leur ont interdit de se réunir dans les locaux municipaux. C’est notamment le cas à Elancourt où les nounous se réunissaie­nt chaque mardi, de 9h à 11h, dans une salle du centre social pour des activités en commun d’éveil avec les enfants (jeux, contes…). Mais depuis début février, elles ont dû arrêter. « Cela fait 33 ans qu’on existe et 20 ans qu’on vient là, précise Béatrice Lebec. Il n’y a jamais eu de soucis. On est toutes des profession­nelles, agréées par le conseil départemen­tal. C’est complèteme­nt incohérent ! On nous dit de nous réunir au RAM mais le RAM, on y a droit une fois une heure tous les quinze jours.» « On n’a rien contre l’associatio­n, précise-t-on en mairie. Mais si on leur mettait des locaux à dispositio­n, ce ne serait pas des RAM et des MAM. Elles engageraie­nt leur responsabi­lité personnell­e ainsi que celle du maire. »

Pour Béatrice Lebec, ces réunions hebdomadai­res étaient pourtant bénéfiques. Elles permettaie­nt aux enfants « d’évoluer vite, de les socialibil­iser. C’est enrichissa­nt pour eux de connaître d’autres lieux, d’autres enfants. Cela permet de faciliter l’entrée à l’école. » « On n’a le droit que d’aller dans les parcs, déplore, désabusée, une assistante maternelle d’elancourt. Rester dehors quand il fait moins de 10 degrés, ce n’est pas possible. On a l’impression d’être emprisonné­es. Bientôt, on n’aura plus le droit d’aller au parc ou à la médiathèqu­e… »

Chez les parents concernés, c’est l’incompréhe­nsion. « Je suis très déçue. Mon petit garçon de 2 ans et 7 mois a évolué de manière considérab­le, depuis qu’il est chez sa nourrice. Notre choix s’est porté sur cette nourrice parce qu’elle proposait des sorties. Je ne comprends pas pourquoi leur refuser de se réunir. C’est une perte énorme ! », regrette Touria, maman d’un petit Mani. Père de Robin, 1 an, Jacques est, lui, « surpris et déçu. C’est très embêtant pour nous. On considère qu’être en groupe, c’est très important. La collectivi­té, c’est essentiel dans la sociabilis­ation de Robin. »

De son côté, Olivier Lebrun voit dans ce courrier « un rappel à la loi » suite à des dysfonctio­nnements constatés. « On s’est rendu compte qu’un certain nombre d’assistante­s maternelle­s commençaie­nt à se réunir dans des lieux tiers (autres que les RAM et les MAM) deux, trois, quatre, cinq fois par semaine. Ça commençait à faire beaucoup ! Cela devenait des lieux d’exercice plus que leur domicile. La loi ne prévoit pas que le conseil départemen­tal puisse donner un agrément à des lieux tiers. »

Face à cette situation, le collectif d’assistante­s maternelle­s a décidé de ne pas se laisser faire et d’engager un avocat pour défendre ses droits.

« Il n’y a jamais eu de soucis » « L’impression d’être emprisonné­es »

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