Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Les nounous veulent pouvoir continuer à se réunir
L’inquiétude règne chez les assistantes maternelles des Yvelines. Rassemblées au sein d’un collectif d’une dizaine d’associations (Elancourt, Le Chesnay, Rambouillet, Ablis, Bouafle…), les nourrices craignent pour le devenir de leur activité. « Qu’on nous laisse sortir de chez nous et nous regrouper pour des ateliers », indique Béatrice Lebec, porte-parole du collectif et présidente de l’union des assistantes maternelles libres d’elancourt (UAMLE).
A l’origine de leur colère, un courrier du conseil départemental daté de décembre. Dans cette lettre, Olivier Lebrun (LR), vice-président du conseil départemental en charge de la famille, indiquait aux assistantes maternelles qu’elles engagaient leurs responsabilités et celles des mairies concernées quand elles se réunissaient en dehors des Relais d’assistantes maternelles (RAM) ou des Maisons d’assistantes maternelles (MAM). Conséquence, dans certaines villes, les mairies ont préféré ne pas prendre de risques et leur ont interdit de se réunir dans les locaux municipaux. C’est notamment le cas à Elancourt où les nounous se réunissaient chaque mardi, de 9h à 11h, dans une salle du centre social pour des activités en commun d’éveil avec les enfants (jeux, contes…). Mais depuis début février, elles ont dû arrêter. « Cela fait 33 ans qu’on existe et 20 ans qu’on vient là, précise Béatrice Lebec. Il n’y a jamais eu de soucis. On est toutes des professionnelles, agréées par le conseil départemental. C’est complètement incohérent ! On nous dit de nous réunir au RAM mais le RAM, on y a droit une fois une heure tous les quinze jours.» « On n’a rien contre l’association, précise-t-on en mairie. Mais si on leur mettait des locaux à disposition, ce ne serait pas des RAM et des MAM. Elles engageraient leur responsabilité personnelle ainsi que celle du maire. »
Pour Béatrice Lebec, ces réunions hebdomadaires étaient pourtant bénéfiques. Elles permettaient aux enfants « d’évoluer vite, de les socialibiliser. C’est enrichissant pour eux de connaître d’autres lieux, d’autres enfants. Cela permet de faciliter l’entrée à l’école. » « On n’a le droit que d’aller dans les parcs, déplore, désabusée, une assistante maternelle d’elancourt. Rester dehors quand il fait moins de 10 degrés, ce n’est pas possible. On a l’impression d’être emprisonnées. Bientôt, on n’aura plus le droit d’aller au parc ou à la médiathèque… »
Chez les parents concernés, c’est l’incompréhension. « Je suis très déçue. Mon petit garçon de 2 ans et 7 mois a évolué de manière considérable, depuis qu’il est chez sa nourrice. Notre choix s’est porté sur cette nourrice parce qu’elle proposait des sorties. Je ne comprends pas pourquoi leur refuser de se réunir. C’est une perte énorme ! », regrette Touria, maman d’un petit Mani. Père de Robin, 1 an, Jacques est, lui, « surpris et déçu. C’est très embêtant pour nous. On considère qu’être en groupe, c’est très important. La collectivité, c’est essentiel dans la sociabilisation de Robin. »
De son côté, Olivier Lebrun voit dans ce courrier « un rappel à la loi » suite à des dysfonctionnements constatés. « On s’est rendu compte qu’un certain nombre d’assistantes maternelles commençaient à se réunir dans des lieux tiers (autres que les RAM et les MAM) deux, trois, quatre, cinq fois par semaine. Ça commençait à faire beaucoup ! Cela devenait des lieux d’exercice plus que leur domicile. La loi ne prévoit pas que le conseil départemental puisse donner un agrément à des lieux tiers. »
Face à cette situation, le collectif d’assistantes maternelles a décidé de ne pas se laisser faire et d’engager un avocat pour défendre ses droits.
« Il n’y a jamais eu de soucis » « L’impression d’être emprisonnées »