Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Philippe Vandeputte, ambassadeu­r des petits producteur­s

- Pascale Tessier

Arrêté le tracteur, fini les moissons, et si Philippe Vandeputte reste agriculteu­r dans l’âme et fier de ce que ses grands-parents et parents ont bâti avant lui, il n’acceptait plus que les 200 ha de son exploitati­on soient soumis aux aléas climatique­s et qu’une mauvaise météo ruine toute une récolte. Surtout, il en avait « marre d’être tout seul sur mon tracteur, sans voir personne ».

Désormais, un voisin s’occupe de ses grandes cultures, tandis que Philippe embrasse une carrière différente qui ne sacrifie plus la vie familiale avec son épouse et leurs deux filles. De ses blé, orge, colza, il garde le goût du bon et se fait à la fois commercial et animateur pour proposer des produits qui n’ont pas parcouru plus de 30 km pour venir à lui. Que ce soit de Crespières, Seraincour­t, Bouafle, Triel-sur-seine, Épône, La Boissière-école, Grignon, Chauvry…, 95 % de ses fruits, légumes, produits fermiers, confitures, pâte à tartiner chocolat, biscuits fins, miel, huile, etc. proviennen­t des Yvelines ou du Val d’oise et quand il s’approvisio­nne en Essonne ou en Eure-et-loir c’est qu’il n’a pas trouvé plus près une égale qualité.

À Médan le vendredi

Il y a deux ans, Philippe a commencé par pousser la porte des entreprise­s, afin de pouvoir livrer des paniers aux salariés passant commande sur son site. Un portefeuil­le de dix sociétés et une trentaine de clients chaque fin de semaine lui ont ainsi donné envie d’accroître son activité. Des marchés hebdomadai­res sur des parkings de centres commerciau­x lui offraient de la visibilité mais attaquaien­t trop son bénéfice pour qu’il continue. Il n’est donc plus présent qu’à Médan le vendredi matin, et vient d’ouvrir une boutique dans sa Ferme de la Muette, la dernière de la RD113 avant Paris.

Trois fois par semaine (mercredi, vendredi samedi), il y propose des fruits et légumes de saison, issus de l’agricultur­e raisonnée, remarquabl­es par « leur fraîcheur, leur qualité, leur diversité ou leur originalit­é ». Aux asperges d’avril succéderon­t les fraises de mai puis les autres fruits rouges et les poivrons. Aux côtés des produits récoltés, on trouve des crottins, un persillé de chèvre, une huile de caméline ou de sésame, un caramel beurre salé, des légumes secs, du miel, une terrine de poulet ou de poisson, un jus de poire ou des confitures que l’originalit­é des alliages (courge spaghetti, pomme de terre-vanille, carotte-épices douces, etc.) incite à découvrir.

« Je ne négocie pas les prix des producteur­s »

La force de Philippe Vandeputte n’est pas d’être seul sur ce créneau de la vente à la ferme, mais « de n’avoir que de petits producteur­s, nombreux, qui me permettent de proposer une trentaine de références tout au long de l’année ». C’est aussi de connaître les produits qu’il vend et de savoir en parler. Ses prix ne rivalisent pas avec ceux des hypermarch­és (mais il estime les dépasser en qualité) mais il se sent compétitif par rapport aux magasins spécialisé­s. « Les producteur­s fixent les prix, je ne négocie pas, et si je n’ai pas de prix d’appel c’est parce qu’ils n’en ont pas non plus », affirmet-il. Et lorsqu’il met « toutes les pommes à 3€ le kilo alors que certaines ne me laissent pas de marge » c’est par simplicité pour le client et pour lui permettre de découvrir d’autres saveurs.

Sans jamais regretter la tenue d’agriculteu­r, Philippe endosse avec un bonheur quotidien celle qui lui permet « d’être au contact des gens et d’avoir de la reconnaiss­ance. On ne me disait jamais que mon blé était bon car personne ne savait qu’il venait de chez moi. Là, quand quelqu’un me dit s’être régalé avec mes radis de toutes les couleurs, c’est un vrai bonheur ».

Dans sa ferme de la Muette à Ecquevilly, Philippe Vandeputte a troqué le tracteur pour la vente de produits yvelinois et valdoisien­s.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France