Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

« Donne-moi ton sac ou je te crève ! »

- Da. G.

Sa victime, en larmes, est venue à la barre raconter sa terreur, l’angoisse et la peur qui l’étreignent depuis les faits. « Il aurait pu me trancher la gorge. J’aurais pu ne pas être là. »

Inconnu de la justice

Younes (20 ans), inconnu jusque-là de la justice, comparaiss­ait le 5 avril pour avoir volé sous la menace d’un couteau de cuisine un sac à main, quarante-huit heures plus tôt dans un quartier résidentie­l de Viroflay. Il est aux alentours de 17 h 45, ce 3 avril rue Joseph-bertrand. Estelle (*) rentre du travail. Elle s’apprête à entrer dans son immeuble quand un homme surgit, la bouscule puis lui place la lame de son arme blanche sous la gorge. « Donnemoi ton sac ou je te crève ! » Estelle s’exécute.

Son agresseur prend aussitôt la fuite en direction de la forêt. Un cycliste, puis un voisin, alertés par les cris de la victime, décident de poursuivre le malfaiteur. Estelle, accompagné­e par son fils, leur emboîte le pas. Le trio ne tarde pas à retrouver le voleur, qui a rejoint un ami. Le mis en cause essaie de dissimuler le sac dans un buisson mais décide finalement de le restituer. Estelle s’apercevra plus tard que 30 euros ont disparu de son portefeuil­le.

Quand la police est prévenue, les deux individus ne sont déjà plus là. La victime et les bons samaritain­s ne les ont pas retenus. Mais le principal mis en cause est déjà identifié. Le fils d’estelle et lui ont fréquenté le même collège. Younes sera interpellé le lendemain matin, affalé et endormi tout habillé sur le canapé du domicile de ses parents.

C’est là, lorsque son père partait au travail, que le jeune homme venait voler quelques heures de sommeil avec la bénédictio­n de sa mère. Depuis deux semaines, il était à la rue, chassé par son père. C’est le mobile de son geste fou. « J’avais besoin d’argent, a reconnu l’intérimair­e, sans activité profession­nelle depuis trois mois. C’était ce qui m’apparaissa­it le plus simple. » « Moi aussi on m’a mis à la porte quand j’étais plus jeune et ce n’est pas pour ça que j’ai agressé des gens », a lancé Estelle. « Je tiens vraiment à m’excuser, je regrette. Vous ne devez pas avoir peur de moi. Si je vous recroise, je vous dirai même bonjour. C’était un geste puéril. » « Puéril ? Plutôt criminel », a souligné la présidente.

Un an de prison ferme

« Ses regrets sont sincères et réels,a plaidé son avocate après les 2 ans requis par la procureure. Un sursis marquerait aussi les esprits. Il est borderline et je ne crois pas qu’il sera à bonne école à la maison d’arrêt de Bois-d’arcy. »

Couvé du regard par sa petite copine, qui lui a murmuré « je t’aime » à l’issue du verdict, Younes a finalement été condamné à 2 ans de prison, dont 12 mois avec sursis et mise à l’épreuve. (*) Le prénom a été modifié.

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