Le roi Arthur : la légende d’excalibur

Sur le papier, l’idée paraît saugrenue : confier à Guy Ritchie, cinéaste nerveux spécialiste des gangsters anglais, une relecture du « Roi Arthur » à sa sauce. Mais ce serait oublier que celle-ci a bien pris sur les « Sherlock Holmes » ou le récent « Agents très spéciaux », et qu’il peut sortir des rues malfamées britanniques sans pour autant se renier, surtout qu’il n’est pas le premier à s’atteler à cette entreprise, après le « Excalibur » de John Boorman ou les versions comiques concoctées par Alexandre Astier (« Kaamelott ») et les Monty Python (« Sacré Graal »). Autant d’adaptations réussies (et plus ou moins fidèles) auxquelles il convient désormais d’ajouter celle-ci, malgré toutes les libertés qu’elle prend. Non dénué d’humour, le long métrage fait du héros un jeune voyou qui découvre son destin le jour où il retire la célèbre épée Excalibur de la pierre dans laquelle elle est insérée, et s’attire les foudres de Vortigern, souverain en place après avoir usurpé le trône. Un méchant incarné par Jude Law dont on regrettera le côté binaire, là où son adversaire est plus nuancé : ni grosse brute, ni petit malin, ni preux chevalier, le personnage à qui Charlie Hunnam prête ses traits a tout à fait sa place dans le cinéma de Guy Ritchie, que ce soit dans les scènes d’action ou les dialogues, où il fait parler son charisme. Traversé d’images marquantes et soutenu par une bande-originale d’une grande puissance, ce « Roi Arthur » trébuche néanmoins sur ses effets spéciaux, qui ne resteront pas comme les plus réussis de l’année, et une scène étrangement filmée, pourtant grandement mise en avant lors de la promotion. Et c’est peut-être ce qui a effrayé le public aux Etats-unis, où le film a réalisé une vraie contre-performance. Rares sont pourtant les blockbusters actuels dotés d’un vrai style et capables de prendre autant de risques. Un fait que l’on ne peut pas reprocher à ce long métrage, surtout quand le résultat paye comme c’est ici le cas. Et c’est d’autant plus frustrant que les suites envisagées devraient passer à la trappe à cause des résultats du box-office, alors qu’on aurait bien aimé voir les Chevaliers de la Table Ronde dirigés par Guy Ritchie.