Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

La détenue passait commande par SMS

- F. D.

Certains sont prêts à tout faire par amour C’est le cas de Bakari. Il ne se doutait pas qu’en répondant favorablem­ent à un SMS très particulie­r, il allait terminer devant le tribunal correction­nel de Versailles. « On m’avait dit que tout se passerait bien. » Le 14 août dernier, l’homme de 32 ans se rend à la maison d’arrêt pour femmes de Versailles (Maf). Il compte profiter d’un parloir avec sa petite amie, Amel. Il compte aussi lui remettre des cadeaux très particulie­rs : deux téléphones portables miniatures et 38 grammes de résine de cannabis. Il a glissé le tout dans une pochette.

Sous les parties génitales

Il l’a dissimulée sous ses parties génitales. Il pense que la cachette est parfaite pour tromper la vigilance des gardiens. Mais il a oublié le portique de sécurité. La sonnerie détecte les téléphones. Il est fouillé. Son colis est découvert.

À qui sont destinés ces objets ? Bakari obtempère immédiatem­ent. Il répond à une demande de sa conjointe en détention. Depuis sa cellule, Amel lui aurait envoyé un SMS. Elle est aussi arrêtée.

Jugé deux jours plus tard, Bakari a tenté de dédouaner sa compagne. « Elle n’était pas au courant car je crois qu’elle était au mitard. Je pense que j’étais en contact avec une autre détenue qui se faisait passer pour elle. » Amel confirme : « Je ne l’ai pas contacté et je n’étais même pas au courant qu’il venait. Je sais qui lui a envoyé un SMS mais je ne veux pas donner son nom. »

Cette stratégie de défense pourrait fonctionne­r, d’autant plus que ce téléphone semble servir à beaucoup de détenues. Il passerait ainsi de cellule en cellule et n’a toujours pas été retrouvé. Les enquêteurs ont dénombré près de 115 interlocut­eurs différents ces quatre derniers mois sur la ligne. Mais Amel aurait très bien pu passer commande avant de partir en quartier disciplina­ire, où elle a avait été envoyée pour une histoire de… téléphone portable d’ailleurs…

Un téléphone collectif

« On peut se raconter des histoires, établir des plans. Les faits sont là. Il allait lui rendre visite à elle et personne d’autre, a soutenu le procureur de la République. Je requiers six mois d’incarcérat­ion. »

Après en avoir délibéré, les juges ont prononcé une peine de trois mois de détention pour chacun. Amel, libérable le 19 octobre prochain, devra donc attendre début 2018 pour recouvrer la liberté. Elle avait été placée en détention à la suite à de multiples conduites sans permis.

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La maison d’arrêt pour femmes de Versailles (archives).

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