Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Il se casse une jambe en cellule après avoir brisé celle de sa compagne
On l’a entendu avant même qu’il ne pénètre dans la salle d’audience. Sofiane (22 ans) a mis de longues minutes, le 25 août dernier, pour rejoindre le box des accusés depuis le dépôt du tribunal de Versailles. Béquilles en mains et soutenu par les policiers chargés de l’escorter jusque devant les juges, le jeune homme a fait son entrée le visage rongé par un masque de douleur.
La veille, en garde à vue, le prévenu s’est brisé le tibia volontairement en frappant, encore et encore, l’une de ses jambes contre les murs de sa cellule. La gravité de sa blessure nécessite une opération. On comprend mieux les raisons de sa souffrance. « Je voulais me suicider », expliquera-t-il plus tard.
Sofiane a été arrêté le 23 août à l’hôpital de Meulan-les Mureaux. Il était alors au chevet de sa compagne, à peine 18 ans, hospitalisée en orthopédie pour une fracture d’un tibia. La jeune femme avait été conduite au centre hospitalier par les pompiers dans la nuit du 21 au 22 août après une soi-disant mauvaise chute dans les escaliers menant à l’appartement du couple, situé aux Mureaux. La victime ne mettra que quelques heures à confier à une infirmière que l’accident est imaginaire. Cette dernière avertira aussitôt la police. Le témoignage livré par Marianne (*), qui s’est vue prescrire 90 jours d’incapacité totale de travail, lors de son audition est glaçant. « Je voulais le quitter parce que je ne supportais plus qu’il me frappe. Il me faisait peur. Il s’en était déjà pris à ma soeur, qui avait voulu me défendre. Ce soir-là, il m’a d’abord mis une claque. Ensuite, il m’a attrapé par les cheveux avant de me jeter par terre et de me traîner sur le sol sans me lâcher. Et il a frappé ma jambe avec ses pieds, plusieurs fois. Il m’a obligé à descendre les escaliers sur les fesses. Il a ensuite prévenu les pompiers et inventé cette histoire d’accident. »
Sofiane et Marianne s’étaient connus à Dieppe (Seine-maritime), où l’accusé a eu maille à partir avec la justice (1 an ferme pour violence en réunion et port d’arme prohibé). En mars dernier, à sa sortie de prison, le prévenu a décroché un emploi d’intérimaire à l’usine Renault de Flins. Il a emmené son nouvel amour à Franconville (Val-d’oise), puis aux Mureaux, « pour me rapprocher de mon travail ». Face aux accusations portées contre lui, Sofiane n’a pas cherché à fuir ses responsabilités. « J’ai encore merdé. J’ai perdu ma femme, que j’aime plus que ma mère. Si je perds mon travail, j’aurais tout perdu. »
Un récit glaçant Procès en octobre
La violence de Sofiane n’était pourtant pas la première préoccupation de la justice ce 25 août. Son comportement suicidaire et son instabilité chronique ont d’ailleurs poussé les juges à renvoyer son procès au 6 octobre. Le procureur de la République et l’avocate de permanence ont obtenu l’expertise psychiatrique complémentaire qu’ils appelaient de leurs voeux. « Sa dangerosité ne fait aucun doute mais la question de sa responsabilité pénale se pose », avait notamment évoqué auparavant le ministère public.
(*) Le prénom a été modifié.