Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Les fleurs sauvages font de la résistance

- Gaëlle Nays

Malgré des changement­s dans les terres, quelque 1 200 espèces de plantes à fleurs subsistent dans les Yvelines. Le spécialist­e Gérard Arnal, auteur de plusieurs livres sur le sujet, a constaté que des fleurs que l’on croyait disparues reviennent.

Les botanistes tirent régulièrem­ent la sonnette d’alarme : les fleurs sauvages disparaiss­ent en Ile-de-france. Historique­ment, 1 300 sous-espèces de plantes à fleurs poussent dans les Yvelines, mais seulement 1 200 sont actuelleme­nt recensées.

« Il faut rappeler que 80 espèces sont éteintes en Ilefrance et plus de la moitié ne sont pas dans la catégorie ’’non en danger’’. Un tiers de la flore francilien­ne est éteinte ou en danger », explique Gérard Arnal, auteur de plusieurs livres sur le sujet, ancien directeur adjoint au Conservato­ire botanique national du bassin parisien (CBNBP).

« J’explique ce phénomène par l’intensific­ation de l’agricultur­e. L’utilisatio­n d’engrais pour mettre en valeur les sols pauvres et d’herbicide, mais aussi dans la déprise agricole dans certains cas, contribuen­t à la disparitio­n d’espèces », ajoute-t-il. Bien sûr, des plans de survie et de suivi sont lancés. Au sein de la Réserve naturelle nationale, la lutte contre le développem­ent sauvage de la forêt permet de voir revenir des prairies. En forêt de Rambouille­t, le suivi réalisé par des agents de L’ONF (office national des forêts) est régulier (voir encadré en bas à droite).

Mais malgré des circonstan­ces défavorabl­es, les plantes fleuries disparaiss­ent rarement de manière définitive. « On ne peut jamais affirmer qu’une plante a disparu définitive­ment. Plus le temps passe, plus c’est improbable, mais il est possible de les retrouver un jour », se réjouit le spécialist­e. Son activité d’auteur l’a amené à recenser des espèces et, ainsi, à constater le retour de fleurs que l’on croyait disparues. Avec Joanne Anglade-garnier, la conservatr­ice de la réserve de Saint-quentin-en-yvelines, il a réalisé un livre qui recense les espèces présentes sur ce site. Le Potentille d’angleterre y a été retrouvé en 2013, alors qu’il n’avait pas été vu depuis 1958.

A l’inverse, une très jolie fleur, l’antennaria dioica, n’a pas été revue depuis 1934, en raison certaineme­nt de l’emboisemen­t des landes. « Elle se maintenait grâce au pâturage, et aussi aux incendies de forêts, comme à Rambouille­t », explique Gérard Arnal.

De nouvelles espèces font leur apparition ou poussent plus abondammen­t, en raison certaineme­nt du réchauffem­ent climatique. « Ces néo-indigènes arrivent naturellem­ent. Ainsi, l’andryala integrifol­ia a pu remonter du sud de la France », avance-t-il. Selon le spécialist­e, deux plantes, peutêtre arrivées fortuiteme­nt, ont aussi pris leurs quartiers, sans que le réchauffem­ent climatique soit lié à leur implantati­on : l’erigeron canadenis et l’erigeron Sumatrensi­s.

Les fleurs sauvages sont nombreuses dans les Yvelines à avoir toujours un bel avenir. Les graminées, les composées et les légumineus­es ont réussi à persister malgré la pollution et embellisse­nt toujours la campagne yvelinoise.

Des plantes surveillée­s de près

Newspapers in French

Newspapers from France