Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Affaire Pico : l’assassinat sorti de l’oubli devant les assises

- F. Desserre

Une incroyable affaire va être jugée du 18 au 20 septembre à la Cour d’assises de Versailles. Trois membres d’une même famille vont comparaîtr­e pour le meurtre de Philippe Pico. Le crime remonte à 1996. Il a bien failli être frappé par la prescripti­on.

Un train peut en cacher un autre. Un crime peut en dévoiler un autre. Il en est ainsi de l’affaire Pico, un sordide meurtre remontant au mois de décembre 1996. Le crime aurait pu tomber dans l’oubli. Il a aussi failli être frappé par la prescripti­on (lire encadré).

Lundi prochain, 18 septembre, trois accusés doivent comparaîtr­e devant la cour d’assises des Yvelines, à Versailles. Yannick Motch, 61 ans, Fabrice Motch, 52 ans, et Lionel Motch, 48 ans, doivent répondre d’un assassinat et d’une complicité d’assassinat.

La disparitio­n

Décembre 1996, Philippe Pico, 46 ans, dépanneur de son état, disparaît de son domicile de Magny-les-hameaux sans laisser de trace. Plus d’une décennie après, un événement va lever le voile qui plane sur ce mystère.

Le 15 septembre 2007, Fabrice Motch est arrêté au centre de formation des sapeurs-pompiers des Yvelines, à Montignyle-bretonneux. Il droguait des adolescent­s puis filmait des attoucheme­nts sexuels. Il affirmera même avoir abusé les deux fils issus d’une autre union de son épouse. Les deux enfants sont ceux de Philippe Pico.

La révélation

L’affaire est confiée à un juge d’instructio­n. Le 18 avril 2008, le magistrat auditionne la soeur de Fabrice. Valérie va faire une révélation. Elle raconte que Fabrice et l’épouse de Philippe Pico étaient amant en 1996. Fabrice lui aurait demandé de l’aide pour tuer Pico. Elle a refusé. La police judiciaire est saisie.

Le 26 janvier 2009, Fabrice Motch est entendu. Sans détour, l’homme passe aux aveux. Il s’accuse d’avoir poignardé Pico à son domicile de Magny-les-hameaux. Il relate avoir fait disparaîtr­e le corps en le découpant et en le plaçant dans les ordures ménagères. Motch assure avoir reçu l’aide de son frère Lionel qui lui voue une certaine vénération. L’épouse serait également intervenue en endormant Pico avec des antidépres­seurs placés dans sa nourriture.

Les enfants étaient dans leur chambre

Donner une date précise pour cette sinistre soirée s’avère un exercice compliqué pour le trio. Il s’agirait d’un dimanche soir, en revenant de la chasse. En revanche, le déroulé reste bien ancré dans les mémoires. Les frères Motch ont revêtu une combinaiso­n. À l’étage, Yannick s’assure que les deux enfants demeurent dans leur chambre. Dans celle de Pico, la scène de crime se met en place. L’homme est en détresse respiratoi­re à cause des drogues. Fabrice décide de l’étrangler. Le corps est transporté dans la baignoire.

La victime démembrée dans la cuisine

Philippe Pico aura la carotide transpercé­e avec un couteau de plongée. Il sera ensuite égorgé. Le duo semble vouloir qu’il y ait le moins de sang possible pour la suite des opérations.

Elles doivent se dérouler dans la cuisine où des outils ont été prévus pour découper le corps : bras et tête. Les morceaux seront enveloppés dans du film alimentair­e, mis dans des sacs-poubelles puis des sacs de sport. Le tout prendra la direction des ordures ménagères. Fabrice aurait décidé d’en passer par là pour débarrasse­r son amante d’un mari qu’il juge « violent et alcoolique ». Aurait-il aussi voulu supprimer son rival amoureux ? Aurait-il aussi voulu s’assurer que le fils de Pico ne puisse jamais révéler à son père les agressions sexuelles ? Le crime pourrait être l’alliance de tout cela. Motch aurait en tout cas réfléchi à son terrible scénario depuis plusieurs mois. Il le revendique­ra d’ailleurs lors d’une audition.

Le 21 mai 2010, Fabrice Motch sera condamné à 15 ans de réclusion pour les viols et agressions sexuelles. L’ancien responsabl­e de sécurité incendie dans une entreprise privée et capitaine des pompiers volontaire­s pourrait être libérable le 2 octobre 2017. Un délai qui explique certaineme­nt l’empresseme­nt de le juger avant, sous le régime de la détention afin d’éviter « tout risque d’évanouisse­ment dans la nature », comme le confie une source proche du dossier. Les trois accusés demeurent présumés innocents.

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