Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

« Il y aura à Maisons-laffitte comme partout une relève »

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Jean-françois Tassin, maire-adjoint, est engagé dans la bataille des élections sénatorial­es sur une liste « macron-compatible » à des années-lumière du positionne­ment du maire Jacques Myard. Y aurait-il de la friture au sein de la majorité municipale ?

Le 4e adjoint de Maisons-laffitte (développem­ent, activités économique­s, emploi, services publics délégués et tourisme), âgé de 76 ans, figure au 3e rang sur la liste menée par le sénateur sortant Philippe Esnol (Cf: p.16). S’il estime que son positionne­ment ne trouble en rien la cohésion et l’action municipale, il admet en revanche, entre les lignes, qu’une page s’apprête à être tournée. Le Courrier des Yvelines : Quel est le positionne­ment politique de la liste « Ensemble pour notre territoire » ?

Jean-françois Tassin : Nous sommes résolument favorables aux orientatio­ns actuelles du gouverneme­nt. Enfin s’engagent les réformes que la gauche n’a jamais voulu faire et que la droite n’a jamais pu faire. Nous ne sommes pas pour autant inféodés et gardons notre capacité de critique. S’agissant des collectivi­tés locales, il y a bien sûr des soucis. Remarquons cependant que les mesures d’économie qui leur sont demandées et la diminution des contrats aidés figuraient aussi dans le programme du candidat François Fillon. Tout maintenant est dans la méthode. Il faut résolument engager la réduction du millefeuil­le territoria­l, seule possibilit­é réelle de peser sur les coûts de fonctionne­ment. Jacques Myard, maire de Maisons-laffitte, avec qui vous faites équipe depuis 1989, conduit sa propre liste. Cela ne fait-il pas un peu désordre ?

Je ne le pense pas. L’essentiel est que nous soyons d’accord sur l’action municipale. Sur ce sujet, il n’y a pas de soucis. Maintenant, que Jacques Myard et moi ne soyons pas sur la même ligne politique, ce n’est pas un scoop, même si nous partageons un même socle de valeurs républicai­nes et particuliè­rement la laïcité. Alors, qu’est-ce qui vous différenci­e ?

En résumé, je me situe depuis toujours résolument au centre et très attaché à la constructi­on européenne, tandis que Jacques est sur une ligne plus souveraini­ste et sceptique face à l’euro. Cela a entraîné entre nous de vives discussion­s. Je dois à cet égard lui reconnaîtr­e le talent de mettre le doigt sur les contradict­ions et les insuffisan­ces du modèle européen actuel. Cela stimule ma réflexion mais consolide mes conviction­s ! En fait, l’un pense que les remèdes à notre situation résident dans un approfondi­ssement de la constructi­on européenne alors que l’autre prône au contraire un renforceme­nt de la souveraine­té nationale. Janick Gehin, 7e adjointe, a officielle­ment apporté son soutien à la liste sortante de Gérard Larcher. N’est-ce pas un désaveu à Jacques Myard et, surtout, un signe clair de fracture au sein du conseil municipal ?

Janick Gehin est sur une ligne LR « canal historique ». Il y a donc trois sensibilit­és au sein de la majorité municipale et cela fait notre richesse ! La défaite de Jacques Myard aux législativ­es n’est pas anodine. Son contrôle du conseil municipal n’est-il pas affaibli depuis cet été ?

Cette défaite, inattendue, a surpris. Mais elle résultait d’une vague de fond qui, en fait, dépersonna­lise cet échec. Les sénatorial­es constituen­t pour lui une sorte de quitte ou double. Mais il est homme à prendre des risques. Pour revenir précisémen­t à votre question, je pense sincèremen­t que notre cohésion sur le projet municipal est solide. Jacques Myard a suffisamme­nt de personnali­té et d’intelligen­ce pour éviter d’attiser les tensions. On peut s’interroger malgré tout sur la cohérence politique de la majorité municipale ?

Bien sûr, il y a une difficulté. Jusqu’à présent, droite et centre étaient alliés dans une même action politique. Mais Rome n’est plus dans Rome ! Désormais, on se trouve confronté à un paysage politique morcelé avec plusieurs gauches, plusieurs droites et un centre important, mais composite. Une chatte n’y retrouvera­it pas ses petits. Il faut laisser la situation se décanter en conservant calme et sérénité. Cela ne saurait troubler notre action municipale.

« Jacques Myard tente un quitte ou double » « Cela ne saurait troubler notre action municipale » « Place aux jeunes »

En 2020, il y aura de nouvelles élections municipale­s. Certains conseiller­s municipaux de la majorité ne cachent qu’à moitié leurs ambitions. Une « révolution » estelle en marche à Maisons-laffitte ?

D’ici là, de l’eau coulera sous les ponts. Les partis sont en pleine recomposit­ion. Or chacun sait que les partis sont comme les amicales de boulistes, mais sans l’amitié et sans les boules. Il y aura à Maisons-laffitte comme partout une relève. Pourriez-vous être candidat ?

Le temps ne coule pas à la même vitesse pour tout le monde ! Mais, comme disait le docteur Knock, la bonne santé dont je bénéficie est un état précaire qui ne présage rien de bon. Donc, pour ce qui me concerne, place aux jeunes ! Il ne faut pas oublier qu’en occupant les postes, et même en étant compétent, on empêche la nouvelle génération d’accéder aux responsabi­lités !

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