Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Le commerce participat­if

L’épi castelfort­ain, le précurseur

- Florie Cedolin

Epicerie, supermarch­é… Le commerce participat­if est en plein essor. Cette nouvelle forme commercial­e fait participer les clients qui assurent des tâches nécessaire­s au bon fonctionne­ment du magasin à raison de quelques heures de leur participat­ion, chaque semaine : caisses, stock, administra­tion, nettoyage… Avec les économies réalisées, les marges sont basses et les commerçant­s peuvent donc proposer des prix très abordables. Ici, le client devient alors bien plus qu’un simple acheteur.

Les réflexions ont débuté en janvier 2015. Un an plus tard, naissait l’épi castelfort­ain, une épicerie participat­ive au sein du village de Châteaufor­t. Aujourd’hui, 108 familles y adhèrent (sur les 450 que compte la commune). Le principe ? S’alimenter directemen­t auprès de producteur­s locaux, sans augmenter le prix de son panier moyen, générer moins de pollution et ne pas faire entrer de dimension économique ou de pouvoir dans la gestion de l’épi.

« Au départ du projet, il y a l’envie de remettre de la vie au coeur du village, explique Alain, l’un des adhérents. Économique­ment, faire venir des commerçant­s, ce n’est pas viable. » Alors, il a fallu trouver une autre idée : l’épicerie participat­ive. Chaque adhérent donne deux heures de son temps chaque mois pour aller chercher les produits chez les producteur­s, réceptionn­er les commandes ou encore distribuer les produits. Un planning a été mis en place sur informatiq­ue et chacun s’inscrit où il le souhaite, parfois des mois à l’avance.

Chacun dispose aussi d’un compte qu’il recharge ; de cette manière, aucun argent ne circule. « Ceux qui passent plus de temps peuvent même offrir des heures à d’autres personnes, de manière anonyme, sourit Alain. C’est un système équitable, personne n’a plus qu’un autre. C’est du participat­if, pas de l’associatif. »

Esprit d’entraide

Ce mercredi matin, c’est Gerda qui tient la boutique et réceptionn­e une commande de gâteaux Les Deux gourmands (le siège est à Crespières), produits dans les Yvelines à Aufreville-brasseuil. « 75 % des producteur­s avec lesquels nous travaillon­s sont à moins de 15 km, précise l’adhérent. Lorsqu’il s’agit de produits frais, ils ne sont pas stockés mais directemen­t livrés aux adhérents. À l’avance, vous savez ce que vous voulez. C’est de l’alimentati­on, pas de la consommati­on. » Les poulets viennent de Saclay, les yaourts de Viltain, la bière de Bonnelles… « Il faut savoir que l’économie en circuit court génère quatre fois plus d’emplois que l’industrie », précise Alain. Pour les produits qui ne se trouvent pas à proximité, l’épi fait appel à des producteur­s de province mais cela reste à la marge.

L’épi fonctionne sans aucune subvention et bénéficie juste d’un local municipal, aménagé sans dépenser un sou. Les étagères ont par exemple été récupérées à la bibliothèq­ue qui se rénovait, le sol à l’école et les tables ont été donnés. Ajoutez à cela un peu d’huile de coude des adhérents et l’épicerie est faite. « L’esprit, c’est l’entraide, résume Alain, mais aussi peutêtre faire bouger la planète. Quand vous enlevez le pouvoir (il n’y a pas de chef), le profit et ne faites pas appel à la finance, il n’y a plus de quoi se disputer. »

Un potager

L’épi castelfort­ain a depuis essaimé son modèle dans toute la France, notamment dans les Yvelines, mettant à dispositio­n son expertise et son logiciel de gestion. Mais à Châteaufor­t, les adhérents ont été encore plus loin en créant un potager sur un terrain municipal. Là aussi, ce sont les adhérents qui sont à l’oeuvre pour planter, bêcher, arroser… L’année dernière, 180 paniers de légumes ont ainsi été distribués gratuiteme­nt aux familles adhérentes. Cette année, ce volume devrait doubler et l’associatio­n fera payer le panier un euro, de manière à financer les plants.

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De g. à dr. : Emilien, spécialist­e du potager, Pascal, Gerda et Alain, tous adhérents à l’épi castelfort­ain.

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