Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

La poésie cash de Leïla Huissoud

Originaire d’un petit village du Nord Isère et basée dans l’ain, Leïla Huissoud, 22 ans, viendra présenter quelques morceaux de son premier album, L’ombre, au théâtre Alexandre-dumas de Saint-germain-en-laye, dans le cadre du festival L’estival.

- Recueillis par T.R.

Sur scène, vous chantez et vous jouez de la guitare. Quelle est votre formation musicale ?

Je n’en ai pas. J’ai un papa qui fait de la guitare en autodidact­e et j’ai un petit peu appris avec lui. On chante tous ensemble autour du feu, ce genre de chose. Je me souviens avoir reçu ma première guitare pour Noël vers l’âge de 8 ans, mais je n’y ai pas touché avant le lycée où j’ai commencé à jouer un peu.

Aujourd’hui vous jouez d’autres instrument­s.

Je joue un peu de piano et de basse. En réalité, je suis une arnaqueuse de la musique !

Ce n’est pas le cas de Kévin Fauchet, le musicien qui vous accompagne sur scène…

Kévin joue très bien de la guitare, du piano, de l’harmonica, en plus il chante. J’ai beaucoup appris avec lui. C’est aussi très agréable de pouvoir lâcher la guitare pour n’avoir plus qu’à chanter. Grâce à Kévin, je peux le faire.

Il sera présent à vos côtés pour le concert à Saint-germain-en-laye ?

Non, je serai seule. C’est une première partie où je chante environ pendant une demi-heure. Le spectacle complet dure une heure et quart. Là, je proposerai un medley et j’ajouterai sans doute une ou deux chansons qu’on est en train de travailler pour le nouvel album.

Votre premier album L’ombre, sorti en mars dernier, a bénéficié d’un financemen­t participat­if. A-t-il été difficile à accoucher ?

Oui ! Nous avons essayé de travailler en studio mais je trouvais que le rendu était plat, il n’y avait pas de vie. Alors, j’ai voulu le faire en live. Sauf qu’au niveau commercial, ce n’est pas du tout une bonne idée. Finalement, la petite boîte de production qui nous a pris (Jaspir prod) a dit : « c’est une mauvaise idée, faisons-le ! ». Nous avons déjà quelques dates à notre compteur et le CD a été enregistré lors des cinq premières dates. Aujourd’hui, sur scène, on retrouve la même ambiance que sur l’album, mais en plus construit. C’est aussi parce qu’on se connaît mieux avec Kévin.

Votre relation semble fusionnell­e sur scène. Est-ce la réalité, selon vous ?

Au départ, je n’avais pas envie de choisir un musicien selon un critère amical. Cela a d’abord été un choix musical. On s’est rencontré chez des amis en commun. Il a eu une réelle écoute par rapport à mes textes. Au fur et à mesure - et ça n’a pas été simple car nous sommes très différents - nous sommes devenus amis.

En quoi êtes-vous différents ?

Il a un côté romantique, très fleur bleue y compris dans sa manière de concevoir la musique, alors que j’ai plus un côté bourrin, cru. Je mets les pieds dans le plat tandis que lui il essuie ses pieds sur le paillasson. Je suis plus énervé que lui. Mais c’est hyperpréci­eux d’avoir quelqu’un de très différent à ses côtés. Il me fait grandir.

Est-ce important pour vous de jouer dans un festival qui célèbre la langue française comme l’estival ?

Oui, cela nous fait très plaisir ! Et puis jouer dans une salle, c’est un certain confort. On peut se permettre le silence, du suspens. Nous avons passé l’été à jouer sur des grandes scènes entre des groupes de rock ou de reggae, c’est difficile de capter le public mais c’est aussi un défi intéressan­t !

Vous aimez la poésie depuis très jeune et la musique, je crois, est venue ensuite comme une aide à l’élocution. Quel est votre rapport à la langue et aux mots ?

Complexe ! C’est une bagarre. Petit à petit, grâce à la musique, j’ai pu passer de l’écrit à l’oral. C’était presque impossible de traduire sur le papier ce que j’avais dans la tête. En passant par l’oral, quelque chose s’est débloqué. Aujourd’hui, c’est plus détendu avec les mots. On est potes ! (Rire)

Vos références sont Brassens, Moustaki, Barbara et vous rendez hommage à Alexis HK dans votre album. Quel serait le point commun entre tous ?

Une écriture précise, ciselée. Et puis un calme dans la puissance des mots. Ils disent des choses très fortes dans le calme.

Vous êtes donc davantage sensible aux textes qu’à la musique ?

Oui, j’ai du mal à être touchée par la musique… C’est une lacune qu’il me faut rattraper !

Y a-t-il des poètes actuels qui vous inspirent ?

J’ai appelé l’album L’ombre en hommage aux Paroles dans l’ombre de Victor Hugo. Je suis restée avec les classiques : Rimbaud, Hugo… Ce sont les premiers qui m’ont donné envie d’écrire. En tant que dyslexique, cela me paraissait super dur d’écrire et de lire. Mais j’ai découvert la poésie et pour moi lire une page de poésie, c’était lire un trésor. Cela m’a donné la possibilit­é de lire. Aujourd’hui, j’écoute des chanteurs, des rappeurs, des musiciens, mais je ne lis pas de poésie actuelle.

Même si la musique ne vous touche pas autant que les mots, avez-vous des références musicales ?

Pour l’album, j’ai écouté de la musique classique, notamment Pavane pour une infante défunte. J’y ai trouvé des choses. De la musique traditionn­elle également (bretonne, irlandaise…). J’ai pu être émue par des morceaux de jazz mais parce qu’il y avait du texte. Sans le texte, je serais passée à côté de la musique.

Si la musique n’avait pas fonctionné, qu’auriez-vous fait d’autre profession­nellement ?

Je me pose toujours la question. Ce serait bien d’avoir un diplôme pour faire quelque chose d’autre au cas où. Depuis la 3e je suis stressée parce que je ne sais pas ce que je veux faire plus tard. Aujourd’hui, je sais que j’aimerais écrire pour les autres, sans composer. Simplement mettre ma voix dans une autre bouche (sourire).

Travaillez-vous déjà sur un deuxième album ?

Nous sommes en train de le faire. Ce sera un album studio, arrangé et plus travaillé musicaleme­nt. On va commencer à l’enregistre­r en janvier dans les studios de L’hacienda, près de Lyon. Idéalement, l’album sortirait à l’automne 2018.

 ?? ©Geoffrey Saint Joanis ?? Découverte dans l’émission The Voice (3e saison), Leïla Huissoud sera à Saint-germain-en-laye pour interpréte­r son premier album.
©Geoffrey Saint Joanis Découverte dans l’émission The Voice (3e saison), Leïla Huissoud sera à Saint-germain-en-laye pour interpréte­r son premier album.

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