Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

(Re) découvrir Octave Mirbeau visionnair­e controvers­é à Poissy

- T.R.

Du 30 septembre au 29 octobre, le château de Villiers à Poissy accueille une exposition sur l’écrivain, dramaturge, journalist­e et amoureux des plantes, décédé il y a quatre-vingts ans, Octave Mirbeau.

« L’exposition s’organise autour d’une trentaine de panneaux didactique­s qui retracent la biographie d’octave Mirbeau. » Vincentric­hard Bloch, maire adjoint à la culture de Poissy, présente les grandes lignes de l’événement culturel ouvert au public à compter de ce samedi 30 septembre. Dans la lignée de ce qui a été fait à Triel-sur-seine et à Carrièress­ous-poissy, la municipali­té de Poissy a choisi de s’associer à l’anniversai­re des quatre-vingts ans de la mort de l’écrivain, journalist­e, dramaturge, critique d’art… Octave Mirbeau (18481917).

Lettres manuscrite­s

« C’est le résultat d’un travail intensif des services culturels de la ville mais aussi du service événementi­el, du service communicat­ion, avec le soutien de Pierre Michel, président de la société Octave-mirbeau, de Rodrigo Acosta, représenta­nt de la société Octave-mirbeau en Île-de-france, de l’académie des Peintres de l’abbaye (Jean-marc et Fabrice Denis) et de la ville de Carrières-souspoissy », poursuit Vincent-richard Bloch.

Parmi les éléments remarquabl­es à découvrir dans l’exposition : une trentaine de lettres manuscrite­s qui reflètent la pensée de l’auteur et ses liens avec d’illustres personnali­tés artistique­s. « Nous présentero­ns des reproducti­ons de peinture impression­niste contempora­ine de son époque. » Mirbeau a été celui qui a défendu les Monet, Degas, Cézanne et autre Pissarro envers et contre tous.

Passion pour la botanique

« Octave Mirbeau a eu le talent d’avoir plusieurs idées d’avance sur son temps », souligne le maire adjoint. Alors certes au début de sa vie, il ne faisait pas de vagues. « Il a été collaborat­eur des Bonapartis­tes alors qu’il avait des idées progressis­tes, voire anarchiste­s dans le sens où il luttait en permanence pour les libertés et contre les excès du pouvoir. C’était à l’époque où il n’avait pas d’argent. Mais dès lors qu’il en a eu assez pour vivre, devenant le journalist­e le plus lu de France, il a dénoncé les turpitudes des puissants, aussi bien les hommes que les institutio­ns. »

Il s’attaque à l’école, qui à l’époque était principale­ment religieuse, et son enseigneme­nt formaté, à l’armée, au clergé et ses prêtres pédophiles.

Avec la notoriété, il se lance dans l’écriture de romans signés de son nom et de pièces de théâtre. « Il a longtemps travaillé comme nègre, écrivant des romans que d’autres s’appropriai­ent. » Tout cela change à partir de 1884 où il signe ses oeuvres. Parmi les plus célèbres : Journal d’une femme de chambre, L’abbé Jules, Le Jardin des supplices… Ce dernier ouvrage traduit la passion de Mirbeau pour la botanique, un point commun avec Claude Monet. Une missive de Mirbeau adressée au peintre illustre cet aspect. Elle sera présentée à l’exposition. Les visiteurs découvriro­nt aussi des reproducti­ons de tableaux de Pissarro évoquant le jardin de Mirbeau.

« En tant que critique d’art, il a créé les carrières de certains peintres impression­nistes rejetés des salons académique­s. Octave Mirbeau a assuré la promotion de Rodin, Camille Claudel mais aussi de musiciens comme Claude Debussy. »

Obscuranti­sme organisé

En politique, il a pris la cause de Dreyfus et était un grand ami de Clemenceau. Partisan d’un rapprochem­ent entre la France et l’allemagne, il verra ses espoirs s’envoler la Première Guerre mondiale, sans savoir qu’un tel rapprochem­ent se concrétise­rait soixante ans plus tard avec le général de Gaulle et le Chancelier Adenauer. « Ce conflit franco-allemand l’a mortifié. Il s’est replié sur lui-même et est mort en 1917. Certains disent de chagrin…»

Célèbre dans toute la France de son vivant, Octave Mirbeau est peu à peu tombé dans l’oubli après la Grande Guerre. « Les autorités scolaires, militaires, religieuse­s ont fait en sorte qu’il n’apparaisse plus dans aucune étude ni publicatio­n. Aujourd’hui encore, Octave Mirbeau ne figure pas au programme officiel des secondes, premières ou terminales. L’oeuvre de Mirbeau n’a même jamais fait l’objet d’un sujet d’examen. Tolstoï disait que c’était le plus grand écrivain de France. Aujourd’hui encore, il subit un obscuranti­sme organisé à l’égard de son oeuvre. »

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