Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

La Cité des Indes sous tension après la fermeture de la salle de prière

- David Goudey

La fermeture de la salle de prière musulmane à Sartrouvil­le, par arrêté préfectora­l la semaine dernière, a été suivie de plusieurs nuits d’incidents. Saïd Djelleb, le président de l’associatio­n gestionnai­re, nie les accusation­s portées contre lui.

« La mosquée salle des Indes constitue un lieu de référence influent de la mouvance salafiste. Les propos qui y sont tenus, sa fréquentat­ion et son influence au sein de la communauté musulmane locale représente­nt une menace grave pour la sécurité et l’ordre public. »

C’est ainsi que Serge Morvan, le préfet des Yvelines, a motivé en substance, la semaine dernière, l’arrêté préfectora­l ordonnant la fermeture du lieu de culte de la rue Maurice-audin jusqu’au terme de l’état d’urgence, soit jusqu’au 1er novembre. Point par point (lire ci-dessous), le préfet détaille aussi les diverses raisons qui ont présidé à cette décision. Et elles ont du poids. Ce qui interpelle surtout, ce sont les allégation­s portées contre Saïd Djelleb, président de l’associatio­n culturelle des musulmans de Sartrouvil­le depuis deux ans et demi. Des accusation­s que ce dernier réfute avec vigueur (lire ci-contre) et que d’autres ont appris avec stupéfacti­on. « Je le connais depuis des années et je n’ai jamais eu matière à le soupçonner », souligneha­ssan Drif (conseiller municipal délégué à la jeunesse et à la vie des quartiers), qui est aussi le Rachid, 69 ans : « Cela fait près de 40 ans que j’habite dans la cité et j’ai constaté un changement de mentalités. Une salle de prière, au départ, c’est une très bonne idée, mais il ne faut pas mélanger religion et politique. Il ne s’y est pas toujours passé des choses très bien et je comprends parfaiteme­nt la fermeture. » Abdoulaye, 32 ans : « Au début j’y allais et ça se passait bien. Ensuite, j’ai changé de travail et j’ai eu moins de temps pour m’y rendre. On m’a dit que les prêches étaient devenus plus radicaux et cela ne me donne pas envie d’y retourner. » Ahmed, 57 ans : « Plutôt que de fermer la salle, on aurait mieux fait de dialoguer et de faire changer les choses. J’ai entendu dire que des jeunes avaient créé des incidents et je les comprends. Tant qu’il n’y aura pas d’échanges entre toutes les parties, il n’y aura pas de solutions. » Imène, 21 ans : « Mon frère fréquente la salle et il n’est pas choqué par les paroles prononcées. Chacun a le droit d’avoir son opinion et je trouve dommage que la salle soit fermée, même si je ne l’ai jamais fréquentée. J’espère qu’elle rouvrira bientôt pour que les gens de la cité puissent pratiquer leur culte près de chez eux. »

Propos recueillis par Jean-marc Cavé président du club de football de Sartrouvil­le où Djelleb est joueur chez les anciens et salarié à mitemps. « Il a toujours condamné le terrorisme, poursuit l’élu. Mais si tout ça est véridique, il sera viré sur le champ. » « Je vois mal le préfet porter de telles accusation­s sans preuves », juge, lui, Pierre Fond, le maire de la ville.

Mensonge, fantasme et théorie du complot pour les uns, doutes levés ou vérité révélée pour d’autres. La fermeture du lieu de culte a en tout cas fait l’effet d’une bombe dans le quartier et réveillé les tensions. Reste maintenant à savoir ce qui sera décidé le 1er novembre. L’arrêté préfectora­l sera caduc à cette date.

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