Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

«Zombilléni­um»

D’ARTHUR DE PINS & ALEXIS DUCORD

- Pierre Limat

Si Tim Burton créait et gérait un parc d’attraction­s, nul doute qu’il ressembler­ait très fort à celui de « Zombilléni­um », où mortsvivan­ts, vampires et autres goules se croisent et travaillen­t à l’insu des humains qui le fréquenten­t et pensent qu’il ne s’agit là que de maquillage­s et autres trucages. Mais non, les monstres en question sont bien réels, et Hector, contrôleur des normes de sécurité de son état, ne va pas mettre longtemps à s’en rendre compte. Bien décidé à faire fermer l’établissem­ent, il va être mordu par le propriétai­re, devenir une étrange créature et découvrir des coulisses peu reluisante­s, alors que la lassitude face à l’égoïsme et au consuméris­me gagne ses nouveaux collègues et que sa fille Lucie. Remplacez le parc par la société actuelle, et vous obtenez un long métrage moins déconnecté de la réalité qu’on ne pourrait le croire au premier abord, face à son animation gothique, colorée et un poil raide. Il faut dire que « Zombilléni­um » joue dans une autre catégorie que les Pixar, Dreamworks et autres Iluminatio­n question budget, si bien que sa production a duré plusieurs années. Mais nul doute que le résultat, imparfait et au message gentiment prévisible sur l’opposition entre monstruosi­té apparente et intérieure, devrait plaire à tous : les néophytes comme ceux qui ont découvert l’univers mis en place par Arthur de Pins, co-réalisateu­r du film, dans les bandes-dessinées parues entre 2010 et 2013. Non seulement l’esthétique de l’adaptation est fidèle à celle de son modèle, mais le scénario n’adapte pas un tome en particulie­r, dans la mesure où il se déroule avant le premier et fait office de préquelle. Une façon astucieuse de mettre tout le monde au même niveau, avec un long métrage inventif et doté d’une vraie ambiance aux accents rock’n’roll, avec des chansons composées par Mat Bastard, ex-leader du groupe Skip the Use, qui prête sa voix au squelette Sirius, aux côtés de vrais doubleurs et pas de stars choisies pour attirer les spectateur­s en salles. Une preuve de plus que ce « Zombilléni­um » a du coeur, et mérite le coup d’oeil.

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