Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Des situations différentes selon les villes
Une visite au rayon crémerie du Carrefour Planète de Montesson vendredi après-midi donne un résultat sans appel : plus une seule plaquette de beurre, un linéaire absolument vide où une affichette prie les consommateurs de bien vouloir excuser pour la gêne occasionnée par les difficultés d’approvisionnement rencontrées par le magasin « en raison d’un manque de matière première indépendant de notre volonté ». Devant ce rayon vide, les réactions ne tardent pas à venir. Pour Marcelle, approuvée par un autre client, « la pénurie est organisée pour augmenter les prix. J’ai toujours un peu de stock, donc je m’en passe pour aujourd’hui, et ils ne me feront pas acheter autre chose, pas question de prendre du beurre tendre ou de la margarine ». Brigitte passe son chemin, elle dit avoir assez de stock dans son congélateur. En revanche, Florence se rabat sur une plaquette d’oméga 3, qu’elle choisit sans huile de palme, qu’elle découvre sur la recommandation d’une autre consommatrice. « C’est quand même aberrant que nos paysans doivent jeter du lait dans le caniveau plutôt que de le vendre à perte, et qu’on vende notre beurre sur le marché chinois plus rémunérateur ».
Rayon à moitié plein à Saint-germain-en-laye
La pénurie n’est pas aussi totale au Simply Market de Saint-germain-en-laye samedi matin. Le rayon est à peu près à moitié plein, et en cours de réapprovisionnement par une employée suite à une livraison de quelques références de beurre breton le matin même. De son côté, Michel Pottier, maître pâtissier – chocolatier à la Maison Grandin de la rue au Pain confirme les difficultés d’approvisionnement, mais n’a pas manqué de beurre jusqu’ici. « Nous n’avions pas de stock puisque nous ne travaillons qu’avec des produits frais, mais les prix se sont envolés, constate-t-il. Ils ont plus que doublé, et il n’est pas possible de répercuter cette augmentation sur nos prix. On peut penser que la situation est orchestrée par la filière. Nous craignons naturellement que la situation perdure à l’approche des fêtes de Noël et du début janvier pour les traditionnelles galettes des Rois riches en beurre… ». Pour le maître-chocolatier, la situation est amplifiée par le comportement des consommateurs qui se précipitent pour faire des stocks en craignant de manquer ou d’avoir à payer plus cher.