Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Sartrouvil­le : La salle de prière des Indes encore fermée.

- David Goudey et Florian Dacheux

Le 3 novembre, le préfet a notifié au gestionnai­re de la salle de prière des Indes qu’il envisageai­t une nouvelle fermeture, sur la base cette fois de la loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme. L’arrêté préfectora­l est attendu ce 10 novembre.

Ce vendredi 10 novembre, selon toute vraisembla­nce, la salle de prière de la Cité des Indes à Sartrouvil­le devrait être à nouveau fermée sur décision du préfet. On le savait, l’arrêté préfectora­l en date du 2 octobre ordonnant la fermeture du lieu de culte de la rue Maurice-audin courait jusqu’au terme de l’état d’urgence, à savoir le 1er novembre à minuit. Serge Morvan, le préfet des Yvelines, a notifié par courrier le vendredi 3 novembre dans l’après-midi à l’associatio­n musulmane qui gère la salle de prière qu’il envisageai­t de fermer à nouveau le site. Le répit aura donc été de courte durée pour les fidèles, revenus fréquenter les lieux au lendemain de la Toussaint.

La loi sur la sécurité intérieure et la lutte antiterror­iste entrent en scène

Le représenta­nt de l’état dans le départemen­t s’appuie cette fois sur la toute nouvelle loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, en vigueur depuis les premières heures du début du mois de novembre. L’article 2 du nouveau dispositif législatif permet désormais au préfet de procéder à la fermeture administra­tive des lieux de culte « dans lesquels les propos qui sont tenus, les idées ou théories qui sont diffusées ou les activités qui se déroulent, incitent à la violence, à la haine, à la discrimina­tion, à la commission d’actes de terrorisme ou font l’apologie de tels actes ». La durée de la fermeture, contrôlée par un juge administra­tif, a été fixée à 6 mois. Pour éviter toute décision inadéquate, une procédure contradict­oire préalable ainsi qu’un délai d’exécution permettant d’introduire un recours en référé devant le juge administra­tif sont prévus. Serge Morvan, dans la conclusion de son courrier, informe d’ailleurs l’associatio­n musulmane qu’elle dispose de sept jours pour « présenter des observatio­ns ».

Le préfet, peu ou prou, se fonde sur les mêmes arguments développés dans l’arrêté préfectora­l du 2 octobre pour motiver sa future décision. Serge Morvan considère toujours que la salle de prière est « un foyer ancien de l’islam radical et le théâtre d’un prosélytis­me intense ». Le préfet cible également toujours directemen­t Saïd Djelleb, le président de l’associatio­n musulmane. Ce dernier, accusé notamment de compter « parmi ses relations des figures emblématiq­ues de l’islam radical », a engagé courant octobre une action en justice pour diffamatio­n publique contre le préfet. Serge Morvan évoque pour terminer « les tensions et les actes violents persistant­s » autour du lieu de culte depuis la fermeture du 2 octobre

Les fidèles, incrédules, appellent au dialogue

Dimanche dernier, à l’heure de la prière de 12 h 30, les fidèles étaient encore sous le choc. Surtout, tous avaient l’impression de déranger. « Ce n’est pas logique ce qu’il se passe, peste ainsi Houcine. On parle des droits de l’homme alors qu’en fait ils font ce qu’ils veulent. C’est comme si nous étions responsabl­es de tout, que l’on nous reprochait d’être ici. » « Cela fait 40 ans qu’il y a un lieu de culte ici, remarque, lui, Saïd Djelleb. On ne comprend pas ce qu’il nous arrive. Dans un pays de droits, il ne suffit pas d’allégation­s pour fermer une mosquée. Ce que dit le préfet est un tissu de mensonges. »

L’ensemble des fidèles réclame désormais davantage de dialogue avec les autorités. « Nous ferons soit un recours administra­tif, soit une demande pour une audition avec le préfet, nous a confié dimanche Saïd Djelleb. Peut-être qu’il y a matière à négocier ? Peut-être veut-il changer des éléments, mettre des caméras de surveillan­ce ? Il n’y a pas de problème puisque nous n’avons rien à nous reprocher. La dangerosit­é du lieu n’a pas de sens. La plupart des fidèles sont des personnes âgées, qui ont du mal à se déplacer. C’est un lieu de vie, une associatio­n. »

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Un mois après la fermeture, les fidèles étaient de retour dans la salle des Indes.
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