Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
La collégiale dévoile ses pierres tombales
En complément de l’éclairage sur les pierres tombales du cimetière de Poissy paru dans notre précédente édition, voici un coup de projecteur sur les pierres gravées remarquables de la collégiale.
L’association Sauvegarde animation du patrimoine sacré Poissy Villennes Médan (SAPS) veille au patrimoine de la collégiale Notre-dame à Poissy et notamment ses trente-deux pierres tombales gravées. Bernadette Dieudonné, vice-présidente de l’association, nous présente quelques pièces remarquables à ne pas manquer lors de votre prochaine visite de l’édifice dédié à Saint Louis.
La pierre du ressuscité
« On dénombre actuellement seize pierres au sol mais on ne sait pas si c’est leur emplacement d’origine, ainsi que seize pierres relevées. Ces dernières proviennent probablement de l’ancien cimetière. Certaines ont été retirées du sol de l’église pour être préservées. » Les pierres relevées, dont trois sont classées aux Monuments historiques, ont fait l’objet d’une restauration en 2001. Elles ont été fixées aux murs (nettoyés) du fond de l’église (sous l’orgue) « suivant un ordre chronologique et logique ». Depuis 2004, une brève note explicative accompagne chaque pierre.
Signalons que d’autres pierres sont conservées dans les locaux du Cercle d’études historiques et archéologiques de Poissy ainsi que dans les collections du Musée d’art et d’histoire de Poissy.
Parmi les pierres qui méritent l’attention dans la collégiale, citons celle de Rémy Hénault dit le Ressuscité. Un descendant, Alphonse Hénault, raconte cette étonnante résurrection de son bisaïeul : « Rémy Hénault fils était à la chasse aux environs de Rouen lorsqu’il fut avisé de la mort de son père nommé aussi Rémy Hénault. Il revient en toute hâte à Poissy, ne voulant pas croire au malheur qui le frappait. Sa douleur fut immense en voyant son père étendu sur un lit de paille. Il se jeta sur le corps de son père, le couvrit de larmes et de caresses, l’appelant, le suppliant de revenir à lui. Puis, il se mit en prières et invoqua sainte Genevière. Sa méditation finie, il eut l’idée de faire tuer quelques moutons et dans les peaux chaudes encore il fit envelopper le mort. Au bout de quelques instants, il eut la joie de voir son père revenir à lui, il était sauvé ! » Le père surnommé le Ressuscité mourra une seconde fois trente ans plus tard en 1630.
Pourquoi un chien ?
La plus ancienne pierre est aussi la plus grande : celle de Robert du Plessis qui était installée au sol derrière le choeur de la collégiale. La pierre longue de 2,75 m et large de 1,20 m a été relevée en 1939 pour la préserver, même si elle est en grande partie effacée.
Robert du Plessis, mort en 1322, était un chevalier banneret, compagnon de Saint Louis. Le dessin original le représentait avec ses épaulettes et son bouclier en relief. Le chien couché à ses pieds est encore visible. « Habituellement, les chevaliers étaient représentés avec un lion, commente Bernadette Dieudonné. Pourquoi un chien ? Soit c’était un bâtard, soit c’était pour symboliser sa fidélité à Saint Louis. »
La pierre au dessin le mieux conservé est celle du père Constance, restaurée en 1949 par le père Van Dijk et son père. « Représenté chauve, pieds nus, avec sa cordelière, le père Constance était le premier père capucin qui était chargé de veiller à la construction nouvelle du couvent. Malheureusement, il est mort en 1623 avant la fin de la construction. »
Autre représentation intéressante d’un prêtre, un chanoine du XVE siècle dessiné en chasuble avec deux clés à ses côtés. « Il devait être le trésorier du chapitre », souffle Bernadette Dieudonné. À côté, signalons le haut d’une pierre tombale montrant deux anges tenant chacun un encensoir et le haut du crâne d’un prêtre chanoine. « Cette pierre devait être gigantesque ! »
Pierres de fondation
Enfin, sans être exhaustif, signalons la présence dans l’église de deux pierres de fondation : la plus ancienne est liée à Jehan Isambert, prêtre décédé en 1484. La tombe précise les consignes du défunt sur les prières à dire sur sa tombe, sur les sonneries de cloches, les messes à faire célébrer, etc.
L’autre, constituée de 55 lignes de texte plus ou moins lisible est cachée sous un tapis, devant l’autel. Elle est relative à la famille Hénault. « Les dix morceaux ont été rapprochés et scellés dans le sol en 1977 au moment de la réfection du choeur », confie Bernadette Dieudonné.