Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

7 ans de prison pour l’incendiair­e de la rue Saint-exupéry en 2015

Un homme âgé de 25 ans a été condamné le 8 novembre dans l’affaire de l’incendie criminel d’un appartemen­t situé 22, rue Saint-exupéry, le 2 février 2015 à Sartrouvil­le. Poursuivi pour tentative d’assassinat, il a écopé de 7 ans d’emprisonne­ment.

- David Goudey (*) Prénom modifié.

Ce 2 février 2015, dans un immeuble de cinq étages de la rue Saint-exupéry, un drame a été sans doute évité grâce à l’interventi­on rapide des sapeurspom­piers. Il est aux alentours de 20 h 30 quand un incendie se déclare dans un appartemen­t. Dans l’urgence, 78 personnes seront évacuées du bâtiment en flammes. Une vingtaine d’entre elles sera intoxiquée par les fumées et sept hospitalis­ées brièvement.

Plusieurs indices placent rapidement les enquêteurs sur la piste de l’incendie criminel. Il y a d’abord le témoignage de l’occupant des lieux, qui s’avérera finalement n’être qu’un sous-locataire, et du gardien de l’immeuble. Le premier évoque la tentative d’intrusion de deux individus une heure plus tôt. Ces derniers ont échoué dans leur entreprise mais ont endommagé sa serrure. Le gardien est venu réparer les dégâts. Il y a ensuite la preuve incontesta­ble : de l’essence a été répandue sous la porte.

Une informatio­n judiciaire est aussitôt ouverte. Il faudra trois mois aux enquêteurs, grâce notamment à des écoutes téléphoniq­ues, pour confirmer l’implicatio­n de Houcine, un petit dealer âgé de 23 ans au moment des faits. Il sera arrêté puis mis en examen en mai 2015. À 19 h 28, ce 2 février, il avait laissé un message glaçant à sa victime. « Je suis là ! Reste bien au chaud. J’attends mon équipe. »

L’audition du véritable locataire de l’appartemen­t, parti se mettre au vert dans les jours précédant l’incendie, a permis de faire la lumière sur le mobile du crime. L’accusé le menaçait depuis plusieurs semaines.

Il lui réclamait 5 000 euros. Une dette d’honneur pour laver un affront. Lucas (*) avait obtenu en début d’année les faveurs sexuelles de la petite amie du prévenu en échange de 50 euros. Il semblerait qu’elle avait l’habitude de vendre ses charmes. Houcine avait aussi envoyé l’un de ses sbires, Oussama, mettre la pression sur Lucas un mois et demi après l’incendie. C’était à la gare de Sartrouvil­le. Lucas avait essuyé des coups.

Cette sordide histoire a connu son épilogue le 8 novembre devant le tribunal correction­nel. En détention provisoire depuis 2 ans et demi, Houcine a clamé à nouveau son innocence. « Il n’y a rien contre moi ! », a-t-il même osé. Pour le défendre, le barreau avait envoyé la grosse cavalerie. Maître Pierre-ann

Un mobile sordide

« Je suis innocent ! »

Laugery, le bâtonnier de Nanterre, a plaidé avec brio, exploitant pied à pied toutes les failles du dossier. Il a aussi regretté l’absence de la victime, « qui se cache toujours » par peur des représaill­es a témoigné son avocat. « Aux assises, on aurait pu l’entendre, a poursuivi maître Laugery. Sa vérité n’est pas la vérité ! On aurait aussi pu entendre les policiers et les autres témoins, et avoir un vrai débat. » Il a finalement plaidé la relaxe au bénéfice du doute. En vain.

Le sort de Houcine, qui ne pourrait avoir été que le commandita­ire, a été plié en moins d’une demi-heure. Sentence : 7 ans de prison. Oussama a été également reconnu coupable des faits d’extorsion avec violences qui lui étaient reprochés. Il a été condamné à 3 ans. Il a déjà purgé 24 mois en détention provisoire. Il avait été libéré sous contrôle judiciaire en mai.

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(© SDIS 78). Le soir de l’incendie, le 2 février 2015 à Sartrouvil­le, lors de l’interventi­on des pompiers

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