Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Michaël Galy, la gouvernance du rétablissement
Novembre 2013 - août 2017, en moins de quatre ans à la tête du centre hospitalier de Poissy-saint-germain, Michaël Galy, 43 ans, a réussi l’improbable : redresser la situation financière catastrophique de l’établissement et ouvrir la voie de la modernisation.
« Partir, c’est laisser derrière soi de belles personnes, de beaux projets, avec la certitude d’avoir écrit dans les Yvelines nord, la page la plus aboutie à ce jour de mon parcours professionnel. » Depuis le 1er septembre dernier, Michaël Galy n’est plus le directeur général de l’hôpital de Poissy-saintgermain puisqu’il a été promu à la tête du centre hospitalier universitaire de Saint-étienne.
Le 6 novembre dernier, il est revenu pour fêter son départ en présence de membres du personnel, d’élus et de diverses personnalités. L’occasion pour lui de faire le point sur ses 46 mois passés à la tête d’un établissement qu’il a su remettre d’aplomb.
« Petit-fils de l’immigration espagnole, étudiant à Sciences po, de parents sans emploi, j’ai vu mes proches traîner dans la vie avec mélancolie, un drapeau noir en berne sur l’espoir, a-t-il déclaré avec des sanglots dans la voix. Et pour je ne sais quelle raison, la vie a été plus généreuse avec moi. »
Âgé de 43 ans et père de famille, Michaël Galy a d’abord étudié à l’institut des études politiques de Toulouse (1993- 1996), sa ville d’origine, puis à l’école des Hautes études en santé publique de Rennes (1999 - 2001) où il a rencontré Laëtitia Laude, enseignante et surtout la présidente du conseil de surveillance du Chips qui le fera venir à Poissy en novembre 2013.
En avril 2001, il est embauché comme directeur chargé des finances et des affaires médicales de l’hôpital de Longjumeau (91) puis devient directeur du site jusqu’en décembre 2007. Trois ans plus tôt, il sympathisait avec Sylvain Groseil qui, à l’époque, gérait les finances de l’hôpital d’orsay. Leur amitié perdure à ce jour. Sylvain Groseil assure aujourd’hui la direction par intérim du Chips.
Les deux amis travailleront ensemble pendant environ quatre ans au CHU de Reims (Michaël Galy officiera comme directeur adjoint d’avril 2009 à novembre 2013).
« Avant cela, Michaël est parti de son côté pendant dixhuit mois environ (entre janvier 2008 et avril 2009) à Nemours où il goûtera à la chefferie, commente avec humour Sylvain Groseil. « À Reims, nous avons appris notre métier. Ce que nous avons mis en place à Poissy, nous l’avons beaucoup travaillé à Reims. Le Poissy d’aujourd’hui, n’est plus celui de novembre 2013 et avec Michaël, nous avons entendu une bonne dizaine de fois que c’était la plus grosse connerie de notre carrière de venir ici, car c’était ingérable et qu’on n’allait pas y arriver. Bref, exactement ce qu’il fallait dire pour qu’on y aille. »
Désendettement
Michaël Galy confirme : « Quand je suis arrivé au Chips en novembre 2013, je rejoignais un établissement dont l’image en matière de gestion était gravement altérée au niveau régional et national : absence de vision partagée, dissensions internes, successions managériales, déficits ininterrompus depuis la fusion de 1997… » En juillet 2015, il prend également la direction de l’hôpital de Mantes. L’enjeu était aussi de taille : « L’hôpital était confronté à des difficultés importantes en matière de démographie médicale mettant en péril certaines de ses activités. »
Financièrement, le Chips était au bord de l’asphyxie, comme le rappelle Karl Olive, actuel président du conseil de surveillance de l’hôpital. « Il devait faire face à un déficit structurel d’environ 15 millions d’euros qui mettait entre parenthèses tous ses projets. Vous avez réussi à redresser la situation et garantir en près de quatre ans, un désendettement significatif pour passer de 100 à 75 millions d’euros depuis 2014. »
Redresser, c’est en effet le premier objectif que s’était fixé Michaël Galy. « Il a fallu conduire un plan de retour à l’équilibre rigoureux, alliant développement de l’activité, maîtrise des charges et optimisation des organisations. En 2014, pour la première fois de son histoire, le Chips atteignait l’équilibre de gestion. En 2015 et 2016, nous avons clôturé nos comptes en excédent. 2017 s’annonce plus complexe. Nous avons rencontré des problèmes conjoncturels, notamment des fermetures de lits ponctuelles et inopinées, mais la capacité d’atteindre la zone d’équilibre demeure possible avec un soutien bienveillant de l’agence régionale de santé. »
Le désendettement de l’hôpital a également permis la réalisation d’un autre objectif : reconstruire. L’obtention de l’aide interministérielle de 40 millions d’euros pour notamment construire un nouvel immeuble médico-technique sur le site de Poissy restera « le dossier le plus intense qui m’ait été donné de connaître », témoigne-t-il.
Ce dossier a aussi permis de sceller l’implantation du Chips sur les deux communes, Poissy et Saint-germain-en-laye. « Les relations entre nos deux villes
ont toujours été compliquées quand on évoque l’avenir du site hospitalier de Saintgermain, a rappelé Arnaud Péricard, le maire de Saintgermain-en-laye également présent. Au-delà du redressement financier, la première des qualités de Michaël Galy a été de tracer un avenir commun aux deux sites. »
À Mantes, l’enjeu était la consolidation des équipes médicales pour garantir l’offre de soins. Cela a été le cas avec l’installation du second pôle public de cancérologie des Yvelines Nord, la réorganisation de la pédiatrie et de la néonatologie, ou encore la création d’une équipe territoriale de cardiologie.
Stratégie de management
Enfin, Michaël Galy a conclu en dévoilant les grandes lignes de sa stratégie de management, « le résultat de ce que je suis profondément en tant qu’homme et de ce que je dois à mon ancien directeur général, Jean-paul Michelangeli (ancien directeur général du CHU de Reims, décédé le 25 décembre 2016 à 67 ans, NDLR).»
On peut les résumer en ces termes : encourager l’esprit positif plutôt que le dénigrement ou la défiance, accompagner chaque décision d’une conviction pour qu’elle soit consentie, se fixer des objectifs simples dans leur énoncé, savoir bien s’entourer en respectant les compétences de ses collaborateurs…
Et de conclure : « J’ai fait le choix de servir l’état et je ne l’ai jamais regretté. L’essentiel est de faire de son exercice quelque chose de grand au service de nos concitoyens et surtout ne pas regarder le monde à travers l’étroitesse de nos difficultés quotidiennes. »
« La plus grosse connerie de notre carrière » « Relations compliquées entre nos deux villes »