Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Une stèle en mémoire de Georges Bourdy, héros de la résistance
Le Triellois Georges Roger Bourdy (1907 - 1944), résistant, lieutenant-colonel FFI, mort pour la France sous les balles des Nazis sera enfin honoré à Triel-sur-seine. Une stèle à son nom va être inaugurée ce samedi sur le rond-point de la RD190.
« Entré dans la Résistance au mois d’août 1940, il a organisé à l’échelon départemental, l’organisation clandestine, s’est occupé spécialement de la fabrication des fausses cartes d’identité, des tracts et des journaux clandestins. Il a assuré des distributions massives de tracts antiallemands.
Recherché par la police en septembre 1941, il est passé dans la Marne où il a été nommé responsable du département à l’organisation du Front National (branche clandestine de la Résistance). Il a réussi à regrouper une solide organisation.
En juin 1942, il est nommé délégué interrégional FTTP (Francs tireurs et partisans français) dans les départements du Doubs, de la Haute-saône et de la Haute-marne.
Traqué (par la Gestapo), il a dû être muté en juin 1943 dans le sud-ouest avec le grade de commandant militaire.
Dénoncé, il a été arrêté le 21 septembre 1943 à Bordeaux et incarcéré au fort du Hâ où il a été fusillé par les Allemands le 26 janvier 1944.
Officier, animé d’un sens d’organisation remarquable, doué d’un courage magnifique, il résista héroïquement à d’affreuses tortures et mourut en chantant La Marseillaise. »
Fils unique
Cette description figure dans le décret du 20 août 1946 qui a accordé à Georges Roger Bourdy le titre de chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume. Plus de soixante-dix ans plus tard, à l’initiative des associations d’anciens combattants, la commune de Triel-sur-seine rend enfin hommage à ce héros de la Résistance originaire de Vendée et qui a vécu à Triel-sur-seine de 1930 à 1939 avant d’être mobilisé.
Ce samedi 25 novembre, une stèle en son honneur sera inaugurée. Elle sera installée à proximité du rond-point de la RD190 en entrée d’agglomération.
Son fils unique, Jean-claude Bourdy, Triellois de 82 ans, ancien chaudronnier puis chef d’entreprise dans le secteur de l’ingénierie et de la manutention, assistera à la cérémonie. Il sera accompagné de son épouse Simone, de leur fille Viviane, leurs petites-filles, Clémence et Mathilde et probablement aussi de leur arrière petite-fille, Romane.
« Ça été dur pour toute la famille »
Né en décembre 1934, Jeanclaude Boury n’a pour ainsi dire pas connu son père parti de la maison en 1939. Ce qu’il sait de lui, il l’a appris par les membres de sa famille et des Résistants qui ont travaillé sous ses ordres. « Mon père est né à Cezais en Vendée, raconte Jean-claude Boury. Il était l’aîné de sept enfants. Son père, qui s’appelait également Georges, travaillait à la SNCF et sa mère était mère au foyer. Il est allé à l’école jusqu’au primaire à Rochefort-sur-mer. Mon grand-père avait une soeur, Georgette, qui vivait à Paris. Il a envoyé mon père chez elle pour qu’il devienne apprenti charcutier. »
Plus tard, deux de ses frères le rejoignent. En 1930, il se marie à Triel-sur-seine avec Jeanne. Le couple s’installe au 88, rue Pauldoumer. En 1939, Georges est mobilisé et rejoint un régiment d’infanterie. Il est fait prisonnier mais réussit à s’évader avant d’entrer dans la résistance en août 1940.
Tenant entre ses mains une photo de son père travesti en curé pour mieux passer inaperçu, Jean-claude Bourdy témoigne : « Il n’avait aucun contact avec sa famille. On me demandait : « As-tu vu ton papa ? ». Je répondais non, bien sûr. Avec ma mère, on a été embêté comme ça jusqu’en 1942. Nous n’avions aucunes nouvelles de lui jusqu’à ce qu’il se fasse fusiller. Les gendarmes nous ont apporté sa montre, sa pipe… Ça a été dur pour toute la famille. »
Georges Bourdy repose depuis 1945 dans le carré militaire du cimetière de Rochefort-surmer, en Vendée. Une stèle en son honneur existe déjà à Dijon.