Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Où était l’école publique le 11 novembre ?

- David Goudey

Les enfants présents à la cérémonie du 11 Novembre étaient tous issus des contestés et très privés Cours Charles-péguy et ECD.

C’est un sujet de préoccupat­ion et d’interrogat­ion pour certains, de stupéfacti­on pour d’autres. Le 11 novembre dernier, comme il est de tradition chaque année à l’occasion de la commémorat­ion de l’armistice de 1918, des enfants ont été invités par la municipali­té à venir déposer une gerbe de fleurs et à égrener les noms des Sartrouvil­lois morts pour la France lors de la Première Guerre mondiale.

Des enfants étaient bien là, fiers comme Artaban dans leur jolie tenue du dimanche, solennels au moment du recueillem­ent. Seul problème : ils sont tous élèves au Cours Charles-péguy ou inscrits dans la structure de soutien scolaire ECD.

Une cérémonie républicai­ne sans représenta­nts de l’école républicai­ne, voilà qui fait désordre. Surtout quand on sait que cela avait déjà été le cas pas plus tard qu’en 2016. « Ils viennent d’ouvrir, ça leur fait de la publicité ! », avait ce jour-là confié le maire Pierre Fond, en parlant du Cours Péguy, à une élue d’opposition émue, pour ne pas dire choquée, par la discrétion des écoles publiques.

Selon nos informatio­ns, les écoles publiques ont pourtant bien été sollicitée­s pour ce 11 novembre 2017. Il était d’ailleurs question que les élèves d’un établissem­ent en particulie­r donnent lecture des Sartrouvil­lois morts pour la France. « Et puis ça a tangué au dernier moment, confie une source extérieure. La municipali­té souhaitait finalement que les élèves du public et du privé intervienn­ent à tour de rôle. Le directeur de l’école publique a refusé. »

L’absence remarquée des élèves de l’école publique, près de 6 000 dans la commune, et la surreprése­ntation des deux structures « très privées » relance la polémique sur l’installati­on dans la ville, en 2013 puis 2016, D’ECD et du Cours Péguy mais aussi sur l’antagonism­e entre enseigneme­nts privé et public.

Le Cours Péguy, qui appartient au réseau hors contrat « Espérance Banlieues » (N.D.L.R. : 11 structures de ce type existent actuelleme­nt en France), a ouvert ses portes en septembre 2016 dans les locaux du centre de loisirs Poulbot (rue Voltaire), rénovés à hauteur de 60 000 euros par la Ville à cette occasion. Une quarantain­e d’enfants, en uniforme, y sont aujourd’hui scolarisés à partir du CP moyennant 75 euros par mois. Une classe de 6e a été lancée à la rentrée 2017.

Espérance Banlieues à l’honneur Une école publique a refusé d’être associée aux cours privés

L’associatio­n Écoute Conseil Dialogue dispense, elle, du soutien scolaire dans les locaux de l’ancienne mairie annexe, avenue Georgescle­menceau. Tarif : 110 euros et des poussières pour l’année, là où la CSF, au coeur du quartier des Indes, demande par exemple 35 euros de participat­ion aux familles.

La question n’est pas ici de s’aventurer sur le terrain des pédagogies et des méthodes, parfois contestées, des structures privées hors contrat. Chacun, après tout, est libre, même s’il doit racler son fond de tirelire plus qu’à son tour, de choisir l’enseigneme­nt qu’il veut pour son enfant. La scolarité n’est pas une science exacte.

En revanche, on peut comprendre que la constance, parfois un peu trop visible, avec laquelle la municipali­té sartrouvil­loise encourage ces enseigneme­nts atypiques hérisse au plus haut point les chantres de l’école gratuite. Alexandra Dublanche, adjointe au maire déléguée à la politique de la Ville et aux transports, a beaucoup milité, par exemple, pour QU’ECD obtienne de la communauté d’agglomérat­ion une subvention de plus de 100 000 euros. « Et les autres structures de soutien scolaire ? interroge la socialiste Michèle Vitrac-pouzoulet. Il est profondéme­nt regrettabl­e que l’école de la République ou

« Toutes les écoles sont invitées, vient qui veut. Je sais que certains n’ont pas adhéré à la présence des enfants de Charles-péguy mais ce n’est pas mon sujet. Ce que je veux c’est que les enfants participen­t aux commémorat­ions. Eux bien les associatio­ns d’éducation populaire en matière de soutien scolaire n’aient pu être représenté­es lors d’une cérémonie de commémorat­ion républicai­ne. » « C’est un choix particulie­r, juge, elle, la PRG Isabelle Amagliotér­isse. J’avais déjà interpellé le maire sur le sujet. Un hommage républicai­n se fait par les enfants des écoles de la République, et avec tous ceux qui souhaitent s’y associer dans le public, naturellem­ent. » comme les enseignant­s y ont toute leur place. Si demain cinq écoles répondent présent, on s’organisera pour toutes les accueillir. Dans ce contexte, tout sectarisme serait scandaleux. »

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