Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Où était l’école publique le 11 novembre ?
Les enfants présents à la cérémonie du 11 Novembre étaient tous issus des contestés et très privés Cours Charles-péguy et ECD.
C’est un sujet de préoccupation et d’interrogation pour certains, de stupéfaction pour d’autres. Le 11 novembre dernier, comme il est de tradition chaque année à l’occasion de la commémoration de l’armistice de 1918, des enfants ont été invités par la municipalité à venir déposer une gerbe de fleurs et à égrener les noms des Sartrouvillois morts pour la France lors de la Première Guerre mondiale.
Des enfants étaient bien là, fiers comme Artaban dans leur jolie tenue du dimanche, solennels au moment du recueillement. Seul problème : ils sont tous élèves au Cours Charles-péguy ou inscrits dans la structure de soutien scolaire ECD.
Une cérémonie républicaine sans représentants de l’école républicaine, voilà qui fait désordre. Surtout quand on sait que cela avait déjà été le cas pas plus tard qu’en 2016. « Ils viennent d’ouvrir, ça leur fait de la publicité ! », avait ce jour-là confié le maire Pierre Fond, en parlant du Cours Péguy, à une élue d’opposition émue, pour ne pas dire choquée, par la discrétion des écoles publiques.
Selon nos informations, les écoles publiques ont pourtant bien été sollicitées pour ce 11 novembre 2017. Il était d’ailleurs question que les élèves d’un établissement en particulier donnent lecture des Sartrouvillois morts pour la France. « Et puis ça a tangué au dernier moment, confie une source extérieure. La municipalité souhaitait finalement que les élèves du public et du privé interviennent à tour de rôle. Le directeur de l’école publique a refusé. »
L’absence remarquée des élèves de l’école publique, près de 6 000 dans la commune, et la surreprésentation des deux structures « très privées » relance la polémique sur l’installation dans la ville, en 2013 puis 2016, D’ECD et du Cours Péguy mais aussi sur l’antagonisme entre enseignements privé et public.
Le Cours Péguy, qui appartient au réseau hors contrat « Espérance Banlieues » (N.D.L.R. : 11 structures de ce type existent actuellement en France), a ouvert ses portes en septembre 2016 dans les locaux du centre de loisirs Poulbot (rue Voltaire), rénovés à hauteur de 60 000 euros par la Ville à cette occasion. Une quarantaine d’enfants, en uniforme, y sont aujourd’hui scolarisés à partir du CP moyennant 75 euros par mois. Une classe de 6e a été lancée à la rentrée 2017.
Espérance Banlieues à l’honneur Une école publique a refusé d’être associée aux cours privés
L’association Écoute Conseil Dialogue dispense, elle, du soutien scolaire dans les locaux de l’ancienne mairie annexe, avenue Georgesclemenceau. Tarif : 110 euros et des poussières pour l’année, là où la CSF, au coeur du quartier des Indes, demande par exemple 35 euros de participation aux familles.
La question n’est pas ici de s’aventurer sur le terrain des pédagogies et des méthodes, parfois contestées, des structures privées hors contrat. Chacun, après tout, est libre, même s’il doit racler son fond de tirelire plus qu’à son tour, de choisir l’enseignement qu’il veut pour son enfant. La scolarité n’est pas une science exacte.
En revanche, on peut comprendre que la constance, parfois un peu trop visible, avec laquelle la municipalité sartrouvilloise encourage ces enseignements atypiques hérisse au plus haut point les chantres de l’école gratuite. Alexandra Dublanche, adjointe au maire déléguée à la politique de la Ville et aux transports, a beaucoup milité, par exemple, pour QU’ECD obtienne de la communauté d’agglomération une subvention de plus de 100 000 euros. « Et les autres structures de soutien scolaire ? interroge la socialiste Michèle Vitrac-pouzoulet. Il est profondément regrettable que l’école de la République ou
« Toutes les écoles sont invitées, vient qui veut. Je sais que certains n’ont pas adhéré à la présence des enfants de Charles-péguy mais ce n’est pas mon sujet. Ce que je veux c’est que les enfants participent aux commémorations. Eux bien les associations d’éducation populaire en matière de soutien scolaire n’aient pu être représentées lors d’une cérémonie de commémoration républicaine. » « C’est un choix particulier, juge, elle, la PRG Isabelle Amagliotérisse. J’avais déjà interpellé le maire sur le sujet. Un hommage républicain se fait par les enfants des écoles de la République, et avec tous ceux qui souhaitent s’y associer dans le public, naturellement. » comme les enseignants y ont toute leur place. Si demain cinq écoles répondent présent, on s’organisera pour toutes les accueillir. Dans ce contexte, tout sectarisme serait scandaleux. »