Clap de fin pour l’équipe de l’armée de terre

L’équipe cycliste de l’armée de terre, professionnelle depuis 2015 (en Continental, la 3e division), ne repartira pas en 2018. C’est l’information qui a été communiquée officiellement vendredi matin par le commissaire des armées à tous les coureurs réunis à la caserne de Saint-germain-en-laye.

La décision prise par le ministère des Armées survient après la plus belle saison sportive de l’équipe, marquée notamment par une vingtaine de victoires : celles de Damien Gaudin (Tro Bro Leon et étape du Tour de Luxembourg), Julien Loubet (Tour du Finistère et étape à la Route du Sud) et Benjamin Thomas (étapes aux Quatre jours de Dunkerque et au Tour de Wallonie).

Des coureurs sur le carreau

Treize coureurs sont touchés par cette décision : Bryan Alaphilippe, Fabien Canal, Romain Campistrous, Bastien Duculty, Thibaut Ferasse, Morgan Kneisky, Kevin Lebreton, Romain Le Roux, Jordan Levasseur, Romain Le Roux, Jimmy Raibaud, Thomas Rostollan et Steven Tronet. Les contrats des sept recrues ne seront pas homologués. « On se préparait déjà pour la prochaine saison et, là, on nous coupe l’herbe sous le pied », lâche Steven Tronet, champion de France 2015.

Arrivé dans l’équipe de l’armée de terre en 2014, Jordan Levasseur, 22 ans, n’a lui pas été « surpris » par cette annonce qu’il voyait arriver. « J’ai terminé ma saison le 11 octobre, et depuis cette date, je n’avais eu aucune nouvelle de l’équipe, notamment concernant les prochains stages. Je me posais des questions », explique celui qui a remporté cette année la dernière étape de la Ronde de l’oise.

Le ministère s’est toutefois engagé à tenir ses engagements financiers auprès des coureurs encore sous contrat militaire. Mais s’ils veulent continuer à courir à haut niveau, ces derniers devront évidemment démissionner. « On a ce choix à faire entre une carrière militaire ou sportive », glisse Jordan Levasseur, contacté dès ce week-end par des équipes pour connaître ses ambitions futures.

Mais tous n’auront pas la chance de rebondir, la plupart des formations ayant déjà bouclé leur effectif pour la prochaine saison. « Aujourd’hui, il n’y a plus treize places disponibles chez les pros, explique Steven Tronet. Certains vont redescendre en amateur, d’autres vont arrêter. » Tous garderont en tout cas de bons souvenirs de leur passage dans l’équipe à la tenue kaki. À l’image de Yann Guyot, le seul à avoir vécu en intégralité les sept années d’existence de l’équipe.

« Ça dépassait le cadre du vélo »

En 2011, l’armée de terre évoluait alors en DN2 et ne comptait que quinze coureurs. « Quand j’ai pris la décision de rejoindre l’équipe en décembre 2010, je partais un peu dans l’inconnu, confie le champion de France amateurs 2014. Mais on a passé de supers moments avec Benoît Sinner et Julian Alaphilippe pendant deux ans. Julian et Benjamin Thomas sont les deux coureurs qui m’ont le plus marqué. Ce sont des garçons qui ont la tête sur les épaules. Personne n’avait l’oeil sur eux et ils se sont révélés avec nous. »

Pour Yann Guyot, difficile de sortir un souvenir en particulier tellement ces sept saisons ont été intenses émotionnellement. « On formait une équipe à part entière, il y a quelque chose qui dépassait le cadre du vélo, explique-t-il. On partait en vacances ensemble, on faisait le Nouvel an ensemble… On était proche des directeurs sportifs. Les stages étaient mémorables. »

Le nouveau coureur du VC Rouen rend au passage un vibrant hommage à David Lima Da Costa, le patron de l’équipe. « Il s’est battu pour nous jusqu’au bout, il a toujours voulu le meilleur pour l’équipe. Mais là, ce n’était plus de son ressort. Quand il nous a annoncé l’arrêt de l’armée, il était vraiment ému. Je ne l’avais jamais vu comme ça. » Difficile de tourner la page, surtout quand l’histoire a été belle.