Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
33e campagne d’hiver des Restos : « La précarité n’a pas de saison »
Les Restos du coeur lancent leur 33e campagne d’hiver de distribution d’aide alimentaire. Lionel Hesclowicz, responsable départemental, s’attend cette année à une hausse des bénéficiaires.
Comment se présente cette 33e campagne d’hiver pour vous ?
La 33e campagne d’hiver a démarré mardi 21 novembre. Elle s’achèvera dans seize semaines, le vendredi 9 mars. Mais la notion de campagne perd chaque année un peu de son sens, car la précarité n’a pas de saison. Les gens ont besoin de nous 365 jours/365, ce qui nous conduit à ouvrir de plus en plus souvent de plus en plus longtemps.
Combien d’antennes des Restos du coeur y a-t-il dans les Yvelines ?
Nous avons 27 antennes à travers le département. Il y a tout juste un an, nous en avons créé une à Sartrouville. Elle fait partie de nos deux antennes les plus importantes avec celle de Poissy. Toutes deux accueillent plus de 650 familles par an.
Quel bilan tirez-vous de l’exercice précédent ?
Sur l’année 2016-2017, nous avons servi 1,5 million de repas dans les Yvelines, et on a accueilli 13 300 personnes. La campagne d’hiver à elle seule a représenté 950 000 repas délivrés.
Ces chiffres sont-ils en augmentation par rapport aux années précédentes ?
Si l’on élimine le périmètre de Satrouville, qui venait tout juste d’ouvrir, alors on s’aperçoit que sur la campagne d’hiver, nous sommes en régression de 12 %.
Comment expliquer cette baisse ?
Nous n’avons pas d’outils pour identifier, quantifier ou mesurer les raisons pour lesquelles les gens ne viennent plus. Mais c’est un sujet sur lequel nous travaillons. Nous avons par exemple passé un partenariat avec l’université Paris-descartes. Des groupes d’étudiants en sociologie viendront enquêter auprès des personnes dont on a les coordonnées. Ils vont les joindre, les contacter et leur poser ces questions.
Les Restos du coeur, ce n’est pas que de l’aide alimentaire. Quelles sont vos autres activités ?
Nous avons deux chantiers d’insertion de démantèlement et de rénovation d’ordinateurs. L’un situé aux Clayes-sous-bois et l’autre à Aubergenville. Ils emploient 12 salariés en insertion chacun. Nous avons aussi une résidence sociale de 10 appartements à Poissy, ce qu’on appelle Les toits du coeur. À travers le département, nous proposons aussi cinq ateliers de français, plus un autre atelier sociolinguistique situé à Plaisir, dédié aux primo-arrivants.
Il y a aussi les Restos bébés. Parlez-nous de ces structures…
Ce sont des structures spécifiques avec des jours d’ouverture différents et des équipes dédiées (puéricultrices, infirmières, etc.).
L’une est à Poissy, l’autre à Rambouillet. Nous projetons d’ailleurs d’en ouvrir une nouvelle, dans quelques semaines, à Mantes-la-jolie.
Combien y a-t-il de bénévoles dans les Yvelines ?
Au 30 avril, nous étions à 1 173 bénévoles. Ils sont 71 000 au plan national. C’est le premier capital des Restos. Sans eux nous n’existerions pas.
Quelles sont les raisons de ce besoin chronique de bénévoles ?
Nous avons un fort turnover, de l’ordre de 30 %. Nous sommes donc en recherche permanente de personnes disponibles. Dans certains centres, nous avons un mal fou à en attirer.
Quels sont les centres en déficit ?
Les besoins en ce moment se concentrent surtout sur Mantes, Limay, Bois-d’arcy, mais aussi sur le bassin de vie de Saint-quentin-en-yvelines. Nous avons aussi un gros déficit sur l’entrepôt départemental, aux Clayessous-bois, où nos bénévoles sont vieillissants.
Comment l’expliquezvous ?
Préparer les commandes, charger les camions, c’est physique. Et ça implique d’être là tôt le matin (6h-7h). Le problème aujourd’hui, c’est que ça n’attire plus les jeunes retraités. Et là, on a un problème structurel.
Une première tendance se dessine-t-elle concernant cette campagne d’hiver 20172018 ?
Ça faisait deux ans qu’on était soit à l’équilibre soit en régression, là je pense qu’on va repartir à la hausse.
Pour l’instant, nous sommes sur une trajectoire de + 11 % de repas délivrés pour la première semaine.
Quels sont les profils des bénéficiaires ? Ont-ils évolué au fil des années ?
On voit de plus en plus de femmes seules avec enfant(s), d’étudiants, de retraités et de travailleurs pauvres. Le problème avec les étudiants et les travailleurs pauvres, c’est que nous ne sommes pas en cohérence au niveau de leurs horaires. Nous sommes donc en train de réfléchir à ouvrir sur des plages horaires différentes. Une expérimentation est d’ailleurs menée en ce sens à Rambouillet.
Depuis un an, le samedi matin, qui trouve-t-on aux manettes ? Non pas les bénévoles de la semaine, qui ont aussi le droit de souffler, mais des étudiants, qui s’engagent pour donner de leur temps et faire la distribution. Et ça marche très très bien ! C’est un dispositif que l’on va encourager et pourquoi pas étendre à d’autres antennes.