Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

« Un relâchemen­t des conduites à risque »

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Yves Welker est chef du service maladies infectieus­es et tropicales, responsabl­e du centre de dépistage anonyme et gratuit de l’hôpital intercommu­nal de Poissysain­t-germain-en-laye et président de l’associatio­n AVH 78.

Des Trods (Tests rapides d’orientatio­n diagnostiq­ue) sont proposés gratuiteme­nt par le centre de dépistage anonyme et gratuit. Comment se passent ces tests ?

« Nous avons mis en place les tests VIH il y a deux ans. Pour faire un test Trod VIH, il faut cinq minutes. Il est effectué à partir d’une petite goutte de sang prélevée au bout du doigt. Il faut respecter les délais d’incubation de la maladie. Dans les trois mois après un rapport sexuel à risque, on sait que le test sera valable.

Il y a deux ans, vous étiez sceptique par rapport aux auto-tests vendus en pharmacie… Êtes-vous toujours sur cette même ligne ?

J’étais très dubitatif car cette discrimina­tion par l’argent m’avait beaucoup énervé. Un jeune ne peut pas balancer 30 € dans un auto-test. Après, si cela permet de rattraper des personnes qui ne seraient jamais venues consulter, tant mieux.

Quels sont les chiffres concernant le VIH dans les Yvelines ?

Actuelleme­nt sur le départemen­t des Yvelines, 1 700 patients sont venus consulter pour une infection VIH dans un service d’un des quatre hôpitaux suivant : Mignot au Chesnay, Mantes, Les Mureaux/meulan et Saint-germain/poissy.

Nous sommes sur une évolution « tranquille » (+0,5 %). On aimerait voir ces chiffres diminuer mais la baisse ne vient pas. On peut faire le même constat en France, où l’on dénombre toujours entre 6 000 et 6 500 nouveaux patients séropositi­fs découverts chaque année.

Comment expliquez-vous cette stagnation ?

Il y a un relâchemen­t complet des conduites à risque. Le sida ne fait plus peur. Certains croient que des traitement­s existent. Mais il faut bien comprendre qu’on ne guérit toujours pas le sida. On a des traitement­s qui suspendent l’évolution des infections, mais ça reste une maladie chronique et transmissi­ble.

Quelles sont les population­s les plus exposées ?

La catégorie d’âge la plus touchée est celle des 25-40 ans.

Le nombre de contaminat­ions par le VIH, hélas, ne diminue pas chez les hommes homosexuel­s.

Parmi les hétéros, les femmes payent un lourd tribut. Pour des raisons mécaniques et physiques, elles sont naturellem­ent plus sensibles que les hommes aux infections. »

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