Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Coup de couteau à la terrasse du café

- Da. G.

Depuis plus d’un an, Razak (*) ne revient dans le quartier Saint-exupéry, où il a grandi, que pour rendre visite à sa mère. Chaque passage dans la cité sensible des Mouchoirs le renvoie à cette terrible journée de septembre 2016, où il a été enlevé, puis séquestré et frappé. À ce jour, l’enquête est toujours en cours et ses agresseurs n’ont toujours pas été interpellé­s.

Le 12 juillet dernier, l’homme de 26 ans s’offre malgré tout une pause-café avec des amis dans un bar de la rue Saint-sébastien. Il est aux alentours de 12 heures quand Rachid (*) se présente à son tour dans l’établissem­ent après avoir attaché à un poteau son chien, un american staffordsh­ire. Il est connu de la justice et des services de police pour être un petit caïd du quartier.

Lui et Razak ont des connaissan­ces communes. Voilà pourquoi Rachid se dirige en arrivant vers la table où Razak prend du bon temps. On se salue avec une franche poignée de mains. Mais Razak a l’indélicate­sse de ne pas regarder Rachid dans les yeux. Pour ce dernier, c’est une provocatio­n. Le ton monte. D’après un témoin, Rachid menace alors de lâcher son chien. « Tu es un homme mort ! », lui lance-t-il avant de se retourner. C’est là que tout dégénère. Razak sort un couteau de cuisine de sa poche et poignarde Rachid dans le dos. La blessure nécessiter­a la pause de cinq points de suture. Quand les secours et les forces de l’ordre arrivent sur les lieux, l’agresseur a déjà pris la fuite à bord d’une voiture avec un ami.

Razak restera introuvabl­e de longues semaines. Et pour cause ! Il a quitté en urgence la France pour l’algérie, quelques jours seulement après les faits, pour se rendre au chevet de son père, qui s’éteint finalement le 19 juillet. Sur place, il s’occupe ensuite de tout, y compris du long dossier de succession.

Ce n’est qu’en septembre, après s’être rapproché de l’ambassade de France pour savoir s’il était recherché, qu’il prend enfin contact avec les services de police. Il y aura plusieurs échanges téléphoniq­ues entre les deux parties avant que Razak, de son plein gré, se présente le 28 novembre au commissari­at de Conflans-sainte-honorine, en charge de l’enquête. Il est aussitôt placé en garde à vue puis déféré au tribunal, dès le lendemain.

Ce 29 novembre dernier, face aux juges, l’accusé a tenté d’expliquer son geste fou. « Depuis mon enlèvement, des gens de Poissy me cherchent et j’ai peur ! a expliqué le prévenu, dont le casier judiciaire ne comporte que deux amendes. Ce couteau, pour éplucher les pommes de terre, je l’avais avec moi pour me protéger. Ce n’était pas volontaire de ma part de ne pas le regarder. Mais il s’est énervé et je me suis senti menacé. » « C’est un mouvement de panique qu’il a eu », a appuyé son avocate tout en réclamant « l’indulgence ».

L’agresseur est persona non grata dans la cité La victime menaçait de lâcher son chien

« La victime n’a pas eu un comporteme­nt adapté et recommandé, a convenu la procureure. Un témoin atteste bien qu’il a voulu lâcher son chien. Ce n’était pas très malin. Pour autant, le geste de Monsieur est lui inadmissib­le. Le coup était côté coeur. Vous auriez pu vous retrouver en cour d’assises. » Le ministère public a réclamé dans la foulée au « moins 2 ans, assortis en partie d’un sursis, et le mandat de dépôt ».

Razak a finalement échappé à l’incarcérat­ion, eu égard à son passé judiciaire et à sa situation profession­nelle. Le tribunal a prononcé contre lui une peine de 12 mois, dont quatre assortis d’un sursis.

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