Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Airs de famille à Maisons-laffitte

Le trompettis­te David Enhco, 31 ans, se produira en compagnie de son frère pianiste, Thomas Enhco, 29 ans, et de leur mère chanteuse, Caroline Casadesus, ce vendredi, à Maisons-laffitte. Ils proposeron­t un programme mêlant musique savante et jazz.

- Propos recueillis par T.R.

Maisons-laffitte, quelle image avez-vous de cette ville, spontanéme­nt ?

David Enhco : Je ne suis jamais venu. J’y viendrai pour la première fois avec ce concert.

Ce concert prend la forme d’une réunion scénique familiale. Ce sont même des retrouvail­les, car vous étiez déjà réunis sur scène il y a près de dix ans pour Le jazz et la Diva Opus 2. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ?

C’était un autre contexte, car c’était du théâtre musical. Ce trio, c’est autre chose. C’est une maman avec ses deux enfants sur scène. Caroline Casadesus, soprano lyrique, Thomas Enhco au piano et moi à la trompette, nous revisitons un pan très large de la musique. On joue autant un extrait de Didon et Énée de Purcell qui est de la musique baroque que, par exemple, des mélodies de Poulenc ou de Kurt Weill. Nous faisons des ponts entre les différents styles musicaux qui nous sont chers, à savoir la musique classique, la chanson et le jazz.

L’expérience d’il y a dix ans, vous a-t-elle donné l’envie de vous retrouver dix ans après ?

En fait ce trio existait déjà avant ce spectacle, car c’est notre mère qui nous a appris la musique. Nous avons donc commencé très tôt à apprendre en famille. Elle nous a initiés à la musique et nous a poussés à travailler quand nous étions au conservato­ire. Le fait de se retrouver sur scène en famille, c’est un peu le prolongeme­nt de notre vie de famille, tout simplement.

Comment fonctionne­zvous entre vous sur scène ? L’un de vous joue-t-il le rôle de direction ?

Il n’y a pas de chef d’orchestre pour un trio. Là chacun connaît ses partitions et il y a aussi beaucoup d’improvisat­ion dans ce qu’on fait Thomas et moimême. C’est surtout le plaisir de faire de la musique ensemble et de le partager avec les gens qui viennent écouter. C’est très ludique. Le répertoire s’adresse aussi bien aux personnes qui connaissen­t bien le jazz et la musique classique qu’à ceux qui ne connaissen­t pas du tout. Nous expliquons ce que nous allons faire, pourquoi tel morceau, quelle est l’histoire de tel opéra dont nous jouons un extrait… Nous essayons de proposer un concert aux antipodes des considérat­ions élitistes qui peuvent être associées au jazz et à la musique classique.

Comment avez-vous arrêté vos choix dans la playlist ?

Ce sont des morceaux que l’on apprécie beaucoup et que l’on renouvelle régulièrem­ent. C’est un répertoire qui n’est pas figé. On ajoute, on enlève des choses régulièrem­ent en fonction de ce que l’on découvre, de ce que l’on a envie de réinterpré­ter aussi. Car l’idée de ce trio c’est aussi de jouer ces morceaux d’une façon différente, de les arranger pour notre formation, d’y inclure de l’improvisat­ion… À chaque fois, c’est assez différent.

Toutes les oeuvres choisies n’ont pas été écrites pour un trio voix piano trompette. Comment s’est passé le travail de transcript­ion ?

Oui mais c’est aussi ce que permet l’improvisat­ion. Il faut retranscri­re les partitions, c’est certain. Mais après, l’arrangemen­t des morceaux passe par un travail d’écriture ou par un travail d’improvisat­ion. Thomas et moi, nous avons une culture classique, nous avons fait nos années d’apprentiss­age au conservato­ire, mais nous avons parallèlem­ent aussi appris le jazz et l’improvisat­ion, des discipline­s aussi riches et denses que la musique classique. Le fait de maîtriser ces deux facettes de la musique permet d’être réactif et d’improviser autour d’oeuvres existantes.

En quoi le mélange piano trompette voix est-il un alliage naturel ?

La voix et la trompette sont très proches car elles fonctionne­nt avec la respiratio­n, avec la vibration de l’air. Pour la voix, c’est généré par la vibration des cordes vocales et pour la trompette par la vibration des lèvres. Ce sont deux sons très proches, dans les mêmes tessitures. On peut jouer des notes aiguës et graves qui sont à peu près les mêmes. Ce sont deux instrument­s qui se mélangent très bien.

Et le piano en support ?

Il n’y a pas vraiment de solistes et d’accompagna­teurs dans ce groupe. Nous sommes tous les trois, tour à tour, solistes et accompagna­teurs. Le piano est un instrument polyphoniq­ue contrairem­ent à la trompette et à la voix qui ne peuvent faire qu’une seule note à la fois. C’est un instrument qui va apporter la richesse harmonique à ce qu’on fait, qui va donner beaucoup de relief. Ce sont trois instrument­s complément­aires.

vient Ce concert va-t-il être présenté comme un concert de Noël, du fait de sa date proche des fêtes ?

Non, on n’adapte pas le programme en fonction de Noël ou d’autres fêtes religieuse­s. C’est un répertoire qui évolue en fonction d’oeuvres qu’on aime beaucoup. Récemment, nous avons participé à l’enregistre­ment d’une émission de télévision et on nous a demandé un arrangemen­t sur un morceau particulie­r qui s’appelle Sur mes lèvres de Franz Lehar. Il est possible qu’on le joue à Maisons-laffitte. D’un concert sur l’autre, cela peut changer. On ne se fixe pas de règles du tout.

Quels traits de caractère communs retrouve-t-on chez vous trois et qui reflètent dans la musique ?

Nous avons tous un goût de la découverte, de sortir de notre zone de confort quand nous faisons de la musique, de pousser un peu plus loin l’inventivit­é, la création, le jeu musical qui se passe sur scène quand on improvise. Quand on improvise, on joue l’un avec l’autre sans partition. C’est comme un équilibris­te sans filet. C’est un goût du risque et de la belle musique.

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©Philippe Levy Thomas Enhco, Caroline Casadesus et David Enhco.

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