Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Une nouvelle acquisition du musée d’archéologie nationale
Cette fin d’année 2017 est l’occasion pour le musée d’archéologie nationale de présenter ses deux nouvelles acquisitions, d’intrigantes plaques-boucles à motif chrétien. L’une d’elles, en particulier, présente un motif rare et de saison : l’adoration des Mages.
Découverte entre 1888 et 1914 par Georges Lafay, conservateur du musée de Mâcon, sur la commune de Sancé (Saône-et-loire), cette plaque-boucle provient probablement d’une sépulture.
Elle reste longtemps dans la collection de l’archéologue, puis est acquise par la famille Protat, des imprimeurs mâconnais spécialisés dans les publications savantes. Elle a finalement été achetée le 10 mars 2017 par le musée d’archéologie nationale.
La présence de croix sur certains éléments dans la scène représentée ne laisse aucun doute quant à la religiosité du motif ; cependant, son interprétation reste longtemps difficile à cerner.
Les plaques portant des images pieuses ne sont pas fréquentes dans le monde mérovingien ; elles proviennent souvent – mais pas seulement – du nord de la Burgondie (approximativement, la Bourgognefranche-comté actuelle) et sont produites à partir du VIE siècle.
Une imagerie complexe
Parmi les images récurrentes, on trouve l’épisode biblique du prophète Daniel jeté dans la fosse aux lions, ayant miraculeusement survécu au supplice. La scène représentée ici est plus rare et un défaut de fonderie, au centre, rend sa lecture difficile.
Par comparaison avec d’autres représentations, il a cependant été possible d’y reconnaître une Adoration des Mages, et non la présentation des Mages devant le roi Hérode, comme cela fut d’abord supposé.
Tirée de l’evangile selon Matthieu, l’histoire raconte que les Mages, guidés par une étoile, vinrent depuis Jérusalem pour apporter au Christ, à Bethléem, leurs offrandes. Sur notre plaque-boucle, on voit bien trois personnages se dirigeant vers la Vierge assise, tenant l’enfant, et derrière elle, probablement Joseph.
Il s’agit d’une « épiphanie » (manifestation divine), qui évoque l’incarnation du Christ et la promesse de salut, mais aussi, à travers la figure des Mages, la conversion des païens. Ces thèmes sont très symboliques à une époque où la religion chrétienne continue de se diffuser largement.
Ces objets peuvent donc avoir une forte portée religieuse ; certains d’entre eux étaient même utilisés comme petits reliquaires portatifs.
Une partie de ces objets était sans doute destinée à des prêtres mais ils ne leur étaient pas réservés ; ces plaques-boucles ont donc beaucoup à nous apprendre sur les croyances et les pratiques religieuses au Premier Moyen Âge.