Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Le Sidru surendetté : l’usine Azalys bientôt vendue ?

- Michel Seimando

Le syndicat intercommu­nal de destructio­n des résidus urbains doit trouver 56M € à cause de ses erreurs de gestion passées dans le cadre d’emprunts toxiques. GPS & O et Saint-germain Boucle de Seine seraient prêts à vendre l’usine Azalys pour payer.

Le Sidru est en pleine révolution. Des têtes sont tombées. Exit Pascal Collado, Jean-frédéric Berçot… Bienvenue à Ghislaine Senée, maire (EELV) d’evecquemon­t, et Philippe Geslan, maire de Méricourt.

Au coeur de la tempête qui secoue le syndicat intercommu­nal de destructio­n des résidus urbains (15 communes*), une dette qui explose. On parle de 56 M €. La raison : la signature de plusieurs contrats reposant sur un système financier ultrarisqu­é : le swap (lire encadré).

Aujourd’hui, le syndicat doit passer à la caisse. Condamné à payer 20M € à la banque Depfa (il lui reste 12M€ à rembourser), le Sidru - Jean-frédéric Berçot n’est plus président depuis le 14 décembre - a expliqué qu’il n’avait pas l’accord des banques. Il faut dire que le dossier est sensible et qu’il va s’épaissir avec l’arrivée d’une seconde affaire : Natixis. Ici, le Sidru pourrait être condamné à payer à la banque, d’ici à la fin 2018, une somme de 44M €. Une paille !

L’etat a donné un mois au syndicat pour payer rubis sur l’ongle. Début décembre, Jean-frédéric Berçot a proposé comme solution au sous-préfet de Saint-germain-en-laye, Stéphane Grauvogel, d’obtenir une avance de 8,7M € de la part de la communauté urbaine GPS & O et de 3,2M € de la part de la communauté d’agglomérat­ion Saint-germain Boucle de Seine. On imagine la tête de Pierre Fond, le président de CASGBS, de Philippe Tautou, le président de GPS & O, ainsi que celle de Pierre Bédier, présent en tant que vice-président de GPS & O et accessoire­ment président du conseil départemen­tal des Yvelines.

« Ils devaient simplement avancer l’argent et le Sidru leur remboursai­t 6M € en 2018 et 6M € en 2019 », explique aujourd’hui Jean-frédéric Berçot.

Philippe Tautou, signé furax !

« Je fais quoi moi ?, fulmine Philippe Tautou. Ça fait des mois que je dis à Jeanfrédér­ic Berçot qu’il n’aura pas l’accord des banques. Les communauté­s urbaines ont transféré la compétence de la gestion des résidus urbains au Sidru. Le Sidru avait pris l’engagement de ne pas augmenter les taux des usagers ni celui des intercos. Aujourd’hui il nous dit «il faut payer». Attendez, on parle de 65 à 70 M € à rembourser (56M € en principe, N.D.L.R.). »

GPS & O voit aussi partir EDF et perdre ainsi 7M € de recettes annuelles. L’affaire des emprunts toxiques tombe mal pour la communauté urbaine.

Selon Philippe Tatou, il va falloir faire vite pour trouver de l’argent et reprendre contact avec des banques. La puissante Caisse des dépôts et consignati­ons aurait dit « peut-être » mais ça ne suffit pas. « On peut aussi vendre l’outil, c’est-àdire l’usine Azalys mais reste à définir son prix. L’autre hypothèse, c’est l’augmentati­on de la taxe sur les ordures ménagères. La question aujourd’hui c’est pas d’être populaire ! »

Sur la vente de l’usine Azalys Jean-frédéric Berçot s’interroge : « C’est un scénario crédible mais l’hypothèse de la session doit se faire à prix correct. L’étude de Michel Klopfer table sur une valeur de 30 ou 40M € (50M € en réalité). Selon moi, Azalys vaudrait davantage, 70M € au minimum. C’est d’ailleurs le prix d’une usine d’incinérati­on près de Troyes (Aube). » Si l’usine est revendue dans le privé, rien n’assure que les prix n’augmentero­nt pas.

Bref, le dossier est très sensible. Lors de la fameuse réunion début décembre, Pierre Fond aurait menacé, selon nos informatio­ns, de faire jouer le cantonneme­nt, c’est-à-dire que seules les communes de la CASGBS appartenan­t au Sidru devraient payer. La réunion houleuse a également tourné autour de la démission de Jean-frédéric Berçot, lequel aurait menacé de Quand le Sidru fait construire la station d’épuration Azalys en 1998, le syndicat obtient un prêt de 13,5 millions d’euros sur 30 ans auprès de la Caisse d’epargne avec un taux de 5,92% par an. C’est la dette propre. Mais il effectue aussi une opération de crédit-bail de 42 millions d’euros. Pour alléger la charge des intérêts sur ce dernier contrat, le Sidru se tourne vers des contrats d’échange de taux d’intérêt (swap). Si un premier contrat conclu avec la Société Générale en 2003 fait gagner de l’argent au syndicat, un second swap est conclu avec la banque Natixis sur un montant de 32 millions d’euros en 2005 à un taux de 5,92 % et paie un taux fixe à 2,40 % et un taux variable plafonné à 14,40 %. Le Sidru va alors tenter de faire baisser le taux d’intérêt de ce présent contrat qui culmine entre 9 et 13 %. C’est vers la banque Depfa qu’il se tourne. Si pendant un an les taux d’intérêt sont de 3,68 %, le taux sur les neuf ans suivants est calculé selon une formule qui reste encore étonnante : 4.68 %+ 1.7 x le différenti­el des taux de change euro/dollar moins le taux de change euro/ franc suisse. Le problème, c’est que le taux de change qui devait être ultra avantageux s’est inversé au détriment du Sidru. Les taux d’intérêt ont atteint 55% ! forcer les intercommu­nalités à lui avancer l’argent. Bref, l’ambiance sentait bon comme dans un bassin de décantatio­n.

Finalement, l’affaire va se jouer en coulisse : dans ce bras de fer, la communauté urbaine va décider de désigner de nouveaux élus au sein du conseil syndical. Cette décision totalement légale a fait entrer des élus opposés à la majorité : Ghislaine Senée et Philippe Geslan. « Tout le monde est concerné même les élus de l’opposition. J’ai voulu une expertise politique du problème », conclut Philippe Tautou.

Cinq autres appartienn­ent à la communauté d’agglomérat­ion Saint-germain boucles de Seine (SGBS) : Aigremont, Chambourcy, Fourqueux, Le Mesnil-le-roi, Saint-germain-en-laye.

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