Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

L’amour de sa fille lui sauve la mise

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Qui a dit que la juge Pascale Humbertmas­sa n’avait pas de coeur ? Souvent tancée pour son manque d’humanité par les avocats et sa propension à incarcérer les condamnés plus qu’à son tour, la magistrate a laissé poindre une corde sensible, le 20 décembre dernier.

Il casse le pouce de son ex et gifle sa petite de 10 ans

Ce jour-là, Rémi (41 ans) était présenté devant le tribunal pour des violences sur son ex-compagne et une gifle sur l’une de ses deux filles, âgée de 10 ans. Depuis la séparation du couple, en 2014, Rémi vient régulièrem­ent au domicile de son ancien amour à Guyancourt pour s’occuper avec tendresse et bienveilla­nce de ses petites. Un peu comme il l’entend d’ailleurs et parfois même avec la bénédictio­n de Claudine (*). Il a ainsi toujours les clés de l’appartemen­t. Pas très sain, pas très clair.

Logé à Achères chez sa mère depuis la rupture, Rémi n’est cette fois pas le bienvenu ce dimanche 19 novembre. Claudine le lui fait savoir. Une dispute éclate. Elle veut le chasser avec ses affaires. Rémi s’emporte et lui saisit le poignet droit pour l’empêcher d’ouvrir la porte. Si violemment qu’il lui casse le pouce et lui retourne le poignet. Direction les urgences.

Comme si de rien n’était, Rémi revient trois jours plus tard. Une nouvelle scène éclate. Claudine est cette fois bousculée et tirée par les cheveux. Irma (*), l’aînée de ses filles, s’interpose, en hurlant. Rémi lui répond avec une gifle. C’est la première fois que le père s’en prend ainsi à son enfant. Claudine décide de porter plainte.

C’est un homme effondré, ravagé par la peur d’être séparé de ses filles, qui s’est présenté le 20 décembre dans le box des accusés. Le visage rongé par la tristesse et les remords, le papa s’est confondu en excuses, demandant encore une fois « pardon ! » à Claudine.

Il savait en effet qu’il jouait gros. Il a déjà été condamné en 2016 à des peines cumulées de 12 mois avec sursis pour des violences commises sur une femme avec qui il a eu une aventure et les enfants de celle-ci. Plus grave : les auditions de Claudine et Irma ont révélé que les accès de violence de Rémi n’étaient pas rares.

Mais il y a aussi de l’amour. Immense ! « Elle m’a demandé de dire encore à son papa qu’elle l’aimait beaucoup ! a raconté à la barre l’administra­trice ad hoc désignée pour défendre les droits de la mineure. Elle demande aussi au tribunal de ne pas envoyer son papa en prison. » À ces mots, Rémi n’a pu réprimer un sanglot. Claudine, derrière ses lunettes, n’est pas non plus parvenue à dissimuler ses larmes.

« N’envoyez pas mon papa en prison, je l’aime beaucoup »

« La prison serait catastroph­ique, a appuyé la défense après avoir entendu la procureure réclamer 18 mois (dont 12 avec sursis) et l’incarcérat­ion de son client. Il est prêt à se soigner. Avec Madame, qui a retiré depuis sa plainte, ils ont mis en place de nouvelles règles pour la garde des enfants. Ça se passe bien. »

Quel détail a emporté la décision du tribunal dans le secret des délibérés ? On peut penser que la parole d’irma a beaucoup pesé. Rémi a été condamné à 12 mois avec sursis et une mise à l’épreuve de deux ans. « Mais attention ! a prévenu la juge Humbert-massa. À la moindre violence, quelle qu’elle soit, vous irez en prison ! »

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