Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Charles Pépin remporte le Prix Elina et Louis Pauwels 2017

- Michel Seimando

Le jury présidé par l’yvelinoise Sylviane Plantelin, a récompensé le philosophe et écrivain Charles Pépin pour son ouvrage Les Vertus de l’échec, paru aux éditions Allary en 2016.

À l’occasion des vingt ans du Prix Elina et Louis Pauwels, le jury, présidé par Sylviane Plantelin, connue en tant que notaire à Saint-germain-en-laye a distingué le philosophe et essayiste Charles Pépin pour son ouvrage Les Vertus de l’échec (Allary, 2016). Le lauréat a reçu son prix le 13 décembre dernier à l’hôtel de Massa. Il succède à Anastasia Colosimo, auteure de l’essai Les bûchers de la liberté (Stock, 2016).

Sylviane Plantelin est ravie : « Je suis très heureuse. C’est le 20e prix décerné par ce jury que je préside. C’est un livre très optimiste. Charles Pépin est un auteur formidable qui parle de l’échec qui est mal perçu en France. Aux Étatsunis, il est considéré comme un booster. On n’est pas un raté quand on a connu une situation d’échec. On peut surtout rebondir. »

Sylviane Plantelin ajoute : « Charles Pépin que nous avons récompensé évoque dans son livre la perception négative de l’échec et invite à un changement de regard sur cette notion. Il évoque le parcours de personnali­tés comme Steve Jobs, Rafael Nadal, Thomas Edison ou encore Barbara. » Philosophe, écrivain et essayiste traduit dans 18 pays, Charles Pépin enseigne la philosophi­e à la Maison de l’éducation de la Légion d’honneur de Saint-denis. Il a notamment publié le roman La joie en 2015 ; Quand la beauté nous sauve, un essai, en 2013 ainsi que Ceci n’est pas un manuel de philosophi­e en 2010. Charles Pépin anime, depuis 2010, « Les lundis philo de Charles Pépin » au MK2 Odéon de Paris et tient une chronique dans Philosophi­e magazine et Psychologi­es magazine.

Doté de 4 575 €, le prix Elina et Louis Pauwels récompense un écrivain francophon­e pour un essai qui manifeste un esprit d’ouverture dans le débat d’idées, faisant place à la morale, l’esthétique, la philosophi­e, la science, la spirituali­té et les questions de société, dans le monde contempora­in ou dans l’histoire.

La problémati­que du livre : et si nous changions de regard sur l’échec ? En France, échouer est une faiblesse, une faute, et non un gage d’audace et d’expérience. Des personnali­tés ont essuyé des revers cuisants avant de s’accomplir. Selon Charles Pépin, les succès viennent rarement sans accroc. Il montre comment chaque épreuve peut nous rendre plus lucide, plus combatif, plus vivant.

Le jury était composé de Sylviane Plantelin, présidente, Jeanclaude Bologne, Dominique Le Brun, Hélène Renard, Marie Sellier, Henriette Walter et Carole Zalberg. Vous êtes le lauréat du prix Elina et Louis Pauwels : une réaction ? Très heureux. C’est l’occasion de former un nouveau regard sur l’échec. Ce prix récompense mon travail et le message que j’ai voulu transmettr­e plus largement dans mon essai Les Vertus de l’échec. Pourquoi l’échec est-il si mal perçu ? L’explicatio­n principale vient de l’école française. L’école est celle de la norme, de l’égalité. À l’élève on doit faire respecter la consigne ; l’élève doit rester docile. On ne sort pas du cadre sinon on est en échec. En mathématiq­ues, matière encore omnipotent­e, le professeur demande qu’on respecte un développem­ent, le sien. L’effet pervers à tout cela, c’est que l’école échoue. Il nous faut sortir du moule pour aller à la singularit­é. C’est la singularit­é qui fait l’égalité. L’échec serait-il proprement humain ? La matière de l’échec est d’abord humaine, en effet. Les animaux réussissen­t. L’araignée qui fait sa toile ne rate jamais et ne connaît pas l’échec. Nous, nous sommes des êtres de culture, de ratage. Comment sortir de l’échec, alors ? Il faut accepter les ratages. Si j’ai raté, ce n’est pas grave. J’ai raté mais je ne suis pas un raté. S’enrichir, c’est gagner en compréhens­ion et gagner en humilité. On s’aperçoit que les individus qui ont de l’empathie ont avant tout échoué. L’échec n’est pas grave parce qu’il nous confronte au réel ou à notre désir profond. Qu’est-ce qui fait réussir alors ? En parlant de l’échec, je définis la réussite. Plus j’aurai connu l’échec, plus je grandirai en réussissan­t. C’est paradoxal parce que la société ne parle que de réussite sans remise en question. Je crois que le doute et la créativité sont les vertus de l’échec. Il faut parler ici de la sagesse de l’échec. Dans mon livre, je parle de Claude Onesta, l’entraîneur des handballeu­rs français. Dès que son équipe gagne, il se sent angoissé. Comment se renouveler pour qu’ils gagnent à nouveau ? C’est l’apologie de la créativité et de l’humilité.

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