Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Le Collectif des crayons : un hymne contre l’oubli

- Florie Cedolin www.youtube.com/ watch?v=t4ghgj-tvua www.facebook.com/lamarchede­scrayons.

Une chanson et un clip pour ne pas oublier, pour que les victimes d’attentat ne tombent pas dans l’oubli, même les anonymes. Marc Isacco, habitant de Maurepas, auteur et compositeu­r, a écrit une chanson, La Marche des crayons, en 2015. Il s’est ensuite entouré d’un collectif d’artistes, le Collectif des Crayons, pour enregistre­r un clip qui fait depuis quelques jours le buzz sur la toile. Sur la page Facebook du collectif, il y a déjà eu plus de 36 000 vues. Autant dire que la chanson plaît. Et pour cause.

Après la marche du 11 janvier 2015

« J’ai écrit et composé la chanson au lendemain de la marche du 11 janvier 2015, raconte Marc Isacco. J’avais bien entendu été bouleversé par les attentats à Charlie Hebdo. Je vais avoir 50 ans, j’ai été élevé à la culture Charlie. Mais ce qui m’a encore plus marqué et déclenché l’envie d’écrire, c’est cette marche. » Ce jour-là en effet, en France comme dans d’autres pays du monde, des millions de personnes défilent dans les rues. Sur les pancartes, l’on peut lire « Je suis Charlie », « Merde à l’obscuranti­sme », « On est tous charlibres », etc.

« Cette marche a en plus eu lieu dans un contexte de polémiques, de tensions et de divisions, poursuit Marc Isacco. Et tout d’un coup, massivemen­t en France et même en Inde ou à New York, les gens sont descendus dans la rue pour défendre les mêmes valeurs. Dans la chanson, j’ai essayé de raconter la vision que j’ai eue de ce moment. Un moment triste mais au cours duquel on a aussi vu de l’humanité, de la légèreté, des gens qui riaient… À l’image de Charlie en fait. »

N’oublier personne

Une mélodie accrocheus­e, un style french-pop, pour un texte qui raconte la marche du 11 janvier mais égrène aussi dans son refrain les personnes décédées, connues ou inconnues : Charb, Wolinski, Cabu, Maris, Elsa, Moustapha, Clarissa, Yoan, Honoré, Yoav, Merabet, Boisseau, Saada, Franck, Renaud, Braham, Tignous.

« La chanson prend aussi le contre-pied d’un certain traitement médiatique de la violence qui a tendance à vedettaris­er les tueurs, finalement connus de tous, alors que leurs victimes restent anonymes, poursuit l’yvelinois. Je me souviens qu’à l’issue du procès Merah, le père de l’une des victimes a dit que personne ne se souvenait du nom de sa fille mais que tout le monde connaissai­t toute la famille du tueur. »

Un collectif d’artistes

C’est après les attentats du Bataclan que Marc Isacco a réuni le collectif d’artistes, amateurs et profession­nels, mélangeant des personnes avec qui il travaillai­t déjà, mais aussi d’autres venus du conservato­ire de musique slave de Bagnolet. Ils sont une vingtaine au total. « Ces personnes ont aussi une histoire ; l’un vient par exemple d’albanie et a connu la dictature ; d’autres la guerre à Sarajevo, etc. Ils ont tout de suite été sensibles à la défense de la liberté d’expression. »

Car le Collectif des crayons, c’est aussi cela. Des lanceurs d’alerte contre l’oubli. « On a peur de rien », conclut la chanson.

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